Algérie - Revue de Presse

Rapatriement des Algériens de Guantanamo «L'Algérie n'acceptera aucune condition»



L'Algérie n'acceptera aucune condition pour le rapatriement des Algériens détenus dans la prison américaine de Guantanamo. Les déclarations faites hier par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, marquent les positions officielles de l'Algérie sur ce dossier, sujet à polémique depuis quelque temps. «Qu'il existe ou non des conditions, nous n'en accepterons aucune», a tenu à préciser Belaïz, en marge de la conférence gouvernement-walis. Le ministre a par ailleurs tenu à rappeler que «personne ne pourra interdire aux Algériens de retourner dans leur pays et si ces derniers ont commis des crimes, ils seront jugés selon la loi». Dans la foulée, Belaïz a apporté un démenti formel aux informations faisant état d'un refus de certains détenus algériens de retourner au pays. «Aucun Algérien détenu à Guantanamo n'a refusé de revenir au pays», dit le ministre, rappelant au passage qu'une délégation algérienne de haut niveau s'est rendue dans cette prison et a recensé 17 détenus algériens. Le ministre de la Justice avait déjà évoqué le cas de ces détenus en juillet dernier, affirmant qu'ils seront transférés en Algérie pour y être jugés. «Un groupe de travail mis sur pied pour prendre en charge l'affaire des Algériens détenus à Guantanamo s'est rendu sur place et a confirmé l'identité de 17 Algériens», avait précisé le ministre. «Leur procès se déroulera en Algérie, conformément à la loi algérienne, dans le cas où ils seraient reconnus coupables d'un quelconque crime, sans condition ni contrainte de quelque partie que ce soit», avait-il ajouté. Bien avant le déplacement de la délégation algérienne, Washington avait émis, en juillet dernier, le souhait de remettre aux autorités algériennes sept de leurs ressortissants détenus à Guantanamo dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Selon l'ambassadeur américain à Alger, Robert S. Ford, les Etats-Unis conditionnent leur rapatriement à la garantie qu'ils ne subiront pas de «mauvais traitements» en Algérie et «qu'ils ne retourneront pas à l'action terroriste». L'Algérie estime que ces deux conditions constituent une immixtion dans ses affaires intérieures. Il faut dire que le dossier des détenus algériens de Guantanamo fait l'objet d'intenses discussions entre les officiels algériens et américains, pour lever les entraves liées au rapatriement des derniers prisonniers algériens encore détenus dans cette prison à la sinistre réputation. Il y a tout juste une semaine l'ambassadeur américain M. Robert Ford qui s'exprimait en marge d'un séminaire sur le règlement du contentieux lié PME/PMI, avait indiqué que les Etats-Unis espèrent que les détenus algériens puissent retourner en Algérie, ajoutant qu'à ce sujet, des «discussions sont en cours avec le gouvernement algérien» et que «les choses avancent». Il y a quelques mois, le président américain George W. Bush avait indiqué que «certains pays étaient réticents» à accueillir leurs ressortissants détenus à la prison de Guantanamo. «J'ai déjà dit que nous devrions avoir pour objectif la fermeture de Guantanamo», a-t-il déclaré. «Mais j'ai aussi expliqué qu'une des raisons de ce retard est la réticence de certains pays à rapatrier certains des prisonniers», avait-il dit, ajoutant que «pour que cela marche, il faut qu'ils aient un endroit où aller. C'est un problème très compliqué», a-t-il dit, car «de nombreux pays qui devraient recevoir ces prisonniers n'en veulent pas». «Nous voulons nous assurer lorsque nous les renvoyons qu'ils sont traités aussi humainement que possible», avait affirmé le président américain. Le centre de détention de Guantanamo, ouvert en janvier 2002, compte environ 375 détenus. Entre 60 et 80 pourraient être traduits devant un tribunal spécial et 80 autres rapatriés. Les plus de 200 restants, que le gouvernement américain ne veut ni inculper ni libérer, comptent sur une décision de la Cour suprême pour sortir de ce trou noir juridique. Signalons enfin que le ministre de la Justice a indiqué hier que l'ex-chef du GSPC Hassan Hattab sera jugé le 4 novembre prochain, «selon la loi». Sur les critiques d'Interpol quant au traitement par la justice algérienne des affaires économiques, il a relevé que «ce genre d'affaires nécessite du temps pour leur expertise». Il a indiqué, par ailleurs, que le taux d'exécution des jugements civils a dépassé les 86%.


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