Algérie

Réactions



 Lakhdar Bouregâa, ancien chef de la Wilaya IV historique :« Nous venons de perdre un autre personnage important de la génération du mouvement national. Avec la disparition de Bachir, c'est une page importante de l'histoire contemporaine de l'Algérie qui s'en va. Personnellement, je l'ai connu après l'indépendance et je peux dire de lui que c'était un militant très sincère, un patriote engagé. Un militant très courageux qui est resté fidèle aux principes et aux valeurs de la génération du mouvement national. Son engagement nationaliste et son attachement viscéral à la nation ne sont pas hypocrites, comme c'est le cas chez beaucoup de ceux qui nous chantent le nationalisme à tout bout de champ. Boumaza fait partie de cette génération de militants nationalistes qui sont restés fidèles aux idéaux de la lutte de Libération nationale. Comme beaucoup de militants nationalistes, lui aussi a connu des moments difficiles, notamment après le coup d'Etat de juin 1965. Il était contraint de quitter la pays et d'aller s'installer en France. Même après ses démêlés avec le Président, pendant qu'il était à la tête du Sénat, la plupart se sont retournés contre lui. Ces dernières années, Il a souffert à cause de ce qui se passe dans le pays. » Ahmed Mahsas, moudjahid :« Je suis très choqué d'apprendre la disparition de ce valeureux militant nationaliste. Un militant qui ne s'est jamais renié, qui est resté très attaché aux principes qui avaient guidé son engagement pour l'indépendance de l'Algérie dans les années quarante. Je l'ai connu en 1946, un an après les sanglants évènements de mai 1945. Très vite il s'est montré courageux et intelligent ; dès son jeune âge il s'est retrouvé responsable politique dans la wilaya de Sétif. Il a été marqué par les évènements de Sétif, Guelma, Kherrata. Après un engagement sans faille durant la guerre de Libération, il traverse une période très difficile après le coup d'Etat de juin 1965. En apprenant sa disparition aujourd'hui, j'ai pensé tout de suite à ce qui nous est arrivé en 1965, lorsqu'il a quitté le conseil de la Révolution. Nous avons rejoint la France où nous sommes restés jusqu'en 1981. Je parle de cela pour dire comment des militants de la première heure, résolument engagés et que la France n'a pas pu faire plier, ont connu des moments extrêmement durs après l'indépendance. Je le voyais régulièrement ces dernières années, il me parlait souvent de la crise qui frappe le pays. Il déplorait la situation dans laquelle est plongée l'Algérie. Il faut dire aussi qu'entre nous, nous avions des divergences sur un certains nombres de questions, mais il s'est toujours montré à la hauteur des enjeux de notre combat. » Mohamed El Korso, historien et ancien président de la fondation 8 Mai 1945 :« Un autre monument de la génération du mouvement national s'en va. Je retiens de lui qu'il était d'une grande culture, avec une connaissance ' j'allais dire parfaite ' des trois religions, ce qui constituait pour lui un support important de sa réflexion, notamment pendant la décennie de violences qu'a connu l'Algérie. Il avait beaucoup intervenu dans les débats portant sur le dialogue des civilisations qui a occupé le devant de la scène depuis la fin des années 1990. » « Sur le plan historique, Boumaza avait eu une attitude très courageuse. Il a embrassé la cause nationaliste dès l'âge de 14 ans. Il avait connu Messali Hadj. Il avait joué un rôle important durant la guerre de Libération. Il faut rappeler que grâce à lui, les grèves des prisonniers politiques en France ont eu un retentissement mondial. Son engagement ne s'est pas limité à l'Algérie ; il avait une vision globale de la lutte, notamment en ce qui concerne le monde arabe. Il était intime avec Saddam Hussein et Abou Nidhal. Vous savez, quand la sentence est tombée contre Saddam, il avait écrit à tous les présidents du monde, leur demandant d'intervenir pour éviter l'exécution. Seul le président français lui avait répondu, lui disant que l'opinion mondiale doit se mobiliser pour éviter que la condamnation soit exécutée. » Abdelaziz Boubakir, universitaire :« Il y a dix ans, j'ai commencé à travailler avec lui pour la rédaction de ses mémoires ; il avait des milliers de feuilles et de brouillons. Mais quand nous avons terminé, il a hésité à les publier. Il m'avait dit que le moment n'était pas encore venu. J'ai essayé de le convaincre de la nécessité de publier ses mémoires, mais comme tous les militants du mouvement national, il réfléchissait beaucoup avant d'entreprendre une quelconque démarche. Il faut dire aussi qu'il a écrit trois livres qui ne sont pas encore publiés : Le nationalisme et le sport, L'Emblème national, Victor Hugo et l'Islam. » « Ce que je retiens de lui, aussi, lors des débats sur la problématique du débat civilisationnel, il avait écrit deux lettre, une à Berlusconi et une autre à Aznar où il dénonce, avec une grande énergie, leurs attitudes et leurs positions très négatives par rapport au monde musulman. Quand j'allais chez lui, notamment ces trois dernières années, il était dégoûté par ce qui arrivait à l'Algérie. Une situation qui l'a complètement découragé. Il était aussi très touché par le différend qu'il avait eu avec Abdelaziz Boutefilka, après l'épisode du Sénat. Ce que je peux dire aussi, c'est que c'était un homme sincère, d'une grande humilité de la trempe des militants du mouvement national. »


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