Algérie

Rebonds - De Tunis au 2e Sommet économique arabe : Diagnostic d'un malaise partagé



Rebonds - De Tunis au 2e Sommet économique arabe : Diagnostic d'un malaise partagé
Le départ précipité de Tunisie du président Zine El Abidine Ben Ali, après plusieurs semaines de soulèvements populaires, au lendemain de son discours d'apaisement dont il semble avoir usé tardivement, après avoir autorisé des actions de répression qui ont fait beaucoup de morts parmi les manifestants, signait la fin d'une étape dans les événements qui avaient commencé en décembre 2010, et donnait un nom à  la colère de la rue tunisienne, celui de la «Révolution du Jasmin».LA TUNISIE à L'ÉPREUVE DU DIALOGUE POLITIQUELa fin d'une étape où à  la colère et aux actions de la rue devaient succèder celles des politiques, des partis et de la société civile pour donner à  la Tunisie de nouvelles institutions, s'accorder sur la manière d'opérer la transition, et permettre à  la vie sociale et économique de reprendre son cours «normal» en attendant d'instaurer les bases d'une vie politique pérenne, fondée sur la démocratie, la justice, l'alternance au pouvoir et la liberté d'expression.La prise en main de la situation par les successeurs constitutionnels du président déchu, au lendemain de son départ, n'a pas été acceptée par les différentes sensibilités politiques et sociales qui continuaient de s'exprimer à  travers des manifestations de rue ou de relais politique dont l'émergence se profilait, progressivement, au fur et à  mesure, des prises de parole et de position. Bien que Mohamed Ghannouchi, dernier Premier ministre sous Ben Ali, se soit désisté de la Présidence par intérim au profit de Foued Mebazaâ, président de la Chambre des députés, après que la rue se soit insurgée, la position des Tunisiens demeure la même à  l'égard de l'actuel gouvernement, dont six membres, ministres en charge de départements stratégiques, appartiennent au parti au pouvoir depuis 1987, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD). En réaction à  cette initiative, les six ministres visés par les exigences des protestataires, tout en se maintenant à  leurs postes ministériels, démissionnent en bloc du RCD.  Mieux encore, face à  la réalité qui donnait le parti au pouvoir comme un abcès de fixation de la rue, les autorités ont fini par décider la dissolution pure et simple du comité central de cette formation déchue.Il semble bien que le dialogue qui persiste, selon un mode propre à  toutes les révolutions, entre le gouvernement tunisien et la rue soit entrain de mener à  des concessions politiques, dont les Tunisiens entendent faire, selon les pulsations qu'en donne la rue, les moyens d'une rupture définitive avec l'ancien système. D'ailleurs, toutes les actions concrètes, de portées politique et symbolique, décidées par le gouvernement et attendues instamment par les Tunisiens, vont dans le sens à  la fois d'un apaisement en vue de stabiliser le pays, et d'une volonté réelle de s'inscrire dans l'entendement moral et éthique que le peuple tunisien a voulu instaurer en sortant dans les rues vers la mi-décembre.Qu'il s'agisse de la décision de libérer tous les prisonniers politiques, dont les islamistes, de celle de libérer l'expression sous toutes ses formes, ou encore de traquer les avoirs à  l'étranger des responsables déchus, toutes ces actions ont l'air d'être un écho conséquent à  l'engagement de l'actuel Président de s'inscrire en «rupture avec le passé».Malgré la persistance de soubresauts et d'une certaine effervescence qui témoignent encore qu'en Tuinisie, il y a à  peine quelques jours, avait eu lieu une révolution, le torrent humain qui avait manifesté sa colère des semaines durant, cédait la place, vers la fin de la semaine, à  quelques activités humaines, notamment administratives et commerciales. Mais il semble bien que la manifestation doit, longtemps encore, faire partie du paysage tunisien, et ce, jusqu'à ce que le dialogue engagé, par le rue, entre le peuple et le gouvernement soit tranché. CHARM EL CHEIKH, UN DIAGNOSTIC RÉALISTE 'Le chômage, la pauvreté et le recul des indices de développement, sans oublier certaines frustrations d'ordre politique, intérieures et extérieures, dont celles liées aux positions arabes par rapport à  la Palestine, entre autres, sont les causes essentielles de la colère de la rue arabe. C'est cela qui a donné en Tunisie ce qui porte désormais, pour l'Histoire, le nom de «Révolution du Jasmin». Tel est le constat sommaire que l'on peut tirer des différents diagnostics faits par les participants au sommet économique des chefs d'Etat arabes à  Charm El Cheikh en Egypte.Le ton réaliste qui a caractérisé les différentes interventions a laissé transparaître une perception très aiguë des enjeux que recouvre l'action arabe commune en matière d'efforts de développement et de coopération. Même si le cas de la Tunisie a été mis dans le «package» qui a permis d'approcher et de traiter les cas palestinien, soudanais et libanais, il était clair que la particularité des événements survenus dans ce pays maghrébin, d'une très grande fraîcheur et encore en devenir, s'imposait au sommet arabe comme un point focal par rapport auquel nul ne pouvait détourner les yeux.L'ALGÉRIE SE PRONONCE SUR LA «RÉVOLUTION DU JASMIN»Le président Bouteflika qui se rendait au Sommet de Charm El Cheikh, dans un message adressé au président tunisien par intérim, a exprimé le souhait algérien de voir mener ce pays «à bon port». Le souhait du Président rappelle au besoin que la Tunisie vit encore son processus révolutionnaire et qu'elle est encore en train de puiser dans les espaces d'expression communs à  tous les Tunisiens, matière à  recouvrer une stabilité, dont les termes politiques et sociaux feraient consensus. Le président Bouteflika se dit «pleinement confiant (que vous trouverez) en le génie tunisien authentique une source d'inspiration pour œuvrer au bien-être de votre cher peuple.» L'Algérie s'est également exprimée sur la révolution tunisienne par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Mourad Medelci a estimé, depuis Charm El Cheikh, que «la Tunisie est entrain de vivre un moment capital», précisant que ce qui est survenu en Tunisie, est le reflet «d'une volonté de donner aux capacités des hommes et des femmes plus de voix et de leur permettre de participer encore plus activement au développement de leur propre pays».


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