Algérie

Randonnée à la découverte du Djurdjura “Que la montagne est belle!”



Randonnée à la découverte du Djurdjura “Que la montagne est belle!”




A Saharidj nous attendait notre guide, Bouhou Messara, étudiant, connaisseur de la montagne. Après presque 30 minutes de route, on marque un arrêt. Nous sommes à Tala Rana.

Qui n’a pas rêvé un jour d’escalader les montagnes du Djurdjura, d’arriver au point culminant, Tamgout, ou Lalla Khelidja, à 2.308 mètres d’altitude. L’Association des activités scientifiques de la commune de Chorfa relevant de la wilaya de Bouira, a organisé, récemment, une randonnée pédestre vers le sommet de Tamgout.

Le point de départ a été donné à Chorfa, une commune située à 45 km à l’est de Bouira, et ce, vers 6h30. Une dizaine de randonneurs nous attendaient dans le minibus. A Saharidj, nous attendait notre guide, Bouhou Messara, étudiant, connaisseur de la montagne. Après presque 30 minutes de route, on marque un arrêt. Nous sommes à Tala Rana, une station climatique «abandonnée», qui s’élève à 1400 mètres d’altitude. A ce point, les véhicules sont interdits d’accès, sauf les bêtes de somme, et ce, avec difficulté. Chacun des randonneurs est muni d’un sac à dos rempli de denrées alimentaires. L’escalade vers le sommet a commencé à 7 heures.

Au cours de la route, sur les chemins tortueux on découvre une partie de la richesse et la diversité floristique et faunistique du Djurdjura.

L’on compte 122 espèces d’oiseaux dont 32 sont protégées

Un décor naturel somptueux s’offre au plaisir des yeux des randonneurs. Cette verdure et diversité sont favorisées par la forte pluviométrie atteignant plus de 1.500 Ml par année sous forme de pluies et neiges. Dans ces endroits, les singes magot peuplent les arbres du cèdre millénaire de l’Atlas qui sont connus par leurs belles futaies. Les rapaces, dont l’aigle royal survolent à tout moment et guettent tout ce qui bouge sur terre. L’on compte 122 espèces d’oiseaux dont 32 sont protégées, 18 rapaces et 14 passereaux. L’on nous signale aussi la réapparition des hyènes rayées dans les forêts du Djurdjura. Dans les pâturages, des troupeaux de bovins paissaient en toute tranquillité. Ces derniers sont souvent surveillés de loin d’un œil vigilant par leurs propriétaires. Dans de différents endroits de l’imposant Tamgout, les sources d’eau naturelle jaillissent à longueur d’année, dont la fameuse Source Noire (Lainsar Averkane) à Saharidj qui alimente de nombreuses communes et villages de la wilaya de Bouira. 12 autres sources ne sont pas encore exploitées, donc à l’état naturel.

La main de l’homme ne les a pas encore atteintes Après 3 heures 30 minutes de marche entre les forêts entrecoupées par des escarpements rocheux, nous voila enfin au sommet! A cette hauteur loin de la pollution atmosphérique, l’air est des plus purs. Il est souvent mélangé avec l’odeur des arbres et des fleurs odorantes en abondance. Un point un panorama grandiose s’offre aux yeux. L’on domine de vue une infinité de villages suspendus, ainsi que les villes de Bouira et de Tizi-Ouzou, et toute la vallée de la Soummam. Les deux barrages hydrauliques de Tilesdit à Bouira et Taksebt de Tizi-Ouzou sont visibles à l’œil nu comme deux taches bleuâtres. D’en bas, Tamgout prend une forme pyramidale. Mais une fois sur le sommet, c’est complètement différent.

De géantes falaises dessinées par des torrents violents résument des millions d’années d’existence. Après une séance photo, il est midi, place au déjeuner. Une pause est obligatoire pour la digestion. Une heure passée au sommet, c’est le chemin du retour par le versant nord de la montagne jusqu’au col de Tizi N’koulal sur la RN 30 où le minibus nous attendait vers 16 heures du soir après une journée inoubliable. Encore des paysages féeriques sur notre passage.

Autrefois, les visiteurs affluaient vers le sommet du Djurdjura en passant par le mausolée de Lalla Khedidja, situé à Ivelvaren, plus exactement à Tala Vouhrev. Lalla Khedidja est considérée comme la sainte patronne de Tamgout. Une femme pieuse et poétesse. Ce rite date de plusieurs siècles. Le pèlerinage dure pendant 7 mercredis lors du mois de mai. Puis tout le monde prend la route jusqu’au sommet, muni de denrées alimentaires pour y passer la nuit. Le mont Djurdjura est omniprésent dans la chanson et les dictons kabyles. Il est le symbole de la fierté et de la résistance.

Comment s’y rendre à Tamgout:

à partir de la commune de M’chedallah à 45km à l’Est de la wilaya de Bouira, on doit emprunter la RN 30 en passant via la commune de Saharidj et la localité d’Ath Hamad. A la sortie d’Ath Hamad, à environ 2 km, on aperçoit à droite une route de montagne qui mène vers Tala Rana. Pour aller de Tala Rana vers le sommet, il faut qu’il y ait un guide.


Une association écologique à la rescousse de Tamgout:

L’association écologique Tamgout (AET), de la commune de Saharidj, wilaya de Bouira, a été fondée récemment par un groupe de jeunes afin de préserver la biodiversité de Tamgout. Dès son lancement, 250 arbres du cèdre de l’Atlas ont été plantés avec la collaboration des services des forêts de la wilaya de Bouira à Tala Rana. 200 autres arbres à Agouni Bouzid. Son secrétaire général, Bouhou Messara fait un constat amer de la situation.

« A chaque fois que je fais le tour à la montagne, je trouve des déchets jetés par-ci par là. C’est l’œuvre des passagers et des ivrognes. Les feux de forêt ont ravagé plus de 50 hectares du cèdre de l’Atlas ». L’insouciance et l’éloignement de l’homme de la nature engendrent ce genre de dépassements, ajoutant à cela le manque de sensibilisation à ce sujet. « L’homme s’est détaché de la nature.

C’est ce qui nous a poussé à créer cette association. Nous organisons souvent des actions de collecte des déchets malgré le peu de moyens dont nous disposons », dira Bouhou Messara. Un autre danger qui guette la nature au mont Tamgout est la décharge communale de Saharidj située à Aichaibou sur la RN 30. Notre interlocuteur renchérit, « On aspire à planter 1.000 arbres chaque année, toujours en collaboration avec les services des forêts de la wilaya de Bouira. Ainsi que l’organisation des journées de sensibilisation ». O. A.

Omar Arbane



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