Algérie

Réalité sécuritaire et “pensée” réconciliatrice



Onze terroristes abattus dans la wilaya de Aïn Defla. Voilà qui devrait alarmer ceux qui ont adopté l’interprétation du ministre de l’Intérieur qui voudrait que les attentats terroristes ne puissent être qu’une réplique aux opérations de lutte contre le terrorisme.
Au demeurant, le GSPC, qui a adopté l’analyse officielle, a affirmé mettre fin à une “expédition de la vengeance” entreprise en représailles aux dernières actions des forces de sécurité, non à sa longue et brutale campagne de violence contre l’Algérie et les Algériens.
L’effet de cette bonne nouvelle, la meilleure depuis le 8 août qui a vu l’élimination de douze terroristes du côté de Béni Douala, serait alors gâché. Et on trouverait même à en vouloir aux forces de sécurité parce que leur casuelle efficacité pourrait déclencher les foudres des groupes terroristes.
C’est d’ailleurs ce qui fonde la “pensée” réconciliatrice : le terroriste serait un “égaré” dont on pourrait atténuer la pulsion destructrice si l’on desserre l’étau de la répression autour de lui, et si on le dispense de la rigueur de la loi.
Après près de dix ans d’empressements multiformes, l’état n’est toujours pas en mesure de présenter un bilan acceptable de ses successives politiques réconciliatrices. S’il a libéré plus de deux mille terroristes, il ne peut pas dire qu’il en a fait revenir autant du maquis. Les concepteurs de la réconciliation nationale auraient triomphalement brandi leur butin de guerre politique au visage… de ceux qui réclament une franche politique de lutte contre le terrorisme.
Au contraire, la réconciliation nationale, en rendant réversible l’aventure terroriste aux yeux des nouvelles recrues, a facilité le recrutement aux groupes terroristes. Les kamikazes, notamment, s’avèrent, une fois identifiés, souvent très jeunes et inconnus des services de sécurité. Ce qui atteste de leur récent enrôlement.
L’AIS, engagée dans une guerre avec le GIA, avait, en 1997, été sauvée d’une explication fratricide avec son rival terroriste, un peu comme Hattab vient d’être sauvé des griffes du concurrent qui l’a déposé. Où sont les fruits de la réconciliation ? Dans le nombre de terroristes remis en circulation ou dans le budget consacré à leur réhabilitation sociale ? Car, enfin qui, un jour, a entendu un terroriste élargi se repentir de ses crimes ?
Reconnaître l’erreur de jugement n’est pas compatible avec une conception de la légitimité héritée du mouvement national sur l’exaltation de l’irréprochabilité des leaders. Mais il faut bien constater qu’en matière sécuritaire, tous les progrès, aujourd’hui remis en cause — l’attentat des Issers a fait le deuxième plus grand nombre de victimes depuis celui du boulevard Amirouche en 1995 ! —, n’ont été réalisés que grâce à la résistance citoyenne et à l’engagement des forces de l’ordre.
C’est pour cela qu’il est urgent de réhabiliter l’esprit de résistance en remettant le terroriste à la case qui est la sienne : un potentiel assassin avant d’être un potentiel repenti. Et des nouvelles comme celles qui parviennent de Béni Douala ou de Aïn Defla seules font croire que tout n’est pas encore perdu, tout n’est pas encore concédé.


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