Les ambitions de l'Algérie en matière de production agricole sont très importantes et n'ont d'égales que les ambitions, mues en projet, de concrétisation d'une certaine sécurité alimentaire que sous-tendent les enjeux politique et économique, à savoir la préservation de la souveraineté alimentaire de l'Algérie et l'affranchissement économique par rapport aux importations. L'agriculture, secteur focalisant ces dernières années l'attention des pouvoirs publics et qui fait l'objet d'une politique soutenue de développement, a fait le bilan très attendu de la saison moisson-battage 2010-2011. On est 15 millions de quintaux loin du record de la saison précédente qui avait psychologiquement fixé un repère pour les responsables du secteur, mais ces mêmes responsables le savaient, qui disaient, par anticipation, que la saison 2009-2010 était une saison exceptionnelle et que les chiffres qui établissaient ce record ne trouvaient pas sur le terrain agricole des raisons structurelles pour devenir un acquis définitif. Cela dit, 45 millions de quintaux reste un bilan relativement positif. D'ailleurs, les raisons de cette baisse de performance ont été identifiées et expliquées, qui ont consisté dans la sécheresse et la faible utilisation des engrais. Cela concernant la région-Ouest, alors qu'à l'Est le bilan est très positif et les prévisions très prometteuses pour la saison prochaine. Quoi qu'il en soit, et quelles que puissent àªtre les performances du secteur en matière de production céréalière en particulier et agricole d'une manière générale, l'enjeu de pérennisation des conditions de performance reste capital, qui demeure tributaire du processus de développement engagé qui, tout en alignant chaque année les acquis, continue de recenser très objectivement les lacunes et les insuffisances en vue de leur prise en charge, selon leur complexité, sur le moyen ou le long terme.ENTRE CULTURES CÉRÉALIÈRES…Les ambitions de l'Algérie en matière de production agricole sont très importantes et n'ont d'égales que les ambitions, mues en projet, de concrétisation d'une certaine sécurité alimentaire que sous-tendent les enjeux politique et économique, à savoir la préservation de la souveraineté alimentaire de l'Algérie et l'affranchissement économique par rapport aux importations. Le développement soutenu de la l'agriculture, les facilitations accordées aux acteurs du secteur, les réajustements législatifs qui révisaient les conditions d'acquisition et d'accès à la terre, la mobilisation des crédits et autres formes de subventions et d'assistance, etc., n'étaient pas sans donner le ton à une politique où le sursaut de l'agriculture, toutes filières confondues, apparaissait comme l'une des plus grande priorités. Mais on est en droit de se poser une question qui a trait à certaines réalités et qui interroge ces mêmes réalités. Jusqu'où l'Algérie peut-elle aller en matière de performances de production dans la filière céréalière ' C'est connu, le réchauffement climatique ainsi que la position de l'Algérie en tant que pays semi-aride contraignent et conditionnent toute politique agricole, posant le stress hydrique comme une donne de base structurante avec laquelle il faut compter pour déterminer le genre d'agriculture que nous devons avoir en Algérie, ainsi que les cultures qu'il nous faut privilégier aux dépens d'autres, dont les compléments, moyennant l'exportation des surplus dans les autres produits agricoles, peuvent àªtre importés. Mais pour des raisons de sécurité alimentaire, des produits aussi stratégiques que les céréales doivent faire l'objet d'un effort constant de performance de production même si l'objectif d'autosuffisance demeure lointain.… ET CULTURE DE CONSOMMATIONL'Algérie fait partie, avec le Maroc et la Turquie, des trois nations qui consomment le plus de céréales au monde. D'ancrage méditerranéen plusieurs fois millénaire, cette culture de consommation des céréales a pourtant connu dans les autres pays du Bassin une diminution importante au point de transformer certaines populations sud-européennes en consommateurs ordinaires de céréales. Le niveau et le mode de vie ainsi que le développement extraordinaire de l'industrie agroalimentaire ont pu transformer les habitudes alimentaires dans ces pays, induisant un rééquilibrage et une plus grande diversification dans le panier alimentaire et ménageant, une place ordinaire aux céréales dans la table méditerranéenne. L'Algérie, comme d'ailleurs les deux pays évoqués plus haut, connaît des mutations économiques et sociales très rapides ces dernières années ; ce qui la rend perméable à de nombreuses transformations et changements, notamment dans la structure de consommation alimentaire qui tendrait, le temps aidant et les conditions de vie urbaine aussi, à laisser une plus grande place aux autres aliments aux dépens des produits à base de céréales et, à leur tête, le pain. Une enquête démontrerait facilement d'ailleurs que les jeunes familles algériennes consomment de moins en moins de céréales.L'EAU AU CENTRE DE TOUT…Dans des pays où il faut impérativement desservir les villes en AEP, l'agriculture n'a pas droit à l'irrigation. Cette sentence n'est pas absolue, mais elle a tendance à fixer des priorités que l'Algérie a dû gérer pendant longtemps, lorsque le stress hydrique et la problématique des infrastructures dictaient leur loi. Aujourd'hui, la situation est autre, laissant entrevoir des possibilités nouvelles. La mobilisation des eaux non conventionnelles doublée d'une politique inédite de développement des infrastructures hydraulique ont non seulement permis d'envisager la stress hydrique, qui structure le climat algérien, avec plus de sérénité, mais également de concevoir une politique d'irrigation rationnelle fondée sur la récupération des eaux usées recyclées et des eaux sauvages des oueds. …MAIS ELLE N'EST PAS TOUTQuand on envisage l'irrigation des terres, on a forcément en vue ce que cette démarche a de structurant, notamment en termes de rationalisation et de valorisation économique de l'eau, de choix des techniques et de taille des terres ainsi destinées à l'irrigation. Irriguer est par ailleurs un acte culturel qui suppose des acquis en termes de maîtrise agricole qu'on ne peut imaginer un agriculteur irrigant qui ne se serve du savoir scientifique, qui n'intègre pas les enjeux du rendement et qui ne sache utiliser de façon raisonnée engrais et fertilisants. Une agriculture moderne, irrigable, est à ce prix.
Posté Le : 27/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Par Madjid Bekkouche.
Source : www.horizons.com