Algérie

Raouraoua reçoit Madjer, Benchikha, Khalef et Saâdane à Johannesburg



Le mobile de Mohamed Raouraoua sonne. « C'est le président de la République », lui annonce une voix grave. Le visage perlant de sueur et la voix hésitante, Raouraoua répond : « Sbah lkheir sid Erraïs. » « Mohamed, débrouille-toi pour me régler cette histoire de sélectionneur, j'en ai marre de lire ce feuilleton tous les jours dans les journaux, est-ce clair ! » « Oui, Monsieur le Président ! », répond El Hadj Raouraoua, un peu confus. Le lendemain, un petit appareil d'Air Algérie affrété par la Présidence achemine les heureux prétendants au poste de sélectionneur à l'aéroport de Johannesburg. Aussitôt débarqués, Madjer, Benchikha, Khalef et Saâdane, s'engouffrent dans une limousine noire mise à leur disposition par l'ambassade d'Algérie à Pretoria sur instruction de Boutef.Direction l'hôtel Intercontinental de Johannesburg. Au 15e étage, dans sa suite présidentielle, Raouraoua farfouillait dans ses documents et ses fiches quand un agent consulaire lui annonça l'arrivée de la délégation.L'air préoccupé, El Hadj Mohamed ajuste ses lunettes et lance : « J'arrive ! » Deux minutes après, il rejoint le groupe dans le salon, affichant un sourire forcé de devoir choisir un sélectionneur de foot à 15 000 km d'Alger ! Raouraoua s'attarde un peu avec Mahieddine Khalef avec qui il échange de chaudes embrassades et autres accolades. Madjer, Benchikha et Saâdane se regardent'Ils pensèrent que la messe est dite d'entrée. Ayant saisi au vol ces regards croisés, Raouraoua dévisage le triumvirat et rassure : « Cela fait très longtemps que je n'ai pas revu Si Mahieddine' » Madjer, visiblement soulagé, hoche la tête et sourit, histoire de détendre une atmosphère crispée par ce faux baiser de Judas. Mohamed Raouraoua reprend : « Mes amis, nous sommes là pour décider de l'avenir de notre sélection qui nous est chère à tous. Si ça ne tenait qu'à moi, je vous aurais choisis tous les quatre, ne serait-ce que pour avoir fait tout ce chemin' J'apprécie vraiment votre sacrifice pour les couleurs nationales mais je dois choisir un seul parmi vous ; comme il m'a été demandé d'Alger. » Raouraoua regagne son bureau et entame son casting.L'un après l'autre, les quatre prétendants font le grand oral comme devant l'examinateur d'une auto-école. Madjer : « L'hadj, c'est vrai qu'entre moi et vous ce n'est pas vraiment une belle histoire à raconter, mais je vous assure que j'ai mûri depuis, et j'ai beaucoup appris au Qatar où j'ai côtoyé de grands techniciens. Soyez certain que je ne suis plus le type qui peut déchirer son contrat en direct à la télévision. D'ailleurs, Hafid Derradji est à Doha donc pas de problème de ce côté-là. J'aimerais ajouter une chose s'il vous plaît' » « Vas-y », lui dit Raouraoua. « Je ne peux rester insensible à l'appel de la patrie ; tenez, aujourd'hui, un sondage populaire publié dans la presse m'a plébiscité comme successeur de Saâdane. » Raouraoua griffonne quelques notes sur son carnet. En se dirigeant vers la porte, Madjer revient sur ses pas et lance : « El Hadj, n'oubliez pas que j'étais directeur de campagne de Bouteflika à Doha ! » Un argument massue, pensa Raouraoua.Benchikha : « Bonjour L'hadj, c'est vraiment un immense plaisir de travailler avec vous. Cela est beaucoup plus important à mes yeux que ce poste de sélectionneur. Vous savez L'hadj, que je n'ai pas osé critiquer Saâdane sur le plateau d'Al Jazeera Sport même si ses choix furent incroyables. J'ai aussi brillamment réussi, comme vous le savez, à qualifier les A' au CHAN. Et puis, savez-vous comment ils m'appellent les garçons ' Général ! » « Comment ' Tu as un général derrière ' », interroge Raouraoua. « Non, je veux juste dire que les joueurs me respectent tellement qu'ils m'appellent général », précise Benchikha. Khalef : « Si Mahieddine, entre nous, tu es le meilleur, mais ton nom donne encore des frissons en haut lieu' » Ayant compris le message, Khalef esquisse un sourire et dit : « Je vous ai compris, président », avant de prendre congé de son hôte. Alors que Saâdane s'apprêtait à entrer, Raouraoua lui barre la route et lui dit : « Win cheikh, toi et moi on se connaît non !' »Raouraoua rejoint une nouvelle fois le salon, remercie ses invités d'un matin et promet de transmettre ses annotations aux décideurs d'Alger.


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