Algérie

Réaction en chaîne



Réaction en chaîne
«Quand les actes sont nombreux, on ne peut pas dire qu'ils sont isolés» Kurzas
Décidément, cela va devenir notre plat quotidien, celui qu'on doit avaler chaque matin avec le café au lait et qui risque de vous bloquer l'estomac pendant toute la journée. Je veux parler de ces scandales qui sont égrenés chaque jour par la presse et qui semblent donner une réponse définitive à toutes les mauvaises questions que le pauvre et simple citoyen se pose depuis qu'on lui a donné le droit de se poser des questions. On ne compte plus les affaires qui secouent la torpeur de gens assommés par une inflation galopante: Sonatrach, l'autoroute Est-Ouest, les crédits bancaires louches, les faux moudjahidine...On comprend alors aisément pourquoi notre société n'avance pas' Pourquoi nos administrations ont-elles de tristes performances'
Evidemment, au début on a tout de suite «essuyé le couteau», sur le dos du colonialisme qui l'a heureusement très large. On a invoqué le désert culturel laissé par l'OAS, puis l'inexpérience des cadres formés sur le tas, puis la mauvaise qualité de l'enseignement dispensé dans les pays socialistes. On s'est même mis à murmurer dans les salons calfeutrés et insonorisés de l'époque de la chape de plomb que c'est le système du parti unique qui en est la cause: la preuve, c'est que tous ceux qui ne sont pas d'accord avec l'orientation politique et économique se sont exilés à l'étranger où ils déploient verve et talent à contrecarrer les projets nationaux, ou se sont insidieusement infiltrés dans les rouages de l'administration pour y semer d'une façon machiavélique les petits grains de sable qui vont, lentement, mais sûrement, gripper la machine jusqu'à la bloquer définitivement. Evidemment, à part la 5e colonne, on a incriminé le régionalisme, les BTS de l'Est, les BTS de l'Ouest, le népotisme, le favoritisme, le sexisme, le néocolonialisme et l'impérialisme qui n'en finissent pas d'ourdir des complots infinis dans leurs laboratoires secrets, mais dont les effets se font délicieusement sentir dans les banques suisses ou les comptes gelés à l'étranger.
Mais trêve de plaisanteries! Pour tout individu normalement constitué et qui a une petite expérience dans la vie d'une entreprise étatique ou dans une institution à caractère culturel, qui, depuis trois décennies, fait du sur-place pour ne pas dire qu'elle avance à reculons, la situation est des plus limpides: le marasme sempiternel dont souffrent des entreprises n'est pas dû aux réformes, à la qualité des réformes ou au manque des réformes, mais bien à un phénomène bien particulier qui gangrène les étages supérieurs de la gestion administrative. C'est l'instabilité qui règne dans les rangs des cadres et surtout le manque de continuité dans les réformes entreprises qui sont à la base de ce marasme. A peine un ministre est-il nommé qu'il balaie tous les cadres de son prédécesseur en les mettant sur une voie de garage. Puis, c'est tout de suite la théorie des dominos qui s'applique: les cadres subalternes tombent ou sont mutés. Les projets de réformes qu'ils ont difficilement et laborieusement concoctés sont remisés au fond d'un placard. «C'est dépassé. Vous ne voyez pas qu'on est à l'aube du XXIe siècle! Il faut vivre avec son temps.» C'est ce qu'on leur répond à chaque proposition. Et puis on donne la priorité aux projets qui autoriseraient des achats massifs de matériels sophistiqués dont la maintenance serait assurée par le fournisseur étranger. Cela permettra au ministre, au directeur de voyager un peu et de lier connaissance avec des personnes qui fréquentent les hôtels 5 étoiles. C'est là, paraît-il, que les véritables contrats se signent. Pourtant, le pays possède tous les instruments de contrôle qui ne demandent qu'à être utilisés et sollicités: la Cour des comptes dont les fonctionnaires viennent de se signaler par un mouvement d'humeur, les chambres de l'Assemblée dont les membres sont prompts à lever la main... et le pied. Et la Justice.
Peut-être qu'alors les malversations deviendraient des actes isolés.


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