Algérie

Rappel d'une contribution sur le risque du financement non conventionnel (III)


Après des discours euphoriques sur le bienfait du financement non conventionnel de certains experts organiques et politiques dont l'ex-ministre Benkhalfa qui avaient salué ce mode de financement, le dénoncent actuellement. Or les enregistrements font foi de leurs déclarations ayant induit en erreur l'opinion publique avec la complicité de certaines sphères du pouvoir, ci-joint une publication sans aucune modification d'une contribution parue sur le site www.algerie1.com le 18 juin 2017, où j'avais mis en relief que ce mode de financement risque de conduire le pays vers une dérive inflationniste à la vénézuélienne (devant comparer le comparable) avec des incidences économiques, politiques et sociales négatives. Intégralité de la contribution parue en juin 2017 sans aucune modification.Le gouvernement avait justifié le financement non conventionnel en minimisant à la fois l'importance de la sphère informelle et la difficulté de recouvrer les dettes tant des entreprises publiques que privées. Mais existent des données officielles contradictoires qui influent sur la future politique économique.
La modification de la loi sur la monnaie et le crédit
Or, l'information en ce XXIème siècle n'est plus le quatrième pouvoir avec la percée de la théorie de l'intelligence économique mais le pouvoir lui même Comment également expliquer ce faible montant en contradiction avec la majorité des rapports de précédents gouvernements qui ont montré une faible bancarisation de l'économie ' D'une manière générale, il s'agit d'expliciter clairement pourquoi les dernières mesures tant des chèques que de l'obligation de déposer l'argent de la sphère informelle obligatoirement au niveau des banques algériennes que de l'emprunt obligatoire ont eu un impact très limité renvoyant toujours à la confiance et au fonctionnement global de la société. Faute de maîtrise du système d'information, nous assistons à des déclarations contradictoires, les données étant imparfaitement maîtrisées, faute d'une vision stratégique, d'une synchronisation de la sphère réelle et financière d'une part et de la sphère économique et sociale d'autre part. comme en témoigne des déclarations contradictoires.. L'ex-ministre des finances Benkhalfa l'avait évalué dans un entretien à une télévision privée entre 40 et 50 milliards de dollars et en 2016, l'ex premier ministre Abdelmalek Sellal a donné le montant de 37 milliards de dollars (APS) et en septembre 2017, contredisant tous ces organes officiels, le premier ministre Ahmed Ouyahia donne un autre montant 17 milliards de dollars.
Selon Deborah Harold, enseignante américaine de sciences politiques à l'université de Philadelphie et spécialiste de l'Algérie, se basant sur des données de la Banque d'Algérie, l'économie informelle brasserait 40/50 % de la masse monétaire en circulation. L'ex-ministère du Commerce avait confié en 2014/2015 selon l'APS que la sphère informelle représenterait 45% de la superficie économique. Selon l'ONS l'économie informelle représente selon les chiffres officiels près de 45 % du Produit intérieur brut (PIB) et que les effectifs dans la sphère informelle peuvent varier entre 30/40% de la population active, certaines données étant reprises par le Ministère du Travail qui en 2015 donnait 30%. Or ces propos donnent l'impression d'un manque de coordination vis-à-vis de la vision future de la politique économique du pays. Il s?agit d'éviter des confusions et d'expliquer la méthodologie sur laquelle repose de la méthode de calcul, car plusieurs approches peuvent être utilisées pour évaluer l'activité dans le secteur informel. Là où les approches choisies dépendront des objectifs poursuivis, qui peuvent être très simples, comme obtenir des informations sur l'évolution du nombre et des caractéristiques des personnes impliquées dans le secteur informel, ou plus complexes, comme obtenir des informations détaillées sur les caractéristiques des entreprises impliquées, les principales activités exercées, le nombre de salariés, la génération de revenus ou les biens d'équipement.
Le choix de la méthode de mesure dépend des exigences en termes de données, de l'organisation du système statistique, des ressources financières et humaines disponibles et des besoins des utilisateurs, en particulier les décideurs politiques participant à la prise de décisions économiques. (voir étude du professeur Abderrahmane Mebtoul décembre 2013- Institut Français des Relations Internationales Ifri 2ème Think Tank mondial en 2017)- « poids de la sphère informelle au Maghreb et incidences géostratégiques ». Il s'agira d'éviter cette confusion dans le calcul du montant de la sphère informelle en différenciant plusieurs méthodes de calcul qui donnent des montants différents soit par rapport au produit intérieur brut( PIB), par rapport aux effectifs employés, par rapport à la masse monétaire en circulation et le montant des devises échangé sur le marché parallèle. Car cette cacophonie au niveau officiel, est d'une extrême gravité car sans système d'information fiable, avec la percée de la théorie de l'intelligence économique, aucune prévision et politique économique cohérente n'est possible les pertes pouvant se chiffrer en milliards de dollars. Il s'agit d'expliciter clairement pourquoi plusieurs mesures tant des chèques que de l'obligation de déposer l'argent de la sphère informelle obligatoirement au niveau des banques algériennes, que l'emprunt obligataire malgré des taux d'intérêts élevés supérieurs à ceux des banques, ont eu un impact très limité renvoyant toujours à la confiance et au fonctionnement global de la société.
