Algérie

Rapt d'enfants: un drame sans fin



Rapt d'enfants: un drame sans fin
La mère de la petite Sidra, âgée de trois ans, ne se doutait pas qu'assister simplement aux funérailles d'un parent lui coûterait la vie de sa fille, retrouvée morte près d'un oued à la commune de Merouana dans la wilaya de Sétif, trois jours après sa disparition dans des circonstances mystérieuses. Ce n'est pas le premier, ni le dernier drame qui fait secoue l’opinion publique ; d'autres incidents similaires ont ravivé les souvenirs d'enlèvements et de disparitions ces dernières années. À chaque fois, des appels sont lancés pour durcir les sanctions contre les coupables et mettre fin à ces crimes, mais le continue de faire défiler les victimes. La tranquillité semble à peine se réinstaller dans la vie des Algériens qu'elle est de nouveau troublée par la peur des voleurs d'enfance à chaque nouvelle de disparition, d'enlèvement ou de meurtre. Avant Sidra, de nombreuses autres enfants ont été perdus dans des circonstances mystérieuses, et ce type de cas ouvre à chaque fois des blessures dans le cœur des Algériens et des familles endeuillées, sans que les autorités concernées ou les spécialistes ne parviennent à résoudre ou à endiguer ce phénomène. Nous sommes particulièrement touchés par les cas de "Djaouad Ghadri" à Boussaâda et "Ahmed Toufik" à Oran, dont la vie a été arrachée par le crime au cours de l'été 2023. Le petit Djaouad, âgé de quatre ans, a disparu devant la maison de sa famille dans des circonstances mystérieuses en juillet 2023. Après des recherches, la famille, avec l'aide des voisins, a retrouvé son corps dans un appartement voisin de celui de sa famille dans la nouvelle ville de Boussaâda, où il avait été attaché et étranglé avec un t-shirt. Le coupable, après les enquêtes des services de sécurité, n'était autre qu'un voisin, un jeune homme d'environ trente ans, qui l'avait attiré chez lui, l'avait ligoté et avait mis fin à ses jours. Deux jours auparavant, la vie de l'enfant "Ahmed Toufik", âgé de neuf ans et résidant dans le quartier "La sierra" de la région de Oued Tlelat au sud d'Oran, a été interrompue par des coups de couteau meurtriers infligés par un jeune de 18 ans, également son voisin. Selon les témoignages des voisins, le crime a eu lieu lorsque l'enfant est sorti à neuf heures du matin un lundi et a été attiré par ce jeune assassin qui l'a tué et a caché son corps dans un sac plastique. Le criminel est aujourd'hui en prison, où il attend son jugement pour enlèvement et meurtre avec préméditation, dissimulation de cadavre et falsification de preuves, tandis qu'Ahmed a quitté ses parents, son école et sa ville pour toujours.   Meriem n'a pas encore été retrouvée   La petite "Meriem Zanboua", enlevée le 4 juillet alors qu'elle était avec sa famille aux funérailles à Bordj Bou Arréridj. Depuis ce moment, aucune nouvelle précise n'a été reçue, à part des rumeurs selon lesquelles elle aurait été captée par des caméras de surveillance à certains endroits ou vue avec une femme dans d'autres lieux, sans que cela n'ait d'impact sur le déroulement de l'enquête. La famille de Meriem Zanboua, résidant dans la commune d'Oulad Derradj dans la wilaya de M'sila et Bordj Bou Arréridj, vit depuis dans l'angoisse et lance des appels répétés sur les réseaux sociaux, tout en se résignant au destin, espérant que leur fille reviendra à la maison.   Ces incidents ne sont pas moins horribles que d'autres qui ont secoué l'opinion publique sur les réseaux sociaux. Le gouvernement et les hautes autorités du pays sont appelés à appliquer la peine de mort contre les ravisseurs et les meurtriers d'enfants en Algérie. Qui ne se souvient pas de l'enlèvement de la petite Chaïma Youssefi, âgée de 8 ans, agressée sexuellement et tuée, ou de la petite Sondouss Guessoum, âgée de 6 ans, retrouvée morte dans un sac plastique dans son domicile, ainsi que de l'enlèvement des enfants Haroun Zakaria Boudaïra, 9 ans, et Ibrahim Hachiche, 8 ans, à Constantine, parmi d'autres crimes qui ont bouleversé de nombreuses vies en Algérie.   