Algérie

Ramdaniet



LE MALADE (1re partie)
C'était l'heure de la rupture du jeûne. Le muezzin avait appelé à la prière du maghreb, et Fatima avait commencé à déposer les mets du f'tour sur la grande table de la salle à manger.
Mustapha, son mari, et son beau-frère Lyès s'acquittaient de leur prière dans leurs chambres respectives.
Fatima, en femme avertie, avait prévu un menu des plus variés. En somme, la table était bien garnie, tandis que sur une meïda trônaient dattes et gâteaux ainsi que du café et du thé.
S'étant acquittés de leur devoir religieux, les deux hommes s'attablèrent, et chacun d'eux se concentra sur le contenu de son assiette. La faim leur ayant cloué le bec, on n'entendait plus que le cliquetis des cuillères.
Un coup à la porte d'entrée les tire de leur mutisme.
-Mais qui vient donc nous déranger à cette heure-ci ', demande Lyès, en jetant un coup d'?il interrogateur à sa belle-s?ur.
-Je ne sais pas, dit Fatima, peut-être un voisin. Ou quelqu'un qui a besoin d'aide.
Mustapha se lève, dépose sa serviette et alla ouvrir.
-Ah ! c'est toi !, s'exclame-t-il avec un grand sourire en reconnaissant son cousin du bled. Entre donc ! Sois le bienvenu.
-Je m'excuse, dit le cousin. Je devais arriver plus tôt. Mais tu connais les bus. Ils n'ont jamais d'horaires précis.
-Ne t'en fais donc pas. Tu n'es pas un étranger. Allez, ôte ton blouson et viens vite te mettre à table, tu dois avoir bien faim.
-Ah ! mon cher cousin, tu peux le dire !
Il se met à humer les senteurs culinaires qui taquinaient son
odorat.
-Cela sent vraiment bon. Fatima a dû préparer un festin.
-Grouilles-toi donc pour y faire honneur.
Le cousin suivit Mustapha dans la salle à manger où Fatima et Lyès l'accueillirent avec une joie non feinte et un brin d'étonnement.
Mais comme l'heure n'était pas aux palabres, ils ne voulurent point embarrasser ce cousin, qu'ils ne voyaient pas souvent de surcroît, par des questions qui peuvent par ailleurs bien attendre.
L'homme s'installe, et Fatima s'empresse de rajouter un couvert et de le servir. Le cousin sourit en se frottant les mains et s'attaque à son f'tour.
En deux temps, trois mouvements, il engloutira sa chorba bouillante et en redemandera deux fois. Puis, regardant autour de lui, il s'attaquera aux poivrons, dont il fera disparaître une bonne dizaine avant de s'en prendre au hors-d'?uvre, puis aux petits pois qu'il trouvera à son goût et n'hésitera point à dévorer tout le contenu du plat. Se léchant les babines, il se fera ensuite servir deux assiettes de l'ham lahlou.
Puis après avoir roté à plusieurs reprises, il avalera une bonne part de dattes puis de gâteaux secs, arrosés par alternance de café et de thé.
(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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