Algérie

Ramdaniet



Le lait de la vieille
Halima était une vieille femme dotée d'un caractère des plus grincheux. Déjà, en temps normal, son entourage avait du mal à la supporter, alors que pendant le mois de Ramadhan, elle devenait carrément exécrable.
À longueur de journée, on l'entendait calomnier ses belles-filles, battre ses petits-enfants et se disputer avec les voisins qui l'évitaient comme la peste. Nonobstant ces désagréments, son entourage tentait de lui être agréable, et endurait tant bien que mal ses sautes d'humeur.
Tous les matins, Halima, qui s'occupait du budget familial, se rendait au marché et revenait vers la mi-journée, après avoir passé au crible tous les étalages, et s'être accrochée avec plus d'un commerçant. Irritée au plus haut point par les prix et le jeûne, elle déversait son fiel sur ses brus, qui, connaissant son caractère, préféraient garder le silence et laisser passer l'orage.
Oui, la vie est bien dure avec Halima, qui rouspétait pour un oui, pour un non.
À l'approche de la rupture du jeûne, la belle- mère, qui gardait l'?il sur tout, allait et venait entre la cuisine et la salle à manger, scrutant marmites, assiettes, plats, etc.
Pour cette vieille femme tout doit briller, tout doit être cuit à point et tout doit être prêt au bon moment. Sinon gare à celle à qui incombera la faute. Halima ne savait être ni indulgente ni clémente. Pour son cerveau rachitique, seule la punition et le mépris sont de mise.
Elle jette un coup d'?il à la table, essuie de son index quelques assiettes et verres pour voir s'ils n'étaient pas poussiéreux, puis ne trouvant rien à redire, elle grommelle quelque chose entre ses lèvres et se dirige vers la cuisine pour inspecter de nouveau le contenu des casseroles?
-Bon, se dit-elle? Je ne trouve rien à reprocher à ces vauriennes. Je vais de ce pas attendre le muezzin pour faire ma prière. La vieille femme étale son tapis et entendant l'adhan, elle s'acquitta de son devoir religieux avant de s'installer à la table familiale sur laquelle trônait déjà à son intention, une assiette de chorba fumante.
Halima scrute la table et serre les lèvres d'un air méprisant. Elle regarde ses fils puis ses belles- filles d'une façon si arrogante, que ces derniers se jettent des coups d'?il gênés.
-Eh bien, mère? dit Ahmed, son fils aîné, pourquoi affiches-tu cet air courroucé'
-Tu ne le sais donc pas, hein '... Et pourtant il doit bien y avoir quelqu'un d'entre vous qui pourra aisément en deviner les raisons. Je m'adresse à vous, petites
canailles?

(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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