Comparer le comparable
Au moment où le projet était discuté j'avais proposé au gouvernent non conventionnel, l'introduction d?une clause pour son plafonnement afin de rétablir la confiance et l'institutionnalisation a dans cette loi du comité de surveillance composé d'experts indépendants pour éviter toute dérive.
Par ailleurs, concernant le financement non conventionnel, évitons la comparaison avec l'Europe, le Royaume Unis , le Japon( trois monnaies internationales convertibles et de grandes puissances économiques) et surtout les Etats Unis d'Amérique , le dollar étant une monnaie internationale qui finance à la fois l'économie américaine mais également le reste du monde, avec un fort déficit budgétaire, depuis la décision de Nixon de décréter la non convertibilité du dollar vis-à-vis de l'or (1971). Pour le cas du Japon c'est un pays qui a une grande épargne, la dette intérieure étant couverte par cette même épargne, les Japonais ayant préféré 'endetter leur Etat plutôt que d'augmenter les impôts expliquant la déflation. Pour le cas de la Turquie, pays émergent, ayant connu par le passé une dérive monétaire, cette dernière a été amortie car possédant d'importantes capacités productives.
Comparons pour plus d'objectivé des cas similaires comme le Venezuela et le Nigeria pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Selon le Dr Paul Craig Roberts qui a été conseiller économique du président Reagan et du sous-secrétaire du Trésor de l'administration Reagan au début des années 1980 et qui est devenu l'un des pères fondateurs des Reaganomics en particulier par sa contribution à la réforme de la «Loi de l'impôt» de 1981 dans l' American Herald Tribune 21 septembre 2017 je le cite :
«l'effet de l'impression de l'argent semble dépendre de ce qui est fait avec lui et de la façon dont il entre dans l'économie.
Les États-Unis, par exemple, ont imprimé une énorme somme d'argent au cours des 10 dernières années. Au lieu d'entrer dans l'économie de consommation et d'augmenter les prix, l'argent est entré dans des instruments financiers, ce qui augmente les prix des obligations et des stocks. Si un pays a des ressources, il peut créer de l'argent pour développer les ressources et ne pas compter sur des prêts étrangers. Si la monnaie du pays est négociée à l'échelle internationale, le pays risque de créer de l'argent, ce qui entraînerait des marchés spéculant contre la monnaie du pays et réduisant sa valeur d'échange. Ce serait très coûteux si le pays dépend des importations. Aussi selon cet éminent économiste, il faut éviter de comparer l'utilisation du financement non conventionnel que propose d'utiliser l'Algérie avec celle des USA devant comparer le comparable ».
Le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir après consultation de nombreux experts internationaux et nationaux, la conclusion est la suivante : contrairement à certaines affirmations non fondées, ignorant le fonctionnellement du système monétaire international en mutation, il existe une corrélation indirecte, en cas de rigidités structurelles, et sans contreparties productives , pour le financement non conventionnel entre le taux d'inflation et la cotation d'une monnaie et ce combinée avec les effets d'autres variables et paramètres macro-économiques et macro-sociaux internes et d'effets externes.
br / L'Algérie souffre cruellement de prospectives en ce monde instable et turbulent avec de profondes mutations géostratégiques qui s'annoncent 2018/2030. Je souhaite que l'ensemble des projets inscrits dans le programme soit individualisés et que leur mode de financement (part dinars, devises) année par année soit clairement défini avec leurs impacts sur la trajectoire budgétaire, le taux de croissance et le taux de l'emploi.
En cette période difficile de tensions budgétaires, personne n'ayant le monopole de la vérité et du nationalisme, l'Algérie doit mobiliser tous ses enfants sans exclusive, favoriser le dialogue productif, évitant les dissensions inutiles ou pouvoir, opposition et experts non organiques, doivent contribuer au redressement national dont une croissance négative ou faible, devant être supérieur au taux de croissance démographique, peut avoir des répercussions tant nationales, sociales, politiques que géostratégiques au niveau de la région existant un lien dialectique entre sécurité et développement.
Evitons de fonder une politique économique sur des modèles économétriques appliqués aux pays développés déconnectés des réalités nationales dont certains experts, qui avaient pronostiqué en 2014 le retour d?un cours du pétrole à plus de 100 dollars.
Devant l'ex premier ministre et les membres de son gouvernement dans ma conférence au Club de Pins le 26 novembre 2014, dans plusieurs interviews les médias publics et privés nationaux et médias internationaux (voir www.google.com Mebtoul 2014/2016), j'avais proposé un comité de crise de crise chargé de proposé des mesures opérationnelles de réformes au sein du conseil économique et social en léthargie depuis des années. Induit en erreur par certains experts ou intellectuels organiques aux ordres, les responsables ne nous ont pas écoutés et nous en payons aujourd'hui les conséquences de cette imprévision.
L'Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions sociales 2020/2022. Avec le niveau des réserves de change bien qu'en baisse, l'Algérie ne connait pas encore de crise financière mais une crise de gouvernance. Mais le risque sans correction de l'actuelle politique économique et notamment industrielle dont le résultat est mitigé, contrairement à certains discours démentis par le terrain, est d'aller droit vers le FMI horizon 2022 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance. Ce qu'aucun patriote ne souhaite.
(A suivre)
Professeur Abderrahmane Mebtoul
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