Algérie

Realpolitik



Voilà, c'est fait: l'Algérie a inauguré hier dimanche avec la Mauritanie une nouvelle ère d'échanges commerciaux, mais également culturels et politiques. L'ouverture du nouveau poste-frontière avec la Mauritanie, implanté à quelque 75 km de la ville de Tindouf dans l'extrême Ouest algérien, donne une dimension toute nouvelle à cette réalisation que les deux pays vont à coup sûr fructifier, autant en améliorant le volume de leurs échanges commerciaux que, surtout, en gérant mieux les flux en tout genre qui transitaient par cette région, y compris la contrebande, le trafic de drogue et l'immigration clandestine.Mais, pour donner un sens à ce geste extrêmement salutaire pour le développement des régions frontalières algéro-mauritaniennes, il y a lieu cependant d'aller un peu plus en profondeur et de mettre en place les mécanismes d'une réelle percée des échanges commerciaux de l'Algérie, non seulement avec la Mauritanie, mais également avec d'autres pays, dont le Sénégal.
Il ne fait aucun doute que le Sénégal sera ainsi à portée des hommes d'affaires et négociants algériens, des produits algériens, agricoles et industriels, qui ne devront pas trouver beaucoup de mal à s'imposer sur les marchés de l'Afrique de l'Ouest. Car si le Sénégal sera à moins de 12 heures du poste-frontière de Tindouf, ce sera, pour l'économie algérienne, une véritable fenêtre ouverte sur le reste de l'Afrique. L'avantage de ce poste-frontière est qu'il permet dès lors des échanges commerciaux intenses entre les deux pays d'abord et avec des pays de l'Afrique de l'Ouest ensuite, dont les milieux d'affaires peuvent, de leur côté, mettre en place des synergies attractives pour s'implanter sur le marché algérien, notamment pour certains produits agricoles et miniers à forte plus-value.
C'est tout autant vrai pour les négociants et milieux d'affaires algériens qui pourront non seulement ouvrir des centres d'affaires en Afrique de l'Ouest, mais aller franchement s'y implanter. Et donner un sens et une grande profondeur à la diplomatie algérienne qui a toujours plaidé et lutté pour une plus grande intégration régionale et intra-régionale en Afrique. L'ouverture du poste-frontière algéro-mauritanien ‘'Mustapha Benboulaïd'' augure de perspectives économiques immenses pour les deux pays. Mais également pour des Etats comme le Sénégal et, au-delà, la Côte d'Ivoire, le Togo ou la Guinée-Bissau et le Bénin qui feront dorénavant partie des enjeux et objectifs économiques des milieux d'affaires algériens qui devront, en revanche, s'investir durablement et avec sérieux dans cette nouvelle fenêtre vers l'Afrique.
L'ouverture de ce poste-frontière entre l'Algérie et la Mauritanie est, sur un autre plan, une autre leçon de bon voisinage que les deux pays donnent ainsi au Maroc qui reste, au plan maghrébin, bien isolé, sinon le ‘'mauvais élève'', prisonnier de sa politique néocoloniale. Car si Rabat exploite le territoire du Sahara Occidental pour s'ouvrir une route illégitime vers l'Afrique ou faire du négoce avec la Mauritanie, il est clair que cette ‘'fenêtre'' volée cessera un jour d'exister, d'autant que les autorités mauritaniennes ne sont pas très favorables au maintien de cette frontière, près de Guerguerat, avec les autorités d'occupation marocaines. Les derniers événements dans cette partie du Sahara Occidental occupé par le Maroc sont en train d'inciter les autorités mauritaniennes à faire machine arrière et d'envisager sérieusement de fermer ce poste-frontière illégitime, après l'ouverture de la frontière terrestre avec l'Algérie.


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