Algérie

Récit authentique. l?énigme Mehdi K.


... Les confessions d?un ancien opposant condamné à la peine de mort A Oran, j?ai revu l?une des taupes, un certain Ali. Il nous suivait, moi et deux autres camarades de lutte, Ahmed et Hocine, à bord d?une Renault 4, alors qu?on s?affairait à convoyer nos tracts à Constantine ». Les opposants, à l?image de Mehdi, enfourchaient de nuit des motos, de grosses cylindrées, pour sillonner les villes de l?intérieur du pays, escortés discrètement par des véhicules banalisés. Oued Nachef, l?ombre de Tazmamart Maghnia, 1985, un matin à l?aube. On frappe à la porte de Mehdi. Ce dernier fuit par la fenêtre du troisième étage. Ses voisins se rappellent que cette fuite avait ébranlé tout le quartier Matemore. Beaucoup de voisins, des jeunes particulièrement, ont été embarqués et sévèrement interrogés. De mémoire de maghnaoui et dans le contexte de l?époque, un simple graffiti griffoné sur un muret évoquant Ben Bella, valait des représailles à tout le voisinage. « J?ai atterri à Oujda avec Mohamed l?Oranais, un compagnon lui aussi responsable régional du MDA. Grâce à l?argent du parti, on a acheté une maison dans cette ville de l?est marocain. Le lendemain, nous avons été embarqués par les services secrets de sa majesté et mis dans des geôles » dit-il rapidement, comme s?il ne désirait pas trop s?attarder sur cet épisode « Je ne peux pas tout dire mais, on nous a relâchés à la faveur de l?entente qui s?était conclue entre les gouvernements libyen et marocain au détriment de l?Algérie ». Autant dire qu?ils avaient bénéficié de la bénédiction de Ben Bella, du Makhzen et des responsables du pays de Kadhafi « Ils avaient un ennemi commun » explique-t-il. Mehdi reconnaît que les services secrets du roi étaient au courant de la présence des opposants algériens sur leur sol. « Ils nous laissaient tranquilles et fermaient les yeux sur nos déplacements clandestins. Cependant, cette bienséance n?était pas gracieuse : ils voulaient nous utiliser, nous récupérer, comme on dit. En fait, ils voulaient faire de nous des agents doubles. D?ailleurs, le colonel de leur DST, un certain Hadj el Fassi, dans une villa à Oued Nachef, m?avait directement proposé des armes et des camps d?entraînements pour notre groupe. Il avait insisté pour qu?on abandonne Ben Bella, en échange de beaucoup d?avantages. Je lui avais rétorqué que je n?étais pas contre mon pays, mais contre son régime. Après d?âpres pressions, de menaces musclées et devant mon obstination, on m?avait mis dans des caves pour plusieurs jours, et à chaque fois, ce colonel et ses sbires revenaient à la charge » Mehdi est libéré « tactiquement » comme il le dit et en profite pour quitter le royaume, via l?Espagne, avec un faux passeport. Le militantisme continuait au Maroc quoique difficilement. Houria, alias Cathy « A Alicante, j?ai fait connaissance d?une certaine Cathy, qui avait pignon sur rue à Bénidorm, Santa Paula et Alicante (des biens immobiliers et mobiliers importants) Elle était la veuve d?un haut cadre algérien. Des gens huppés venaient chez elle : des opposants algériens, des responsables espagnols et même algériens. J?avais vite deviné que cette femme n?était pas claire. Un jour, elle m?avait proposé de convoyer une grosse somme d?argent en dinars algériens pour une société espagnole installée à Maghnia (nous tairons le nom de la société). J?ai carrément refusé. Je soupçonnais cette femme de rouler pour des causes suspectes, dangereuses. Je le lui avais dit et j?ai failli le payer cher ». Il n?en dit pas plus. Mehdi part à Paris pour une mission : recruter et former de nouveaux militants en France d?abord, puis dans d?autres pays d?Europe. Il échappe à trois attentats dont il garde toujours les séquelles. Il nous montre son ventre sur lequel des traces de balles sont toujours visibles. Il est rentré au pays en 1989, après avoir reçu des garanties, quant à un procès juste et impartial. « C?était l?année du multipartisme et de la libre expression, rappelez-vous ? « Dès que j?ai posé le pied sur le sol algérien, on m?a embarqué, jugé et écroué à Serkadji. J?ai purgé une année avant de retrouvrer ma liberté en 1990. Las de tout, j?avais décidé de mettre fin à mes activités politiques, malheureusement en 1992, la période du FIS, j?avais revécu le lot des enlèvements de nuit. Tout ce qui se passait dans la région, on me l?endossait. Aux yeux des services, j?étais toujours le meneur, le fauteur de troubles? » Mehdi vivra, par la suite, la descente aux enfers? (A suivre)
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