«Il reste beaucoup à faire si nous voulons avoir un accord durable, juste
et équitable», estime l'ambassadeur du Royaume-Uni à Alger, à une cinquantaine
de jours de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique.
C'est un véritable cri d'alarme qu'Andrew Henderson a tenu à lancer hier
à partir du siège de l'ambassade de la Grande-Bretagne à Alger à propos des
terribles effets du réchauffement climatique sur la planète Terre. «Nous sommes
très conscients qu'il reste près de 45 jours à la réunion de Copenhague mais
qu'il reste beaucoup à faire si nous devons avoir un véritable accord», a-t-il
dit lors d'un bref débat sur la question qu'il a organisé au siège de son
ambassade. Son service de presse a pris le soin de distribuer aux journalistes
présents des écrits et une carte géographique soulignant l'incidence de ce
réchauffement planétaire au cas où il atteindrait 4 degrés Celsius. Au passage,
l'on relèvera que l'Algérie fait partie d'une zone où ce réchauffement mettra
en péril tous les domaines de l'activité humaine par, entre autres, la
diminution des ressources en eau, l'élévation du niveau de la mer, en passant par une diminution drastique des
rendements agricoles, l'enregistrement de hausses de température et les risques
élevés de feux de forêts. Il faut dire que l'Algérie fait partie d'un continent
qui en sera le plus affecté. «La Grande-Bretagne est consciente que l'une des
régions les plus vulnérables, c'est l'Afrique, surtout celle subsaharienne,
alors qu'elle n'y a pas contribué», confirme Mohamed Amimour, chargé auprès de
l'ambassade britannique des affaires climatiques et énergétiques. Il en parle
avec une grande conviction d'autant qu'il revenait de Londres où il avait
participé le 22 octobre dernier à la présentation de la carte en question par
le gouvernement britannique. Ce sont le ministre britannique des Affaires
étrangères et celui de l'Energie et du Climat ainsi qu'un spécialiste, qui ont
pris cette initiative en vue de sensibiliser sur la gravité de la situation.
«Nous ne pouvons pas vivre dans un monde dont la température moyenne aurait
augmenté de 4 degrés Celsius (...). Cette carte illustre clairement l'ampleur
du défi à relever. Pour s'attaquer aux problèmes du changement climatique, nous
tous (...) devons travailler ensemble pour maintenir la hausse de la
température moyenne mondiale en deçà de 2 degrés. C'est la seule façon pour
réduire les immenses risques sécuritaires qui seraient induits par une hausse
de 4 degrés», a affirmé ce jour-là , David Miliband, le MAE du Royaume-Uni.
«La situation est assez grave»
Andrew Henderson souligne que «la carte a été élaborée sur des données
scientifiques qu'on a recueillies dans tous les coins du monde, je ne sais pas
si elles sont contestées ou non mais nous avons confiance en ces données.»
Mohamed Amimour note que «l'exercice qui a été fait par les responsables
britanniques, c'est d'avoir compilé toutes ces données de partout.» Il rappelle
en outre, que ce dossier fait l'objet de discussions au Nations unies depuis
1992 et «tous les scientifiques du monde même ceux algériens sont d'accord: une
augmentation substantielle de la température a des impacts désastreux.» Il
estime «la situation (est) assez grave, c'est pour cela que la Grande-Bretagne
veut attirer l'attention du monde.» Pour lui, «si on ne fait rien, ces
conséquences nous obligeront à leur consacrer 20% du PIB alors qu'on peut payer
juste 1%», renchérit-il. «Le changement climatique est un problème mondial qui
appelle une solution mondiale et cette solution est à notre portée», avait
souligné à Londres le MAE. Amimour note que les 2 degrés Celsius que la terre
ne doit pas dépasser «n'est pas une référence britannique mais internationale
et consensuelle». Il explique surtout que «la négociation à Copenhague doit
être équitable, tous les pays, qu'ils soient développés ou émergents, doivent
participer d'une manière effective et efficace. Il faut délimiter les
responsabilités pour pouvoir réagir comme il se doit.»
Les trois 20 qui sauveront l'humanité
Il pense que «technologiquement, le monde a les moyens de combattre le
réchauffement climatique.» Il estime qu'il faut pour cela «rendre les solutions
retenues efficaces à l'horizon 2020.» Il faut ainsi appliquer rigoureusement ce
qu'il a appelé les trois 20. «Réduire de 20% les émissions de carbone, réduire
de 20% la consommation de ce qui les provoque et réduire de 20% les gaz à
effets de serre», affirme-t-il. «Les pays industrialisés ont leur
responsabilité mais tout le monde est impliqué, tout le monde doit jouer un
rôle. Il faut absolument qu'on arrive à un partenariat très sérieux entre
l'ensemble des pays du monde. C'est un grand défi des pays producteurs de
pétrole mais il l'est aussi pour les consommateurs, il faut absolument
encourager les énergies renouvelables», indique pour sa part l'ambassadeur.
Amimour ajoute aussi que «les pays émergents sont de plus en plus responsables
du réchauffement en s'industrialisant et par l'augmentation de leurs
populations.» Il conforte l'ambassadeur en affirmant qu'«il faut augmenter
l'utilisation des énergies renouvelables de 20%. La Grande-Bretagne en est
consciente parce qu'au niveau de la politique locale, elle a pris des décisions
politiques de taille. En plus, les peuples ont pris conscience du danger, ils sont
prêts à aider leur gouvernement. Il faut les sensibiliser davantage.»
L'ambassadeur fait savoir que les Anglais cherchent «toujours les systèmes les
plus efficaces pour éviter les émissions. On a d'ailleurs changé notre système
d'éclairage.» Houda Ghediri, sa chargée de la communication, rappellera que «la
construction de la nouvelle ambassade britannique à Alger a été faite avec des
matériaux écologiques, elle a même placé des panneaux solaires.»
Henderson empreint ses propos d'un optimisme grandissant et pense même
qu'avec l'arrivée de Barak Obama à la Maison Blanche «les Etats-Unis pourraient
adopter une nouvelle approche sur ce dossier.» Pour lui aussi «c'est dommage
que l'Union pour la Méditerranée ne marche pas parce qu'il y a de grands
projets dans ce cadre qui reposent sur les énergies renouvelables.» Amimour
fait un rêve à haute voix, celui «d'arriver à une économie décarbonisée. C'est
possible !». Sa référence à cet effet, celle-là réelle: «L'Algérie est
concernée par l'épuisement des énergies fossiles», dit-il. Entendre donc, elle
est tenue de réfléchir sérieusement à la promotion et l'utilisation des
énergies renouvelables. C'est l'un des points qui devraient figurer dans
l'accord devant être conclu dans près de deux mois à Copenhague. Un accord que
l'ambassadeur veut «durable, juste et équitable.» Ceci est son voeu.
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Posté Le : 26/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com