Algérie

Recul des libertés en Algérie, selon Amnesty International



Recul des libertés en Algérie, selon Amnesty International
Malgré la levée de l'état d'urgence et la mise en 'uvre de tout un ensemble de réformes, décidées par le président Bouteflika suite aux émeutes de janvier 2011 et autres manifestations à Alger et ailleurs, l'Algérie a encore beaucoup à faire en matière des libertés individuelles et collectives, soutient Amnesty International dans son rapport 2012 sur la situation des droits de l'Homme et les libertés d'expression dans le monde. Lors d'une conférence de presse, tenue jeudi à Alger, le président d'Amnesty Algérie, Ali Yemloul, a insisté sur le caractère inaliénable et indivisible des droits de l'Homme, de manière générale. «Ce sont des droits universels, inaliénables et indivisibles. Il ne s'agit pas seulement d'avoir droit au travail, au logement, mais aussi d'exercer pleinement son droit à la liberté d'expression, de rassemblement.» En Algérie, soutient-il, les textes de loi ne garantissent pas totalement ces droits et «parfois même, ces textes constituent un véritable frein à ces libertés fondamentales. Les dernières lois sur les associations, l'information et les partis politiques en sont un exemple. Nous avons saisi les députés par écrit sur le contenu grave de ces textes mais nous n'avons reçu aucune réponse». De son côté, Mme Fetta Sadat, vice-présidente d'Amnesty Algérie, considère qu'il y a un recul en la matière par rapport aux années précédentes : «Justement, nous considérons qu'il y a un net recul par rapport aux années précédentes. Nous le voyons d'abord dans les textes puis dans l'application.» Dans les deux pages consacrées à l'Algérie (154 et 155), dans un rapport de 361 pages, Amnesty International écrit que «le gouvernement a levé l'état d'urgence en vigueur depuis 1992 mais il a maintenu des restrictions sévères sur la liberté d'expression, d'association et de réunion, ainsi que sur les pratiques religieuses. Les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive pour disperser certaines manifestations et réprimer des émeutes. Plusieurs personnes ont été tuées». Amnesty Algérie considère aussi que «les femmes continuaient d'être victimes de discrimination en droit et en pratique». Restrictions aux libertés syndicales et au travail des ONG : Concernant les libertés syndicales, «des organisations de défense des droits humains ont affirmé que les autorités leur refusaient parfois l'autorisation de tenir des réunions. Des syndicalistes se sont plaints d'être harcelés par les forces de sécurité». La situation est encore plus critique, observe Amnesty Algérie, en ce qui concerne le travail des ONG : «En décembre, le Parlement a adopté une loi sur les associations qui conférait aux autorités des pouvoirs étendus de suspension ou de dissolution des ONG et renforçait encore les restrictions pesant sur l'enregistrement et le financement de celles-ci.» Dans ce rapport 2012, Amnesty Algérie revient également sur le phénomène de la torture et celui des disparitions forcées : «Le gouvernement a autorisé les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur la liberté d'expression et le logement à se rendre en Algérie mais, comme les années précédentes, il n'a adressé aucune invitation au rapporteur spécial sur la torture ni au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, qui sollicitaient pourtant de longue date l'autorisation de se rendre dans le pays.» Aussi, «cette année encore, les autorités n'ont pris aucune mesure pour enquêter sur les milliers de disparitions forcées et autres violations graves des droits humains qui ont eu lieu au cours du conflit interne des années 1990 ni pour faire en sorte que les responsables de ces agissements aient à rendre compte de leurs actes». Un Conseil de sécurité déphasé : Par ailleurs, dans ce rapport de l'année 2012 sur la situation des droits de l'homme et les libertés d'expression dans le monde, Amnesty International a lancé un appel pressant aux gouvernements pour soutenir un traité fort sur le commerce des armes. Un appel qui fait suite à un constat amer d'inadaptation du Conseil de sécurité de l'ONU aux besoins actuels : «Le courage dont ont fait preuve les manifestants au cours de l'année écoulée a été de pair avec les défaillances d'un Conseil de sécurité de l'ONU qui apparaît usé, déphasé et de plus en plus inadapté aux besoins».
K. M.




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