Réciprocité des inquiétudes

Lequel des deux pays peut vraiment constituer une source d'inquiétude pour l'autre, l'Algérie ou Israël ' La question ne se pose pas pour le chef de la diplomatie israélienne, qui a laissé entendre devant les médias, le 12 août dernier, lors de sa première visite au Maroc depuis la normalisation des relations entre les deux pays, que c'est l'Algérie qui constitue une source d'inquiétude pour Israël. Et, pas seulement, car le concerné a confié avoir abordé avec son homologue marocain « leurs inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine ». L'Algérie est, ainsi, non seulement source d'inquiétude pour Israël mais également pour le Maroc, selon le chef de la diplomatie israélienne. Un glissement ou un prolongement qui ne peut être malhabile dans la bouche d'un diplomate, aggravant les suspicions dans la région et montrant clairement le rôle qu'entend jouer Israël dans le façonnement de la diplomatie au Maghreb arabe et plus loin encore une recomposition de la géopolitique sur le continent africain, comme le constatent plusieurs observateurs. Enfin, plus près de nous, cela a le mérite, surtout, de clarifier la situation des relations entre les deux voisins et dévoiler que la « main tendue » du Roi n'est pas du tout sincère, comme il le laisse croire. Ces inquiétudes sont également exprimées par l'Algérie, qui n'a jamais vu d'un bon ?il l'installation des israéliens près de ses frontières, dans un pays qui ne lui veut pas que du bien. Que peut-on attendre de son voisin quand on le considère comme source d'inquiétude ' Plus que le Maroc et Israël, l'Algérie doit doublement s'inquiéter. La présence de deux Etats hostiles à ses frontières, car Israël ne va pas se contenter d'un rôle d'observateur, ne peut que pousser à redoubler de vigilance. Maintenant, si on voit de plus près ce qui cause ces inquiétudes de part et d'autre, on arrive à la conclusion que l'Algérie fait figure de trouble fête dans un environnement où les deux « inquiets » pays sont dérangés dans leur ?uvre d'occupation et d'exploitation de territoires étrangers à leur profit. La défense des causes palestinienne et sahraouie n'est pas une nouveauté en soi pour pousser à l'inquiétude, maintenant, israéliens et marocains, tout autant les très anciennes bonnes relations entre l'Algérie et l'Iran, que cache alors cette sortie du chef de la diplomatie israélienne à partir du Maroc ' En vérité, israéliens et marocains sont mal à l'aise ou s'inquiètent du rôle de plus en plus prépondérant de l'Algérie sur l'échiquier diplomatique international. Aujourd'hui, avec le réveil de sa diplomatie, l'Algérie dérange les mauvais desseins de ces deux pays, qui ont prouvé des rapprochements intimes dans les points de vue de leurs politiques étrangères.