Ramdaniet

La chorba était trop chaude (1re partie)
Faouzi traînait la savate à travers les couloirs de la société qui l'employait comme agent d'administration. Il n'est pourtant que 13h30. Mais le jeûne et les longues veillées ont eu raison de lui. Si bien que son manque de sommeil se faisait de plus en plus ressentir, au point où il peinait à entrouvrir les yeux. Vers les coups de 14h, il décida de faire un saut au marché, question de dénicher quelques fruits pour le f'tour. Il erra longtemps à travers les étalages et s'approvisionna non seulement en fruits, mais aussi en légumes, viandes et pains et terminera sa tournée devant un étalage d'herbes fines où il optera pour un bouquet varié de coriandre, menthe, persil, etc.
"La chorba d'aujourd'hui sera succulente avec ces herbes", se dit-il.
Il était déjà 16h30, mais il ne consentira à rentrer chez lui qu'après un saut chez le pâtissier du quartier pour l'achat de quelques viennoiseries et gâteaux traditionnels.
Arrivé au portail de son immeuble, il se met à humer déjà les différentes odeurs culinaires, qui titillaient ses narines.
Que lui servira-t-on donc à l'heure du f'tour ' Voyons un peu. Rabia, sa jeune femme, a sûrement pensé à préparer un l'hem lahlou ou une chtitha.
Ployant sous le poids de ses deux couffins, il se met à monter péniblement les escaliers avant d'atterrir au seuil de son appartement situé au troisième étage. Sa femme le débarrassa de ses nombreux paquets et déposa les couffins dans la cuisine. Faouzi se laisse choir sur une chaise et reprend péniblement son souffle. Il jette un coup d'?il autour de lui, puis s'adresse à son épouse :
-Rabia, as-tu pensé à préparer la chorba '
La jeune femme secoue la tête.
-Voyons, Faouzi, nous avons rompu le jeûne trois jours durant avec une chorba. Pour changer, j'ai pensé à préparer une bonne soupe de poisson.
Faouzi est perplexe.
Quoi ! Nous n'aurons pas de chorba aujourd'hui '
Rabia soupire.
-Tu n'en as pas marre de cette chorba, Faouzi '
Il donne un coup de poing sur la table.
-Non. Je n'en ai pas marre. Tu ferais mieux de me préparer une bonne chorba et tout de suite. Regarde un peu dans le panier. J'ai ramené une bonne variété de fines herbes. Allez, vite, mets ta marmite sur le feu et prépare la chorba.
-Mais ya radjel, tu sais l'heure qu'il est ' Nous n'avons plus qu'une heure avant l'adhan et je dois encore faire cuire ma galette, préparer le hors-d'?uvre et le café.
Faouzi s'emporte.
-Moi, je veux ma chorba, et tant pis pour le reste. Tu entends ' Je veux ma chorba. Ma chorba !
Rabia se voit contrainte de revoir son menu, et se met illico presto à préparer une chorba. Elle éplucha les légumes, les lava et les découpa en petits dès avant de les jeter dans la petite marmite qui bouillonnait déjà sur le feu.
(À SUIVRE)
Y. H.
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