Algérie

Rapport de la LADH : « Les manifestations politiques restent interdites »


A l'occasion de l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) a publié son rapport annuel qui fait un tour d'horizon sur la situation des droits de l'homme dans le monde et spécialement en Algérie. Un constat sombre et critique envers les autorités, tenues responsables de la situation étant donné que « la jouissance des droits de l'homme dépend de l'aptitude fonctionnelle de l'Etat » et que la réalisation de ces droits, qu'ils soient individuels ou collectifs, « exige une structure de l'Etat et un système politique qui n'entravent pas l'exercice des droits, de tous les droits », souligne le communiqué de la Ligue de maître Boudjemaâ Ghechir. Impunité, corruption, droits économiques, sociaux et culturels délaissés, une justice aux ordres, explosion de la criminalité et persistance du terrorisme et du fondamentalisme en général. Autant de fléaux qui mettent en péril la nation et constituent une menace pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales, en contradiction avec le discours officiel car « l'attachement à l'Etat de droit tant prôné par le pouvoir actuel s'avère n'être que de vains mots, destinés à séduire l'opinion internationale », poursuit le communiqué.D'ailleurs, sous prétexte de l'état d'urgence maintenu depuis le 9 février 1992, les réunions publiques, les marches et manifestations politiques restent interdites, alors que les agréments des partis politiques, associations et syndicats sont encore tributaires des positions politiques à l'égard du pouvoir, lit-on encore. La LADH avertit aussi sur le fait que « l'état de délabrement moral et politique d'un pays qui vit au rythme des émeutes et de la répression au quotidien est porteur de tous les dangers d'implosion », soulignant que le front social est en ébullition, avec des grèves en cours et d'autres envisagées dans divers secteurs et rappelant que le terrorisme continue de tuer.Le système judiciaire a eu sa part de critique dans le rapport en question, qui avance, plus loin : « La justice, censée être rendue au nom du peuple algérien et en dépit d'un vaste chantier de réforme, n'a pu couper le cordon ombilical qui la relie, ajoutent les rédacteurs du document, à certaines sphères du pouvoir qui l'instrumentalisent pour bâillonner une voix ou neutraliser un opposant. »Au chapitre de la corruption, la LADH rappelle le manque de volonté politique dans le sens de combattre ce fléau qui place l'Algérie parmi les plus mauvais élèves.A ce sujet, le rapport constate que « cinq ans après la signature de la Convention des Nations unies contre la corruption et presque quatre ans après la promulgation de la loi 06-01 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, notre pays a démontré un manque flagrant d'engagement dans la bataille contre la corruption, bien que ce fléau ronge notre société. Le niveau de corruption qui affecte les administrations publiques et la classe politique est au rouge depuis déjà des années. Les scandales restent impunis ». En conclusion, la LADH considère qu'afin de permettre la pleine jouissance des droits civils et politiques dans notre pays, il convient d'accorder une importance égale à la garantie des droits économiques et sociaux, une participation à la prise de décision concernant la répartition des ressources financières et garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.A la fin, une liste de demandes est adressée au gouvernement afin, entre autres, de créer un environnement économique adéquat, pouvant conduire à un développement humain durable, réviser la législation et les pratiques afin de garantir leur conformité avec les normes internationales, notamment en matière de liberté d'expression, d'association et de réunion et d'égalité pleine et entière entre l'homme et la femme. La Ligue demande aussi la levée de l'état d'urgence, l'abrogation de toutes les lois discriminatoires à l'égard des femmes, la dépénalisation des délits de presse et l'affirmation d'un combat efficace contre la corruption. Et la liste que nous citons n'est pas exhaustive.
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