L'année 2014 est celle de l'élection présidentielle mais c'est aussi celle de l'achèvement du plan quinquennal 2010-2014 et donc celle de la préparation du prochain plan 2015-2019. C'est l'occasion de faire d'abord le point sur l'état et les conditions de réalisation des projets planifiés sur la période en cours et même sur ceux du plan précédent qui traînent encore. Chaque semaine, des responsables territoriaux et sectoriels découvrent et nous font part des retards ou tout simplement de la non-exécution des projets publics dont ils ont la charge. Illustration. Le nouveau wali d'Oran, Abdelgani Zaâlane, nous apprend, au terme d'une visite d'inspection, que le stade de Belgaïd d'une capacité de 40 000 places, qui devait être livré en 2014, n'en est qu'à 50% d'avancement. À Alger, la situation est encore plus grave puisque le ministre de la Jeunesse et des Sports nous apprend que "près de 57% des projets inscrits entre 200 et 2013 au profit de la wilaya d'Alger n'ont pas encore été lancés". De façon plus générale, il est clairement apparu, lors de la préparation de la loi des finances 2014 et de la session parlementaire portant revue de la loi des finances 2011, que "certains secteurs stratégiques n'ont consommé que 30% des budgets alloués dans le cadre de l'exécution du plan quinquennal (programmes de logements, stations de dessalement d'eau de mer, infrastructures sportives, PCD, etc.)". C'est l'une des raisons qui a rendu inutile car sans objet la loi des finances complémentaire pour 2013. À ces retards s'ajoutent les surcoûts sur une grande partie des projets lancés.Ainsi l'enseignement majeur que l'on peut d'ores et déjà tirer du bilan du plan quinquennal 2010-2015 est que le rythme d'exécution des projets a fortement décroché par rapport aux plannings et aux estimations formellement prévus. Ni les visites de terrain par les membres du gouvernement et les walis ni les incantations du type "toute négligence ou retard dans la réalisation des grands projets est inacceptable" ou bien "la cadence des travaux doit être accélérée" ou mieux encore "les retards de livraison des projets structurants ne seront plus tolérés", ne seront suffisantes pour améliorer les performances. On ne peut plus se contenter d'agir sur les effets visibles, mais il conviendra d'identifier les causes réelles des retards et des surcoûts et de les réduire à la racine. Le tout est de savoir si, compte tenu de l'ampleur de cette problématique et de son débordement sur le budget de fonctionnement (140 000 postes budgetisés non pourvus), un simple changement de démarche suffit. On peut donc se demander s'il ne faudra pas inscrire, à l'avenir, la dépense publique dans un nouveau paradigme. On en est, malheureusement, à se poser la question. C'est là, à mon sens, que résidera tout l'enjeu de la préparation du prochain plan quinquennal qui survient dans une année charnière. Dans tous les cas, on devrait inscrire le traitement de cette problématique dans le cadre de la rationalisation de la dépense publique et non plus dans une "inscription" systématique de projets, tous azimuts, sans contrainte de ressources. Si cette option est retenue, il me semble que l'amélioration de la gouvernance budgétaire, ainsi définie, devait porter sur deux axes : un axe institutionnel et un axe opérationnel.L'axe institutionnel est le renforcement des prérogatives parlementaires (élaboration et suivi par l'APN) et de contrôle a posteriori (Cour des comptes) dans, respectivement, l'élaboration et l'exécution du budget. Il est vrai que cela est déjà initié avec la loi sur le règlement budgétaire, véritable "instrument de contrôle a posteriori de l'exécution du budget". Mais le progrès qui reste à faire réside dans l'agenda des exercices de sorte à pouvoir contrôler, durant l'année n, l'année n-1 pour corriger en temps voulu le cas échéant, les trajectoires pour la loi des finances de l'année n+1. La deuxième institution qui a été créée mais qu'il faudra renforcer considérablement c'est la Caisse nationale d'équipement et de développement (Cned). Sa mission est précisément de veiller à la maturation des projets d'investissements publics éligibles au financement budgétaire. Le don de la Banque africaine de développement (BAD) pour renforcer les capacités d'expertise de la Cned pour financer "la conception et la mise en place du système d'information et de la banque de données documentaires" a été utile. Il reste à cette institution à ouvrir rapidement d'autres chantiers pour construire les capacités nécessaires face à l'ampleur des défis signalés. Dans l'axe opérationnel, nous retrouvons toute la problématique des moyens d'études et de réalisation sans omettre celle des maîtrises d'?uvre et d'ouvrage. Je vais vous dire mon sentiment sur cette question de façon directe : si on continue à faire réaliser les projets selon la démarche suivie jusqu'à présent, il ne faudra pas s'attendre à une amélioration sensible. Il est temps d'aller vers des approches novatrices d'acquisitions d'entreprises internationales de réalisation qui sont sur le marché, à des coûts historiquement bas, compte tenu notamment des effets d'une crise durable en Europe. Peu importe s'il faut élargir les prérogatives du Fonds national d'investissement (FNI), créer un fonds souverain ou bien encore donner la possibilité aux entreprises publiques et privées algériennes d'acquérir des actifs technologiques. Au passage cette démarche est valable aussi pour l'industrie.L'essentiel est de le faire. Demain, il sera trop tard car les excédents financiers auront été consommés. D'une façon ou d'une autre. Mais peut-on changer de paradigme ' Toute la question est là.M. M.NomAdresse email
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 22/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha MEKIDECHE
Source : www.liberte-algerie.com