Débat n Le colloque international portant sur le thème «Algérie, 50 ans après : libérer l'histoire» s'est poursuivi, hier, à la Bibliothèque nationale.
Lors de cette rencontre, des spécialistes sont revenus tour à tour sur l'importance de l'art durant la Guerre de libération nationale, voire son apport pour l'indépendance.
Les intervenants étaient unanimes à dire que «l'art était représenté comme un moyen de lutte et témoin de son temps».
Pour Médiène Benamar, président de la commission du patrimoine algérien, «l'art aussi est une lecture de l'histoire», ajoutant : «L'art a toute sa place dans la conservation de la mémoire collective.»
En prenant l'exemple d'Issiakhem, Khadda ou du peintre espagnol, Goya, l'orateur a souligné que «l'art est aussi une lecture de l'histoire».
Pour sa part, Marie Cheminot, universitaire française, docteur en histoire contemporaine, a mis l'accent, au cours de son intervention, sur l'image et son rôle tout au long de la Guerre de libération.
«Durant la Guerre de libération, il y avait une inégalité flagrante entre le nombre d'images que détenait la France et les rares images en possession de l'Algérie», a-t-elle dit, et de renchérir : «Mais l'Algérie a gagné la guerre de l'image en se focalisant surtout sur la diffusion du peu qu'elle avait.» «L'image a effectivement joué un rôle important dans la représentation de l'identité et de la culture de l'Algérie, a-t-elle fait savoir, elle a aussi joué un rôle considérable dans le combat médiatique mené par le Front de libération nationale contre la propagande de l'armée française.» «Le Front de libération nationale s'est doté d'une stratégie médiatique consistant à introduire clandestinement des reporters américains au maquis afin d'appuyer la cause algérienne au niveau international et de contrecarrer la propagande de l'armée française qui visait à minimiser la Guerre de libération menée par le peuple algérien et occulter, tout à la fois, ses propres crimes de guerre.» L'intervenante a souligné les points forts de cette guerre par l'image, comme la diffusion du reportage tourné en 1955 par un correspondant de la chaîne Fox à Aïn Abid et qui montre l'exécution de trois civils par l'armée française. «Il s'agit d'un reportage qui a fait le tour des Etats-Unis et du monde, mais qui a été censuré en France», a-t-elle rappelé, avant d'évoquer la parution du Black paper. «C'était un catalogue d'images de la guerre, un livret de l'horreur qui a beaucoup contribué à faire connaître la cause algérienne», a-t-elle relevé. Autre point fort de la stratégie du Front de libération nationale, l'instauration du service cinéma et photographie pendant la Révolution.
Yacine Idjer
l Denis Sébastien, chercheur français, a, dans son intervention, insisté sur l'importance de l'image et son rapport à l'histoire. «Libérer l'histoire, c'est d'abord libérer la possibilité de traiter publiquement les éléments de cette guerre, à savoir les images», a-t-il dit. Il a, ensuite, indiqué qu'une exposition consacrée à l'Algérie se tient à Paris (au Musée de l'armée, Hôtel des Invalides) et qui a pour titre : «Algérie 1830-1962». «Malgré les 50 ans qui se sont écoulés, cette exposition n'aurait jamais pu se faire sans la hiérarchie militaire», a-t-il estimé, ajoutant : «C'est d'abord une exposition sur l'histoire militaire française et les populations en Algérie.» Pour lui, cette exposition représente «une véritable avancée dans la reconnaissance du passé commun à l'Algérie et à la France», indiquant : «Cette exposition a été sévèrement critiquée en France par certains qui ont trouvé inapproprié que l'armée relatât ce qui s'est réellement produit en Algérie.» L'exposition réunit 271 'uvres dont des peintures, des photographies, des films... «Cette exposition représente une autre preuve que les images peuvent aussi jouer un rôle majeur dans la réécriture de l'histoire.»
Y. I.
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Posté Le : 04/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yacine Idjer
Source : www.infosoir.com