Ramdane Bouchbouba

Dans la wilaya de Boumerdès, qui fut l'un des berceaux de la Révolution algérienne, on a tendance à passer sous silence ou parler peu des moudjahidine et des martyrs qui ont marqué l'histoire de ce pays. Parmi les victimes de cet oubli inexplicable, on peut citer Ramdane Bouchbouba, dit Si Moussa, natif de Boudouaou dont le nom est mystérieusement banni de toute commémoration. Aucune rue ne porte son nom, aucun hommage pour cet homme mort à Boudouaou en 1999 à l'âge de 75 ans. Pis encore, en 2012, une plaque commémorative portant son nom au centre-ville a été saccagée par des responsables locaux. "Boudouaou est connue pour le mépris qu'elle affiche envers ses meilleurs fils, Soltani, médaillé d'or aux Jeux olympiques, l'écrivain Rachid Mimouni ou encore Ahmed Mahsas, l'un des architectes de la Révolution : ni ruelle, ni placette au nom de ces figures, c'est affligeant", affirme Omar à qui nous avons demandé les raisons de cette négligence. Pourtant, le parcours révolutionnaire de Bouchbouba est connu par de nombreux historiens. Un livre a été édité à sa mémoire, Ramdane Bouchbouba, les chemins d'un militant, d'Oussama Siari Tengour paru aux éditions Alpha. Son nom est également cité par le célèbre écrivain et historien, Henry Alleg, dans son livre La guerre d'Algérie où il est considéré comme l'un des fondateurs du Comité révolutionnaire d'union et d'action (Crua). "Deux responsables à l'organisation du MTLD, Mohamed Dekhli et Ramdane Bouchbouba, participent à cette réunion qui va donner naissance au Comité révolutionnaire d'union et d'action (Crua)", lit-on, à la page 391. Cette réunion avait regroupé, pour rappel, Larbi Ben M'hidi, Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd et tant d'autres figures de la Révolution. Boumriche Rabah, qui vient de publier un livre sur la guerre de Libération, le cite comme l'un des organisateurs des soulèvements du 8 Mai 1945. "Devant l'ampleur de ce génocide, les membres de la direction centrale du PPA crurent, eux, que l'heure H devait être fixée. Un comité comprenant le docteur Lamine Debaghine, Taleb Mohamed, Mezghena Abdoun et Cherchali, décida de donner l'ordre de l'insurrection générale. À Boudouaou, la préparation de l'insurrection a débuté à la mi-mai 1945 sous la direction de Ramdane Bouchbouba et la date notifiée par la direction du PPA était celle du 23 mai 1945". Bouchbouba qui est très actif dans l'organisation du PPA, se dépense pour développer les idées du parti clandestin, principalement dans l'est de la Mitidja, lit-on dans le livre qui lui a été consacré. Il était alors le principal animateur du comité local de Boudouaou. "Il s'occupe intensément de la formation politique, fait lire Al Watan et l'Action algérienne, entreprend un travail de propagande auprès des soldats algériens et sénégalais stationnés dans le village, y rencontre Benkhedda Benyoucef, Benhabylès Abdelmalek." Le 29 mai 1945, Ramdane Bouchbouba reprend ses activités militantes et le 19 octobre 1946, jour des élections législatives, il est désigné responsable du bureau de vote par le MTLD. Une présence qui lui a valu d'être exclu du club de football de la ville, la JSA (la Jeunesse sportive de l'Alma). "C'est alors que Ramdane Bouchbouba décide de créer, en 1947, l'Etoile sportive musulmane de l'Alma (ESMA)", aujourd'hui ESM Boudouaou.M. T.