Algérie

Rappel à l'ordre des enseignants et chercheurs: Le oui mais du ministère



La note «G28/SG» du secrétariat général du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dont «Le Quotidien d'Oran» a évoqué la quintessence dans son édition du 21 juin dernier, a suscité la réaction du ministère en question.

Dans cette note du secrétariat général du ministère aux établissements d'Enseignement supérieur et de Recherche, les enseignants universitaires et les chercheurs sont très fermement rappelés à l'ordre sur un aspect: «la participation des universitaires algériens aux manifestations scientifiques organisées à l'étranger».

Elle évoque d'autres sujets mais sur ce point précis le ton est tranchant. Ce sont les conditions dans lesquelles se déroule la participation des chercheurs algériens à des colloques à l'étranger qui mécontentent le ministère de tutelle.

Une mise au point utile

Dans une mise au point écrite, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique indique, notamment, que « la circulaire a attiré l'attention des enseignants sur la participation à des manifestations organisées, sous le couvert scientifique, par des lobbies et ayant un caractère sensible sur la politique étrangère et les intérêts nationaux, qui peuvent amener les participants, à travers des pétitions et des motions, à prendre des positions contraires aux intérêts nationaux».

 «C'est pourquoi, ajoute la mise au point, le ministère a demandé à être informé sur les cas de participation à des manifestations pouvant revêtir un caractère sensible afin de se prononcer sur l'opportunité et d'organiser la concertation avec le ministère des Affaires étrangères». Sur cet aspect qui a suscité des commentaires divers dont de la réprobation, cette mise au point apporte quelques éléments d'éclairage nouveaux.

 Elle a la vertu d'informer les enseignants universitaires et les chercheurs de l'existence de lobbies - que le ministère ne nomme pas - qui pourraient les manipuler. Mieux, elle attire leur attention sur le risque qu'il y a de signer des pétitions et des motions «contraires aux intérêts nationaux».

 Politiquement, ils devront être sur leur garde. Enfin, cette mise au point confirme que cette note du secrétariat général du ministère est pour le moins un rappel à l'ordre des enseignants universitaires et des chercheurs. Dans la pratique, ils auront à vérifier, par eux-mêmes, si cela se traduit ou pas, par des restrictions.

De la liberté d'initiative

La note «G28/SG» datée du 18 mai dernier, dont nous avons eu une copie, reproche aux enseignants universitaires et aux chercheurs leur liberté d'initiative ou du moins les excès qui auraient été constatés dans l'exercice de cette liberté. Ses rédacteurs font comprendre que celle-ci s'arrête là où commencent «les intérêts nationaux» et la «cohérence de l'action internationale de l'Etat et de ses activités diplomatiques». Le ton est radical: «la liberté d'initiative ne saurait être tolérée lorsque les intérêts ou la politique étrangère du pays sont concernés».

 Elle ne cite aucun exemple. Des enseignants universitaires en droit ou science politique affirment n'avoir pas été interpellés par leur administration sur ce genre de sujet. Ils sont étonnés du contenu de cette note. La participation de chercheurs algériens à des forums étrangers «sans avoir pris le soin et la précaution de recueillir l'accord préalable du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique» n'est plus tolérée. Cette note de cinq pages annonce que cette «pratique» doit être «annihilée définitivement». Elle fixe la procédure qui doit être désormais respectée, impérativement.

 Ainsi, «la participation… à des conférences ou colloques organisés à l'étranger, pouvant représenter un caractère sensible pour la politique étrangère du pays ou pour des intérêts nationaux, est subordonnée à l'accord préalable du ministère…qui se prononcera sur l'opportunité de la participation, lorsque les dits évènements revêtent une sensibilité évidente».

 Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) avait, rappelle-t-on, regretté la mesure du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, concernant la restriction de la participation de chercheurs algériens aux congrès à l'étranger, la qualifiant de «pénalisante». Cette mesure restrictive de participation aux congrès à l'étranger »ne peut être considérée que pénalisante et porte atteinte à toute la communauté universitaire», avait estimé le CNES dans un communiqué.




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