Ennahdha a rassemblé ses troupes devant le théâtre municipal de l'avenue Habib-Bourguiba pour soutenir le président égyptien déchu, Mohamed Morsi, et sa légitimité. Mais au fait, elle était porteuse d'un message menaçant à la faveur d'un discours nahdhaoui qui a utilisé un langage dur et menaçant, promettant de "faire couler le sang, dans les artères de Tunis, de toute personne qui s'en prend à la légalité...", signé Sahbi Atig. "Attention.... y a révolution", était l'autre message multidimensionnel sous lequel pourraient être classés les slogans scandés par les quelques milliers de "nahdhaouis" qui se sont rassemblés sur l'avenue principale de la capitale, malgré le jeûne et une chaleur suffocante, refusant l'intervention de l'armée dans les affaires politiques, défendant "la légalité" contestée de Morsi mais aussi celle d'une Troïka en quête de réalisations.Deux grands messages à retenir malgré le caractère pacifique de la manifestation : la logique d'utilisation de la rue pour soutenir un pouvoir contesté et le risque de sombrer dans la violence si le scénario égyptien se reproduisait en Tunisie. Ça pourrait être une nouvelle épreuve pour l'expérience tunisienne. Tout porte en tout cas à le croire. Quand bien même Sahbi Attig, cet élu nahdhaoui, s'est permis de menacer, de légaliser et légitimer l'effusion du sang de tous ceux qui oseraient remettre en question la légitimité de la présence de son parti, au gouvernail du pays.
Il promet de piétiner quiconque pensera à espérer piétiner la légitimité d'Ennahdha.
Tout cela, devant l'indifférence et l'inactivité absolues des autorités et du parquet, qui pourtant, avait réagi tel un éclair pour beaucoup moins que ça.
Décidément, certains s'affolent et ne peuvent plus le cacher, de ce qui se passe en Egypte. Et, sous couvert de défendre la légitimité sur les rives du Nil, c'est surtout, pour une autre "légitimité" nichée du côté de Montplaisir (à comprendre, siège d'Ennahdha) qu'ils s'inquiètent, et ils ne s'en cachent même plus. "Il n'y a pas photo, c'est un coup d'Etat militaire qu'il faut dénoncer avec force", "Ils maudissent la démocratie à chaque fois qu'elle porte des islamistes au pouvoir", pouvait-on lire sur une des pancartes portées très haut par les quelques milliers de manifestants (ils étaient 2 500 selon la police). Au-delà d'un simple slogan, il s'agit d'un profond sentiment d'injustice partagé par ces hommes et ces femmes, islamistes dans leur grande majorité. Bien que la manifestation soit "officiellement" consacrée au soutien à la légitimité du président Morsi, il n'en demeure pas moins vrai que les partisans du parti islamiste, réunis dans cette chaleur épaisse, regardent ce qui se déroule dans le pays des Pharaons comme un "cauchemar" qu'ils ne souhaiteraient pas vivre en Tunisie. En témoignent les appels répétés des foules présentes en faveur de l'adoption de la loi dite "d'immunisation de la révolution", seule à même, selon certains, de prévenir ce genre de choses. "Au-delà de l'Egypte et ma sympathie envers le mouvement des Frères musulmans, j'ai peur qu'on assassine l'expérience démocratique dans le monde arabe, j'ai peur qu'on revienne à la case départ, une case qui signifie anarchie totale... Vous allez me dire que Morsi a fait des erreurs, bien sûr qu'il en a fait, et c'est normal, il n'y a que dans une dictature qu'on ne commet pas d'erreurs", nous dit Ridha, 45 ans, sympathisant du parti Ennahdha.
I. O.
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Posté Le : 15/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Imed O
Source : www.liberte-algerie.com