Rapport Sud-Nord Quelles perspectives d'avenir '

Débat - «Le Sud, quelles alternatives» est l'intitulé de la rencontre de six jours ouverte hier, à la Bibliothèque nationale.Une rencontre qui tente de proposer des solutions, voire de tracer des pistes à la situation actuelle du Sud et à son rapport avec le Nord. Autrement dit, «répondre à notre besoin-sud de nous saisir dans notre totalité et dans notre complexité pour échapper aux enfermements fragmentaires dans lesquels nous ont dispersés les modèles dominants de pensée et de classification», selon les organisateurs.
Cette rencontre fait suite au colloque consacré à Frantz Fanon ayant pour titre «Esprit Frantz Fanon» et qui a eu lieu, pour rappel, en 2012. Elle a pour objectif, selon les organisateurs, de «débattre des réformes intérieures et des initiatives, internationales et régionales, qui pourraient insuffler une vigueur nouvelle à nos luttes, dans des conditions de notre temps, pour l'affirmation de nos nations sur l'échiquier international et l'approfondissement de notre développement».
C'est chercher donc de la manière la plus sérieuse, la plus sévère et la plus critique à réfléchir sur la situation du Sud et sur sa condition, c'est-à-dire s'inscrire sur la voie de l'émancipation, du progrès politique, économique et culturel, afin de s'assurer une autonomie complète, donc une réelle indépendance vis-à-vis de l'Occident.
C'est ainsi que Samia Chikh des éditions APIC déclare : «Un éditeur du Sud se bat pour avoir sa propre ligne éditoriale.» Le Sud doit donc s'affranchir de la domination occidentale et de ses influences néfastes, voire réductrices, à sa personnalité et à son épanouissement. Pour ce faire, il faudrait d'abord trouver des alternatives, ce qui n'est pas aisé puisqu'il faut rompre ce lien ' souvent imposé ' qui attache le Sud au Nord.
Pour Samir Amin, penseur de l'économie politique du développement et de l'accumulation globale, penser aux possibilités pour sortir de la crise, de l'hégémonie occidentale, cela s'avère d'emblée un combat permanent.
«Il s'agit de défis auxquels le Sud est confronté», dit-il.
Pour lui, il est temps que le Sud envisage de nouvelles perspectives, «perspectives d'une grande transformation à la fois nécessaire et possible tant de l'ordre international que des modes de gestion politique, économique, culturelle des sociétés nationales qui en constituent les composantes».
Pour lui, le Sud, et ce, après la première vague, celle des indépendances, se situe aujourd'hui «dans la seconde vague d'émancipation, amorcée par la faillite de l'ordre prétendu «néolibéral et mondialisé», associé à l'hégémonie des Etats-Unis et de leurs alliés du Nord (Europe et Japon)».
- Le Sud peut et doit se transformer, se tourner vers l'avenir, son propre avenir, avec toutes les possibilités qu'il peut offrir. «Il est essentiel pour le Sud de concevoir les voies et moyens qui lui permettront de créer les conditions de s'imposer dans le façonnement de l'ordre mondial», estime, de son côté, le Dr Fikret Baskaya, fondateur et président du Forum de Turquie et Moyen-Orient. Pour lui, il faut penser à une alternative capable de faire avancer la transformation des pays du Sud dans la direction du progrès social et l'invention d'une forme nouvelle de pratique politique qui soit démocratique. Il est donc nécessaire de mettre l'accent sur l'importance d'arriver à une cohésion sociale, mais surtout d'instaurer une solidarité entre les pays du Sud. Soucieux de réfléchir à la reconstruction des pays du Sud dans la perspective d'une reconfiguration plus équilibrée de l'ordre politique et économique mondial, ce colloque a été organisé conjointement par les éditions APIC, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA) et le Forum du tiers-monde (FTM).