Installée confortablement devant sa table, durant la 25éme édition du Salon international du livre d'Alger, qui vient de s'achever, et ce, pour signer son récit autobiographique qui allie l'hisoitre personnelle à la grande hisoitre, Ferroudja Ousmer a consenti de nous parler de son livre paru aux EditionS Koukou. Bien qu'elle en parle comme si c'était un livre d'aventures ayant été vécu par une tierce personne, la narratrice parvient à capter notre attention avant de lâcher au final que c'est sa propre histoire qui se trouve dans ce livre, vendu au prix de 600 DA. «Dans ce livre il y a trois grandes fresques.» nous indique t-elle d'emblée. Et de poursuivre: « Le personnage principal s'appelle Lolodj. Elle va parler de la guerre d'Algérie, mais en réalité, elle n'avait qu'un an. Elle va parler par ouï-dire de la guerre d'Algérie. Elle va parler à travers les larmes de sa grand-mère, ce que lui avait raconté son grand frère. Elle va grandir. Apres l'indépendance, elle aura son bac. Elle sera confrontée à tous ses frères. Elle perdra son père. Elle subira les ordres de ses frères, du genre: «Ne t'habilles pas comme ça! Tu n'iras pas à la fac!..» Et de souligner: « À l'époque il n' y avait pas d'université dans les années 1970. Il fallait se déplacer à Alger, ce qui n'était pas évident pour une fille qui n'a jamais quitté les confins de sa Kabylie». Et de citer la deuxième trame de son roman:« Il y a aussi l'histoire de l'affaire l'Oiseau bleu, qui est connue. Elle va découvrir que son oncle est l'inspecteur qui a été l'une des pierres angulaires de l'affaire de l'Oiseau bleu. Ayant eu vent de cette histoire, il va écrire une lettre à son frère et quand Lolodj arrivera à la retraite et qu'elle rediscutera avec son frère de cette histoire, le fait qu'il ne l'ait pas laissée aller à l'université, il va lui dire que ton oncle m'a laissé une lettre que j'ai gardée et il va lui ressortir cette lettre, jaunie par le temps, qu'elle va l'écrire ici...» Notre auteure s'interrompt un moment avant de poursuivre: «C'est aussi le combat d'une femme pour exister dans une société patriarcale. Finalement cette fille, elle va faire des choses qu'elle n'aura pas imaginées, même dans ses rêves les plus fous. Elle est là, elle est écriviane, oui c'est ma vie. Vous y allez découvrir pas mal de choses...» nous dit -elle avec le sourire avant de nous confier à nouveau cet anecdote qui lui tient à coeur et qui l'a bouleversée.
«Quand j'étais à l'université, Il y avait en contrebas, une belle galerie d'art de photos de Abdeslam Khelil, un grand photographe qui faisait des photos en noir et blanc.». Petite halte de respiration puis de souligner: « La dernière fois, Barzakh avait posté une publication qui parlait de ce photographe qui existe toujours, mais qui est très malade....j'ai donc commenté le post.
La fille de ce photographe a lu mon commentaire.
Actuellement elle expose les photos de son père aux USA parce qu'elle vit là- bas. Elle s'apelle Rym khelil. Comme je l'ai évoquée dans mon récit, l'amie de cette fille lui a envoyé le passage de mon livre ou je parle de son père et voila que cette histoire me revient comme un boomerang, 40 ans ou 50 ans plus tard... Sa fille me contacte et me demande alors de lui écrire quelque chose sur cette galerie...j'ai eu la chair de poule! J'ai été toute retournée. C'est la magie de l'écriture». Incontestablement oui. Car il y a des histoires comme ça inachevés qui restent.
Un livre qui ne manquera pas en tout cas de marquer l'esprit du lecteur. Voici donc le récit d'une jeune fille kabyle prise dans le tourbillon de la guerre et de l'aprés-guerre.
Un récit qui convoque la mémoire individuelle et collective, avec en filigrane, le combat d'une jeune fille, déchirée entre rêve de modernité et pesanteurs des traditions, pour exister dans une société patriarcale.
A lire donc!
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Posté Le : 03/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com