Algérie

Rappel à l'ordre


Jamais l'Armée algérienne n'aura communiqué plus que ces dernières années et à l'approche de l'élection présidentielle d'avril 2019, sa sortie médiatique ne pouvait pas passer inaperçue. Le fait d'avoir entendu tout le monde ou presque donner son avis sur la question, certains parlant au nom de l'institution ou au nom du peuple sans en être mandaté, a fini par faire sortir la «grande muette» de son relatif silence et, le message ne peut être qu'entendu et pris au sérieux par ses destinataires.Le communiqué des Tagarins a expressément ciblé les anciens de la maison, les accusant d'être à la solde de «cercles occultes» pour l'assouvissement d'ambitions personnelles «démesurées». Si l'Armée a rejeté les appels de certains politiciens à s'inscrire dans le processus politique national, c'est la première fois qu'elle s'en prend aussi violemment à ses propres enfants (les adjectifs utilisés sont sans ambages) à travers des accusations pour le moins graves qui peuvent être assimilées presque à de la trahison. L'enjeu: une présidentielle qui déchaîne les passions en absence de tout repère indicateur de la direction du vent. Pourtant, face à ce silence sidéral qui entoure cet événement, on ne peut pas reprocher aux uns et aux autres de commenter les à-côtés de ce scrutin qui sort de l'ordinaire de par son opacité. A moins de quatre mois, personne n'est en mesure d'avancer ne serait-ce que l'ombre d'une certitude concernant le maintien de sa date initiale, de la candidature de Bouteflika ou des scénarios dégagés au cas où le chef de l'Etat sortant ne se représenterait pas pour un cinquième mandat.
L'ANP trace de nouveau les lignes rouges, rappelés antérieurement par Bouteflika, lui-même, dans un message adressé à la nation, à l'occasion du 63e anniversaire du déclenchement de la Révolution. A propos de l'ANP, il avait déclaré qu'elle «doit être tenue à l'abri des surenchères et des ambitions politiciennes». Ce n'est pas la première fois que l'Armée est interpellée publiquement à s'impliquer dans le jeu politique national. Considérée comme un atout majeur dans la stabilité du pays, l'Armée fait toujours fantasmer sur le rôle effectif qu'elle pourrait jouer. Certains y cherchent une version turque, d'autres veulent la voir plus visible dans le champ politique ou jouer l'arbitre quant à la succession de Bouteflika, mais il est dit que l'Armée ne veut pas se départir de ses missions constitutionnelles.
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