L'hôpital a mal de ses médecins. Le sal-air des pavillons empoisonne l'atmosphère et les paramédicaux sont fatigués de travailler dans des mouroirs. La morgue de certains responsables n'arrange pas les choses. A ce train, les grands-mères vont devoir ouvrir des officines pour prescrire des herbes à cueillir dans les forêts et maquis de nos djebels, hantés par l'insécurité. C'est de la violence. Dans les services de l'état civil, on ne sait plus transcrire des noms et les documents sont bourrés de fautes. Pris pour un fou, un père de famille criait à tue-tête, «El hamdoulillah fi bladna, on est à la pointe ! On transforme les hommes en femmes». C'est qu'en recevant l'extrait de naissance original de son garçon qu'il devait marier, il s'aperçoit qu'il était inscrit sur les registres de dar el mir «sexe féminin». Lui gueulait, les autres riaient. Si ce n'est pas de la violence…La violence règne dans la cité. Et ce n'est pas en renforçant les rangs des agents de l'ordre qu'on y viendra à bout. Car, il s'agit, ici, de la violence qui est engendrée par l'insécurité, la vraie. Celle qui rend la vie difficile. Celle qui pousse l'individu vers les tranquillisants, celle-là qui provoque des souffrances physiques et psychologiques. Celle des mois difficiles où les factures s'accumulent et les dettes s'entassent. L'insécurité qui réside en la peur de perdre son emploi, dans l'angoisse des lendemains qui n'en finissent pas de désenchanter. La violence engendrée par le manque de logements, des sans-toit ni loi face à la parade obscène de ces nouvelles fortunes pétries, on ne sait où, grâce à des agents de l'ordre économique et des lois faites sur mesure. C'est dans ce climat que la population va accueillir le tramway qui les conduira, plus vite et sûrement, au nulle-part. C'est dans ce climat que se construit la plus grande mosquée des mosquées. C'est dans ce climat que bientôt on va accueillir les nouveaux partis qui auront pour mission de créer un embouteillage politique sur l'autoroute de la démocratie de l'asphalte. C'est dans ce climat qu'on va demeurer fi dlima.
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Posté Le : 09/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Guellil
Source : www.lequotidien-oran.com