Algérie

Réda Hamiani, président du FCE, à « Le Quotidien d'Oran » et «MAGHREB EMERGENT» : «La capacité d'écoute chez le gouvernement m'a fait plaisir»



Réda Hamiani a le succès modeste. Le président du Forum des chefs d'enteprise a été le principal interlocuteur du Premier ministre Ahmed Ouyahia lors de la tripartite du 28 mai. Le FCE était «banni» pour avoir critiqué les mesuresde la LFC 2009 et ses conséquences sur l'outil de production en Algérie. Renversement de situation ? Réda Hamiani retient la nouvelle dynamique de dialogue et dit sa confiance pour la suite.

Il y a 18 mois les chefs d'entreprises publiques étaient sommés de quitter le FCE que vous présidez. La tripartite a rétabli le dialogue. Peut-on dire que l'attitude des autorités a changé à l'égard du patronat ?

«Ce que je retiens, en effet, de plus important au-delà des mesures, petites et grandes qui ont pu être prises, c'est le fait qu'une capacité d'écoute s'est manifestée. Cela m'a fait plaisir. Il y a eu la reconnaissance que le climat des affaires était à parfaire. On sentait une volonté très nette de dialogue du côté du gouvernement. Une recherche de la concertation dans l'élaboration des contenus pour rétablir un climat de confiance. Cela met fin à l'unilatéralisme qui a prévalu ces dernières années. Les contacts prévus avec les ministres sont nombreux sur différents sujets. Il s'agira d'échanger sur le rôle respectif des politiques sectorielles. Nous n'avons pas pu aller au fond des choses à l'occasion de cette tripartite qui a plus discuté du détail des mesures qui ont été annoncées».

Quelle est, justement, l'évaluation que vous faites des mesures annoncées à l'issue de la tripartite ?

«Elles ont été mal médiatisées. Je ne vais pas toutes les énumérer, mais insister sur celles qui touchent à l'investissement, c'est-à-dire à l'avenir de la création d'emplois et de richesses. Le gouvernement va instruire les banques pour qu'elle modifie leur culture de la garantie. Il y a un côté excessif dans l'exigence des hypothèques, et autres garanties, aux porteurs de projets qui bloque l'investissement. Il ne sera plus question d'engager le patrimoine de l'entrepreneur. Les banques auront à évaluer leur risque sur la base de la rentabilité interne du projet et sur le retour escompté sur investissement. Il y'a une approche plus avantageuse du délai de maturation des investissements. Pour les crédits de 5 à 7 ans les délais de grâce seront de trois ans et surtout pour des crédits plus importants de 15 ans de maturation, nous nous acheminons vers des délais de grâce de 5 ans avec prise en charge par le Trésor des intérêts intercalaires. Nous avons également obtenu que les dossiers de crédit soient étudiés plus rapidement. Je veux aussi retenir l'essor du capital-risque. Le FNI va s'occuper du financement des gros investissements, et les fonds régionaux viendront dans le capital des PME qui le souhaitent à hauteur de 34% pour ressortir dans le terme des dix ans. L'avantage très appréciable pour les investisseurs est que cet apport en fonds propres se fera sans intérêts. Le fonds public ne prendre pas de plus-value à la sortie du capital des PME».

Vous évoquez l'avenir avec les encouragements à l'investissement, mais des patrons privés attendent des mesures immédiates qui améliorent l'environnement des affaires. Est-ce qu'il n' y a pas eu simple transposition par le gouvernement vers le privé de ce qu'il fait habituellement avec l'assainissement financier des entreprises publiques ?

«Tout d'abord nous sommes au début d'un processus de dialogue. D'autres mesures, fruit de la concertation, vont suivre. Ensuite je ne cache pas que j'ai revendiqué l'égalité de traitement avec le secteur public. Egalité de traitement dans l'affectation des assiettes de terrain, de l'accès au crédit. J'ai dit que nous étions les mal-aimés de l'Etat. Le problème n'a jamais été que les entreprises publiques bénéficient de politiques de soutien de l'Etat mais que le traitement du monde de l'entreprise soit discriminatoire en défaveur du privé. Cela a été bien reçu par nos interlocuteurs qui se sont engagés à amener une symétrie dans les traitements».

Vous allez rencontrer durant deux jours vos homologues français lors du forum d'affaires algéro-français, avez-vous évoqué le statut des IDE durant la tripartite ?

«Oui nous en avons parlé (rire). Je préfère ne pas revenir sur le sujet des IDE tout de suite dans la communication du FCE. C'est un peu compliqué. Je veux surtout rester sur l'acquis important qu'est la mise en route d'un vrai dialogue avec les pouvoirs publics. Nous allons nous revoir en septembre avec une rencontre à contenu plus social.

Il s'agira de traiter des attentes syndicales et de l'organisation du dialogue social dans l'entreprise. Ce sera l'occasion de faire un rapport d'étape sur les travaux des six ou sept commissions qui auront travaillé dans l'intervalle. Il faut être confiant dans cette dynamique. Je suis optimiste pour la suite».




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