Réseaux vendant des enfants   Le président de l'Association nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche "Forem", le professeur Mustapha Khiyati, affirme que la disparition d'un enfant de moins de sept ans pendant plus de deux heures est considérée comme un enlèvement, car ces enfants ne peuvent pas fuir comme les adolescents. Il précise que l'enlèvement diffère de la disparition, cette dernière étant le fait d'un adolescent qui quitte la maison en raison de la pression familiale, de la violence, etc., notant l'absence de données précises sur le phénomène au cours des trois dernières années. Le professeur Khiyati aborde également le contenu de son dernier livre sur les enlèvements d'enfants en Algérie, soulignant que ce phénomène ne concerne pas seulement l'Algérie mais de nombreux pays arabes, notamment l'Égypte, qui connaît des cas d'enlèvements en masse. Il précise que la plupart des cas de disparition ou d'enlèvement sont liés à des réseaux vendant des enfants à des familles riches privées de d’enfants. Il estime que la lutte contre ce phénomène est une responsabilité collective, commençant par la famille qui doit sensibiliser les enfants aux dangers de l'enlèvement, leur aprrendre leurs noms, le lieu de travail de leurs parents et le numéro de téléphone si disponible, et ne pas faire confiance aux inconnus ou accepter de la nourriture provenant de personnes étrangères à la famille, qui pourraient contenir des somnifères ou des drogues.   L'État doit appliquer la peine de mort   Pour sa part, l'ancien président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme, l'avocat Farouk Ksentini, estime que l'État devrait lever l'interdiction de l'application de la peine de mort pour les ravisseurs, si nécessaire. Ksentini rappelle le plan d'alerte nationale sur la notification des cas d'enlèvement ou de disparition d'enfants dans une wilaya du pays, adopté par le gouvernement en 2016, en soulignant qu'il n'a pas complètement éliminé les enlèvements mais les a réduits.   Il ajoute que certains pays ont mis en œuvre des plans similaires avec des résultats satisfaisants, ayant réussi à éradiquer le phénomène d'enlèvement, notamment lorsque l'alerte est donnée dans les 24 heures suivant l'enlèvement, ce qui permet d'éviter le meurtre des enfants. Ksentini met en avant que le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les crimes d'enlèvement en Algérie se base sur le principe de prévention des crimes d'enlèvement, soulignant la nécessité d'une culture de signalement des enfants en danger, avec une responsabilité partagée entre l'État, la société civile et la famille pour leur protection. Il encourage les parents et les enseignants à sensibiliser les enfants pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains des ravisseurs, en leur donnant des conseils sur le fait de ne pas accompagner ou parler à des inconnus, tout en mettant ces crimes parmi les priorités de l'État, et en fournissant aux forces de sécurité les moyens humains et matériels nécessaires pour mener des enquêtes préventives avant que le crime ne soit commis. Le législateur algérien, selon Ksentini, impose des sanctions sévères contre les ravisseurs à travers l'article 393 bis du Code pénal, prévoyant la réclusion criminelle à perpétuité pour quiconque commet un enlèvement ou une tentative d'enlèvement par la violence, la menace ou la manipulation, avec une peine pouvant aller jusqu'à la peine de mort si le crime implique une agression sexuelle, une demande de rançon ou un meurtre. Il est frappant de noter que la législation sur l'enlèvement repose également sur le principe de prévention, en attribuant à chacun la responsabilité de protéger l'enfant, en signalant les dangers physiques et psychologiques auxquels il est exposé, que ce soit à l'intérieur de la famille ou dans son environnement. Ksentini conclut que "le législateur a accordé une grande importance à la prévention dans la nouvelle loi pour lutter contre les enlèvements, une responsabilité partagée entre l'État, la société civile et la famille. Les familles doivent également créer un climat de dialogue et de communication entre leurs membres, afin de connaître les problèmes de leurs enfants avant qu'il ne soit trop tard".


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