Ramadhan tropical

Le Ramadhan coule de paisibles journées marquées par la canicule. Les jeûneurs à l’épreuve d’une torride abstinence, s’adonnent à des sessions de rafraîchissements pour se débarrasser du coup de soleil. Les fontaines publiques en service font preuve d’assistance thérapeutique pour rafraîchir les esprits. Ils sont des milliers à s’évader vers le littoral pour consommer une dernière heure avant de rompre le jeûne. Dans cet espace très limité, on prend soin de s’assurer de ramener à la maison le chaînon manquant de la recette du jour. Côté marché de gros de Attatba, y a pas photo, entre fruits et légumes, la première option semble à portée de bourse. Cette année, c’est le style «tropicana» qui l’emporte à la cuisine. Faute de plats copieux et chers, les fruits s’installent comme entrée juste après la chorba. Du noir Cardinal, au datté, en passant par le melon, la pêche et la pomme, il y a la figue fraîche qui bouscule l’ordre pour accompagner les premières cuillerées de chorba. Dans cette atmosphère très tropicale, les viandes sont peu à peu boudées, on ne se bouscule plus devant les boucheries, sauf pour prendre de la viande hachée pour le bourak. Les gratins reviennent pour remplacer un pic de cholestérol qui vous guette. Le hasard fait bien les choses, la rahma, c’est aussi une manière de se rendre justice en s’épargnant une boulimie aux graves conséquences. La moralité du Ramadhan n’est-elle pas dans le mérite d’éviter le gâchis et se prémunir des tentations ' Les règles fondamentales du jeûne telles qu’enseignées au quotidien recommandent l’humilité devant son prochain. En guise de friandises, la pâtisserie orientale avec kalb elouze et zalabia tiennent toujours le haut du pavé ; pour le premier cité, 40 DA le morceau, quant au second, il faut plus de 200 DA pour goûter à ce succulent poussoir diabétique. Et le soir venu, à l’hôpital, les urgences enregistrent des cas d’indigestion, d’hypertension, d’hypoglycémie dus principalement à une alimentation sauvage.