Algérie

Recettes dépassées...



Encore une semaine de télévision nationale « quelconque » avec un programme qui semble répétitif. Rien d'intéressant, en fait, qui puisse retenir l'attention. Les émissions sur lesquelles l'Unique a misé pour maintenir son audience auprès des téléspectateurs algériens paraissent aujourd'hui à bout de souffle, du moins donnent l'impression d'avoir atteint leur limite. Certes, c'est bientôt les vacances, période consacrée de la... déconcentration, mais tout de même quand on s'installe à ce point dans la routine, on finit par admettre que c'est l'esprit créatif et la rigueur dans le travail de fond qui, finalement, manquent le plus à nos réalisateurs et producteurs versés notamment dans la catégorie divertissement.On peut citer pas mal d'émissions qui avaient au début de l'aventure réussi, un tant soit peu, à séduire le public grâce à leur fraîcheur et à une certaine insolence dans la recherche émotionnelle, mais qui, quelques années plus tard, ont vu la courbe de leur audimat stagner de manière très perceptible quand elle ne chute pas ostensiblement. On n'a pas besoin, ici, d'avoir recours à des études spécialisées en matière de sondage d'opinion pour mesurer cette perte d'audience qui reste une évidence profondément ressentie à partir du moment où de l'autre côté de l'écran on préfère zapper plutôt que de subir un programme qui devient moins attractif, difficile à consommer...Les téléspectateurs algériens qui ne sont pas plus exigeants que d'autres, ni plus intelligents ni plus naïfs, savent faire la différence entre un produit qui fait de l'effet et un autre qui devient au fil du temps comme un rituel pour meubler la grille. Entre un produit qui doit être intrinsèquement professionnel et un autre qui reste dans ses contours très amateur, il y a peu de chance de se tromper.Pour être plus terre-à-terre, lorsqu'une émission ne fait pas parler d'elle dans les chaumières, c'est sûrement un signe que son passage ne laisse aucune trace sinon celui d'être incolore et inodore. Si elles étaient économiquement incluses dans le registre de l'investissement productif, des émissions comme Saraha Raha, Quaâda, Fen Bladi ou Djazaïr Show, par exemple, pour ne citer que celles qui font, en quelque sorte, la vitrine du divertissement de notre télé, auraient depuis longtemps remisé leurs ambitions compte tenu des parts importantes de marché qu'elles ont perdues. Comparées à des émissions de la même veine réalisées chez nos voisins ou dans les pays du Golfe, les nôtres, si elles avaient fait illusion à leur lancement, tiennent à présent difficilement la route.De conception très approximative, avec souvent un personnel d'animation ne possédant pas toujours la maîtrise technique ni le niveau professionnel inscrits dans les normes universelles, la production algérienne, en vérité, demeure très marginale dans le ghota télévisuel international. La raison de ce déficit est certainement étroitement liée à un double facteur. Matériel d'abord : si ailleurs, la qualité qu'on veut omniprésente a un coût, en Algérie, on continue malgré une manne publicitaire non négligeable à foncer sans se donner réellement les moyens de sa politique. L'Unique qui régente à sa guise le petit écran, veut souvent voir grand avec un budget qui, sous d'autres cieux, prêterait à rire. De plus, pourquoi se soucier de la qualité ou de la rentabilité quand la concurrence (locale s'entend) est nulle. A ce titre, l'évocation des parts de marché ne correspond pas à la réalité économique de notre système télévisuel qui continue de fonctionner comme au bon vieux temps du régime socialiste où tout était centralisé et régi par l'Etat. Ce système s'identifie à une lourde machine bureaucratique qui laisse, en fait, peu de place au talent véritable de s'exprimer.Facteur de la formation ensuite, sachant que pour animer une émission de télé en Algérie il ne faut pas avoir un profil particulier, voire une spécialisation singulière pour affronter le grand public. Sans vouloir tomber dans la généralisation, disons que certaines figures, auxquelles on s'est habitué par la force des choses, manquent terriblement de présence à l'écran. Les critères de sélection étant ce qu'ils sont, ces animateurs (et animatrices) ont dû faire leur chemin sur la base d'une expérience personnelle et d'une volonté de perfection qui est à leur honneur. Mais est-ce suffisant pour donner de la hauteur à une émission, qu'elle soit culturelle, sportive ou économique ' En tout état de cause, nos émissions sont à l'image du personnel qui les dirige. A défaut de se faire distinguer par une touche professionnelle, selon les tendances universelles en cours dans le monde de la télévision, elles se nourrissent d'un sentimentalisme de bon aloi comme recette principale pour tenir la barre. Sauf que les recettes d'hier sont complètement dépassées, et cela on ne veut pas le comprendre.


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