Algérie

Rebondissements dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest



Des cadres supérieurs entendus par la justice   Après les dernières déclarations du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui a répondu lors d’une conférence de presse à une campagne médiatique orchestrée contre lui qui l’accuse à demi-mot d’avoir trempé dans un vaste détournement d’argent équivalent à un milliard de dollars, le projet de l’autoroute Est-Ouest enregistre ses premiers rebondissements… Il est, en effet, question de la convocation par le tribunal de Bir Mourad Raïs des principaux responsables de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED), créée en 2004 par le gouvernement de Ahmed Ouyahia. Selon des sources proches du dossier, les responsables de cet organe de contrôle et de gestion des grands projets structurant, tous d’anciens DTP du ministère des Travaux publics, seraient soupçonnés d’avoir remis -à tort ou à raison- de fausses estimations du coût du projet et induit par-là même en erreur les hauts responsables de l’Etat, à leur tête le président de la République. Ce dernier, a d’ailleurs, immédiatement réagi en instruisant d’abord le ministère des Finances et le groupe émirati Emmar de mener des enquêtes séparées sur le véritable coût du projet. Si le groupe émirati a conclu à la véracité des chiffres avancés par le ministère des TP, le département de Medelci a, quant à lui, confirmé les montants avancés par la CNED qui a crié au scandale et permis indirectement cette vaste campagne médiatique qui a ciblé la personne de Amar Ghoul. Si le puissant groupe américain Bechtel a trouvé sur le sol algérien des alliés locaux très sûrs -lesquels n’ont pas lésiné sur les moyens, parfois détournés, pour espérer rafler en dernière minute ce projet-, cette transnationale s’est appuyée sans succès sur ces relais tapis dans des organismes officiels et a lancé même en sous-main, par le biais de son ambassade, «une fuite organisée» pour torpiller le projet. Nos sources, qui avaient évoqué dans un article précédent leurs craintes sur les multiples blocages opérés par la CNED, un organisme rattaché au ministère des Finances et dont les objectifs assignés sont justement de se prononcer sur la faisabilité économique, le montage financier et la structure de financement du projet, sont aujourd’hui unanimes à déclarer que «cette campagne, largement médiatisée, n’était pas dénuée d’une arrière-pensée, à la limite du règlement de compte». En effet, certains responsables actuels de cette caisse sont d’anciens responsables qui ont longtemps travaillé au niveau du ministère des Travaux publics avant d’être remerciés par l’actuel locataire du département pour «insuffisances et manque de compétences». Il s’agit particulièrement de l’ancien DTP d’Oran et gendre d’un ministre en poste et de l’ex-DTP de Constantine. Le mégaprojet de l’autoroute Est-Ouest, d’un investissement de l’ordre de 12 milliards de dollars, a connu une terrible bataille d’influence parmi les concurrents étrangers, particulièrement entre les Américains, les Français, les Italiens, les Chinois et les Japonais. En mettant fin au suspens qui entourait la date du lancement de l’autoroute Est-Ouest, longue de 900 kilomètres, le ministre des Travaux publics, qui a bénéficié du soutien de la présidence, a dans le même temps déclenché sans le vouloir une vaste enquête sur les tenants et les aboutissants de cette vaste campagne médiatique qui a failli saborder cet énorme projet du siècle. Dans son exposé des motifs, le ministre a avoué que le triplement de la voie en double sens est la cause principale de cette réévaluation en prenant bien le soin d’indiquer que l’Algérie a réussi à faire baisser le coût du projet confié, il faut bien le rappeler, à des entreprises chinoises et japonaises. La grande interrogation qui s’impose aujourd’hui est de savoir si ce chantier, considéré comme l’une des plus grandes réalisations de l’Algérie post-indépendance, sera réellement réceptionné à l’horizon 2009, compte tenu du retard pris dans le lancement des travaux. Il est loisible de constater que des problèmes techniques ont freiné considérablement le démarrage de ce chantier avec à la clé un retard de plus de trois mois. Le financement prévu par l’Etat dans la construction de ce projet et l’un des plus lourds de tout le quinquennat 2005-2009 ne laisse personne indifférent. Le président de la République, en personne, attache une grande importance à ce projet qui doit en principe s’achever en 2009. Le ministre des Travaux Publics, Amar Ghoul, qui a été ces derniers temps soumis à de terribles pressions ayant fait peser sur lui une démission en bonne et due forme, a réussi pour l’instant à repousser l’assaut des «requins de la finance». En attendant de connaître les vrais dessous, la justice, qui s’est officiellement saisie de cette affaire, qui n’a en apparence pas encore livré tous ses secrets, ne tardera pas à révéler à l’opinion nationale les véritables instigateurs de cette sombre affaire de manipulation.


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