L'Union européenne veut arracher à l'Algérie un accord global de
réadmission en contrepartie de facilitations en matière d'octroi de visas, au
titre du principe de la libre circulation des personnes, contenu dans l'Accord
d'association.
Même s'il a voulu en nuancer le sens, le Commissaire européen à
l'élargissement et la politique européenne de voisinage l'a clairement dit, hier
au cours d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement avec le
ministre des Affaires étrangères, à la résidence El Mithak.
«Dans les réformes qui sont en cours, au niveau de l'Union européenne, nous
sommes persuadés que la mobilité des personnes est un aspect très important en
tant que liberté de mouvement. Nous souhaitons qu'elle soit prise de pair avec
la réadmission et les facilitations des visas, ce sont deux aspects qui vont de
pair,» a déclaré Stéphen Füle.
Il a ajouté que «nous renforçons les discussions sur la mobilité également
illégale mais aussi légale pour assurer des opportunités d'emplois aux jeunes
chômeurs, pour ouvrir le monde aux jeunes Algériens.» Il est question selon lui,
de «tirer profit des textes existants sur les visas pour faciliter leur
délivrance à des catégories comme les hommes d'affaires et les étudiants.»
Le responsable européen a fait
savoir que «la Commission
européenne fera des propositions concrètes aux Etats membres, durant le mois en
cours et le mois prochain, pour améliorer la liberté de mouvement.» L'Algérie
accepterait-elle de signer un accord global de réadmission avec l'UE contre des
facilitations pour les visas, alors qu'elle doit pour cela discuter avec chacun
de ses 27 membres à part ? Avons-nous demandé au MAE. «Je souhaite apporter des
éclaircissements, je ne voulais pas dire ça,» a réagi le Commissaire européen
avant que Mourad Medelci n'ait le temps de répondre. «Nous
pensons que les deux accords vont de pair, l'accord de réadmission et les
facilitations de visas. Ce ne sera pas une tâche facile pour convaincre les
Etats membres mais la Commission
européenne va faire une proposition et ils décideront,» a-t-il dit confirmant
ainsi davantage son idée première à savoir celle de demander à l'Algérie la
signature avec l'UE d'un accord global de réadmission contre des facilitations
de visas.
Les insinuations du MAE
Medelci reprend la question et se contentera de rappeler que «nous traitons de
ces questions avec chacun des pays membres de l'Union. L'Algérie est liée avec
beaucoup de pays par un accord de réadmission. Ces accords fonctionnent relativement
bien.» Il précisera cependant que «nous tenons à discuter avec chacun de ces
pays sur comment améliorer, si je puisse dire, sans cesse les conditions pour
la libre circulation des personnes. Nous sommes concernés nous aussi par cette
question et il faut qu'elle soit traitée selon les intérêts de nos pays
respectifs. Il faut que cette liberté soit traitée en même temps que la
sécurité.» Le MAE indiquera encore que «nous devons faire en sorte que les
mécanismes mis en place pour cela doivent être, chaque fois, plus efficients.»
Il fait savoir que «nous relevons quelques améliorations en terme de
pourcentage d'octroi de visas mais si nous comparons par rapport aux quelques
dernières années, il nous reste beaucoup à faire pour l'améliorer.» Il estime qu'«il
faut que l'émigration clandestine soit mieux encadrée.»
Interrogé sur les possibilités
d'un accord entre l'Algérie et l'UE sur le calendrier du démantèlement
tarifaire, le Commissaire européen avouera «je vous demanderai d'attendre
encore d'autres semaines, les travaux sont en cours, il est encore trop tôt
pour vous donner des réponses.» Stéphen Füle rappelle qu'il y a eu déjà trois rounds de
négociations entre les deux parties à ce propos dont le dernier a eu lieu en février dernier. «Il y a eu plusieurs
propositions sur la table, ce sont des suggestions très encourageantes, nous
avons pas mal de substances, il faut encore en discuter,» dira-t-il. Il
ajoutera pour les besoins de la précision que «nous devons donner mandat à nos
délégations respectives pour pouvoir conclure ces négociations.» Faites ici et
là selon les questions posées et pour éviter de faire état des blocages
existants entre l'Algérie et l'UE sur plusieurs dossiers, ces insinuations
permettront quelque peu aux deux responsables d'être moins «langue de bois»
même s'ils s'obligeront, tout au long de la conférence de presse, à des
exercices diplomatiques qui y ressemblent.
L'UE veut comprendre les préoccupations algériennes
Füle
renchérit «il s'agit de se respecter mutuellement, de comprendre les
préoccupations de l'Algérie pour pouvoir arriver ensemble à un juste milieu et
trouver des solutions dans l'Accord d'association.» Pour ce qui est du niveau
de l'investissement européen que l'Algérie juge timide, le Commissaire européen
indiquera qu' «on constate sur les trois dernières années, qu'il a été
multiplié par 5.» Il interroge «nous en sommes parfaitement satisfaits ? Non !»
Il souligne que «les questions qui sont au cÅ“ur des discussions avec le
ministre, la poursuite des négociations sur le démantèlement tarifaire, instaurer
la confiance entre nous, l'investissement.» Il se dit satisfait d'avoir eu des
discutions avec le MAE sur «l'efficacité du système judiciaire et la corruption,
c'est très bien pour améliorer le climat des affaires en Algérie.»
Au rappel que l'UE veut consolider sa relation avec l'Algérie afin de
l'adapter aux réalités et aux demandes de l'Algérie (voir l'article de Stéphen Füle dans «Le Quotidien
d'Oran» du dimanche 5 mai 2011), et à la question si ces demandes ont été
précisées, le MAE répondra «une négociation, c'est une négociation, vous êtes
mal informés peut-être au niveau de la presse, nous attendrons que ces
négociations soient terminées, j'espère dans quelques semaines. Nous ne faisons
pas mystère de la démarche que nous défendons, une démarche qui consiste à
accompagner les filières agricoles et industrielles, qui sont les plus touchées
par les effets de l'Accord d'association.»
Medelci
rappelle que «l'accord permet aux pays tel que l'Algérie de renégocier le
calendrier pour ce qui est de ces filières, c'est ce que nous avons fait durant
les trois rounds précédents.» Il prévient pour ceux qui en doutent que «vous
vous imaginez qu'on n'a pas pu entrer en matière avec l'UE si nous n'avions pas
parlé tarif douanier par tarif douanier et visé des secteurs pour lesquels il y
a des argumentaires.» Il explique : « il est bien admis que le tarif douanier
ne constitue pas la planche de salut, il faut des mesures pour d'autres
incitations fiscales et d'autres de toutes natures qui permettent aux filières
de démarrer.»
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Posté Le : 17/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com