La mission du gouvernement est d'autant plus délicate qu'une éventuelle politique d'austérité risque davantage d'exacerber des tensions sociales.Les subventions aux différents biens et services, qu'elles soient directes ou indirectes, continuent de peser lourdement sur le budget de l'Etat. L'Algérie ne semble pas en mesure de freiner ses subventions à l'eau, à certaines denrées alimentaires de base (blé, pain, lait?), en passant par les produits énergétiques (électricité/gaz, carburants). Malgré la crise qui étouffe les finances publiques, les prix sont largement soutenus. Pour 2020, les subventions généralisées sont encore une fois reconduites dans le projet de loi de finances pour les principaux produits de première nécessité.
En matière de transferts sociaux, un montant de 1 798 milliards de dinars (soit 8,4% du PIB) a été consacré au titre d'aides aux ménages, notamment pour le logement et les produits de large consommation, à l'instar du lait et du blé. Choix clairement destiné à gagner les faveurs du citoyen en cette conjoncture pas très favorable aux pouvoirs publics. Les pouvoirs publics, à défaut d'avoir une stratégie à long terme pour endiguer le chômage et la pauvreté, et mettre fin à la crise que connaît le pays, continuent d'arroser le peuple de subventions pour s'assurer une paix sociale, de plus en plus fragile. Outre les subventions aux produits énergétique qui ont englouti l'essentiel des subventions, l'importation de céréales et du lait représentent, à elles seules, plus de 50% de la facture alimentaire globale de notre pays. Ces subventions concernent également le transport, l'emploi des jeunes et les retraites. L'aide au logement n'est pas en reste dans cette équation.
En effet, en plus de l'aide frontale (700 000 dinars), les abattements sur la valeur des terrains, les dépenses pour les aménagements ainsi que la bonification des taux d'intérêt qui sont associés aux nouvelles formules de logements privilégiées, la facture déboursée par les pouvoirs publics peut représenter près de 50% de la valeur des logements réalisés. Pour de nombreux économistes, il s'agit là d'un soutien étatique massif et non ciblé. Ils déplorent le fait que l'Algérie subventionne indirectement les producteurs étrangers et les importations au lieu d'encourager la production en lui consacrant les fonds injectés dans le soutien des prix. Dans le contexte actuel, le pays n'est pas sur une trajectoire soutenable.
Le gouvernement semble être au pied du mur. Une situation qui nécessite une remise en cause de la démarche des pouvoirs publics à travers, notamment, une révision de la politique des subventions. Ce qui était impensable, il y a quelques années, est devenu un impératif. D'ailleurs, dès 2016, les prix des carburants, de l'électricité et du gaz, ont été remis progressivement à leur valeur réelle. Cependant, la mission est d'autant plus délicate qu'une éventuelle politique d'austérité risque davantage d'exacerber des tensions sociales.
En effet, les Algériens vivent des fins de mois de plus en plus difficiles, marqués par la cherté de la vie. Le pouvoir d'achat a diminué de près de 60%, selon les statistiques. Globalement, les salaires et les pensions de retraite des classes moyenne et pauvre demeurent tirés vers le bas par la dévaluation de la monnaie nationale. Quelle que soit la manière dont on aborde aujourd'hui cette question de la révision des subventions, la préservation du pouvoir d'achat du citoyen demeurera l'élément central du débat.
Saïd Smati
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Posté Le : 24/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : SMATI Saïd
Source : www.liberte-algerie.com