Algérie

Recadrage et réhabilitation



Le recadrage du champ médiatique n'échappe pas au traçage des nouveaux contours de la nouvelle République. La présidence de la République entame, dans cette optique, une nouvelle ère en matière de communication à travers deux premières initiatives, l'une portant sur la nomination, dimanche 29 décembre 2019, de M. Belaïd Mohand Oussaïd en tant que ministre conseiller à la communication, porte-parole officiel de la présidence de la République et la seconde concernant l'information officielle, qui sera désormais rendue publique à travers des communiqués de la présidence de la République publiés par l'Agence Algérie presse service (APS).Bien que personne n'ait trouvé à redire au sujet de la première initiative, celle de la nomination d'un porte-parole officiel de la présidence de la République, qui augure d'une nouvelle tradition sur le plan des relations entre les médias et la présidence de la République, avec des briefings périodiques qui offriraient aux professionnels d'être en contact direct d'une source officielle et à la présidence de fermer la porte à la rumeur en donnant aux citoyens une information limpide, la seconde initiative a, par contre, semé l'inquiétude dans son sillage. Il n'y a pas plus normal que de vouloir réhabiliter la vocation du service public dans le secteur de l'information, appelé à avoir l'exclusivité dans la publication de l'information officielle, mais la fermeté du ton qui enveloppe la nouvelle a été prise par certains comme une menace sur la liberté de la presse et une atteinte au droit du citoyen à l'information, notamment lorsqu'on a cru nécessaire de souligner que les informations diffusées à travers tout média ou plateforme de communication au titre de scoop ou dans le but de faire accroire à l'opinion publique à une proximité de la source d'information sans respect des lois de la République et des règles de la déontologie exposeront leurs auteurs aux peines prévues par les lois de la République. Des lois de la République que nul n'est censé ignorer.
Peut être, donc, pour éviter tout amalgame, on aurait été mieux avisé de s'en tenir à la seule remarque qui laisse entendre que « toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et la désinformation ». D'autant que la présidence de la République veut instaurer de nouvelles coutumes, sans s'écarter du principe de l'échelle des valeurs, selon la pratique dans les pays démocratiques, dont «l'accréditation prochaine de journalistes de différents médias pour la couverture des activités présidentielles, sans distinction ou exclusion aucune». Il est quasi certain que les nouvelles orientations dans le domaine de l'information officielle ferment la porte aux nouvelles qui se réfèrent plus à la rumeur et aux sources non identifiées, chose qui ne serait pour plaire aux adeptes du sensationnel qui veulent faire croire qu'ils sont près du secret des dieux plus que tout autre journaliste.
Bien sûr, certains médias, qui bénéficiaient du privilège de l'exclusivité de l'information officielle qui leur tombait sous la main avant que l'APS ou l'ENTV ne soient mis au parfum, ne peuvent qu'être déçus par la nouvelle tendance. En tout état de cause, il serait hâtif de tirer des conclusions sur les contours de la nouvelle stratégie de communication officielle. Car, d'une part, le secteur public de l'information, longtemps tenu dans un état léthargique, doit faire ses preuves de compétitivité et, d'autre part, la volonté des autorités de jouer la carte de la transparence sera mesurée ou jugée à l'aune de sa sincérité.


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