Les débats qui ont parcouru la linguistique ouralienne ces deux dernières décennies constituent un observatoire de premier plan pour évaluer l’apport aussi bien que les apories du postmodernisme. En se voulant antipositiviste et constructiviste, cette posture de recherche entreprend de déconstruire les grandes narrations de la linguistique comparative, comme les autres constructions des sciences sociales modernes ou des « humanités ». On passe ici en revue les arguments avancés contre la méthode comparatiste en linguistique historique : l’hypothèse monogenétique, la reconstructibilité séquencée, la localisation et la datation de la proto-communauté linguistique, la reconstruction descendante ou rétrospective, la persistance des conservatismes et des innovations, la systémicité et la régularité des changements phonétiques, la complexité morphologique de la proto-langue. Autant de présupposés insuffisamment fondés, selon la critique postmoderniste, qui oppose à ce positivisme idéaliste une autre forme de (post)positivisme quantitatif. On montre que, si ces critiques des prémisses de la linguistique diachronique constituent une problématisation légitime, et qu’elles sont dotées d’un fort caractère heuristique dans l’absolu, le débat se trouve cependant biaisé par un aveuglement méthodologique : les critiques postmodernistes manquent de connaissances en linguistique générale, théorique et formelle, en linguistique diachronique et en histoire des méthodes (pas seulement des idées) linguistiques, pour atteindre un niveau critique satisfaisant. Leurs questions n’en restent pas moins pertinentes, en tant que précautions de méthode. D’autres écueils cependant émergent de la critique postmoderniste : la fétichisation des dynamiques de contact et de la dimension interactionniste, sans se donner pour autant les moyens d’en évaluer le fonctionnement et la complexité, et avec le risque de tomber à son tour dans le piège d’un essentialisme, pourtant tant redouté.
Les débats qui ont parcouru la linguistique ouralienne ces deux dernières décennies constituent un observatoire de premier plan pour évaluer l’apport aussi bien que les apories du postmodernisme. En se voulant antipositiviste et constructiviste, cette posture de recherche entreprend de déconstruire les grandes narrations de la linguistique comparative, comme les autres constructions des sciences sociales modernes ou des « humanités ». On passe ici en revue les arguments avancés contre la méthode comparatiste en linguistique historique : l’hypothèse monogenétique, la reconstructibilité séquencée, la localisation et la datation de la proto-communauté linguistique, la reconstruction descendante ou rétrospective, la persistance des conservatismes et des innovations, la systémicité et la régularité des changements phonétiques, la complexité morphologique de la proto-langue. Autant de présupposés insuffisamment fondés, selon la critique postmoderniste, qui oppose à ce positivisme idéaliste une autre forme de (post)positivisme quantitatif. On montre que, si ces critiques des prémisses de la linguistique diachronique constituent une problématisation légitime, et qu’elles sont dotées d’un fort caractère heuristique dans l’absolu, le débat se trouve cependant biaisé par un aveuglement méthodologique : les critiques postmodernistes manquent de connaissances en linguistique générale, théorique et formelle, en linguistique diachronique et en histoire des méthodes (pas seulement des idées) linguistiques, pour atteindre un niveau critique satisfaisant. Leurs questions n’en restent pas moins pertinentes, en tant que précautions de méthode. D’autres écueils cependant émergent de la critique postmoderniste : la fétichisation des dynamiques de contact et de la dimension interactionniste, sans se donner pour autant les moyens d’en évaluer le fonctionnement et la complexité, et avec le risque de tomber à son tour dans le piège d’un essentialisme, pourtant tant redouté.
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Posté Le : 14/09/2021
Posté par : einstein
Ecrit par : - Léonard Jean Léo
Source : Aleph Volume 2, Numéro 3, Pages 11-44