Algérie

Ramadhan ou la saignée programmée Mois de la spéculation tous azimuts


Ramadhan ou la saignée programmée                                    Mois de la spéculation tous azimuts
Photo : Riad
Par Abdelkrim Ghezali
Le mois de Ramadhan est une opportunité d'affaire inégalée. Tous les prédateurs s'y attèlent sachant que l'avidité des jeûneurs sert leur cupidité. Si le recours au commerce informel, qui prospère à longueur d'année, s'explique par les bas prix même si la qualité laisse à désirer, le marché formel ne déroge pas à sa règle et à ses habitudes bien établies de spéculation sans limite face à l'incapacité des pouvoirs publics d'y mettre de l'ordre une fois pour toute. Le Ramadhan n'est qu'une occasion de plus pour gagner plus et compenser les charges que le consommateur paye malgré lui. La Fédération de défense des consommateurs est passée de l'état ectoplasmique à l'état virtuel. Le terrain est laissé au diktat des commerçants qui décident des prix et de la qualité de la marchandise comme bon leur semble. Les timides sorties des agents de contrôle du commerce n'y changeront rien. Comme si la flambée artificielle des prix ne suffisait pas, l'inflation galopante est au rendez-vous à chaque mois pour rogner davantage les bourses des ménages, réduisant ainsi les dernières augmentations des salaires à epsilon. Un exemple : tous les produits alimentaires frais ont connu des hausses, notamment la viande ovine (30,3%), les fruits frais (28,7%), les légumes (5,66%), la viande de poulet (16,3%), les poissons frais (15,5%) et la viande bovine avec plus de 8%, selon les chiffres de l'ONS. L'Etat est le premier responsable de cette situation qui perdure. Le Ramadhan est aussi le mois de l'hécatombe routière. Des chauffards, au volant de machines de la mort, se comportent en criminels inconscients de leurs faits et gestes. Il n'y a pas que les conducteurs de véhicules légers qui n'ont aucun respect pour les usagers de la route. Les conducteurs de transport public et de poids lourds sont responsables de la majorité des accidents de la circulation qui ont coûté la vie à des centaines de personnes parfois à des familles entières. Ce qui est incompréhensible, c'est d'imposer à des véhicules de deux ans d'âge de procéder au contrôle technique et de laisser des camions et des bus circuler avec des pneumatiques complètement usés, des freins inefficaces et des moteurs aussi polluants que vétustes. Les victimes de la route se retrouvent souvent agglutinées au niveau des services d'urgences des hôpitaux où d'autres malades sont déjà acculés dans les couloirs, à même le sol dans l'espoir d'une prise en charge rapide. Pendant ce mois, l'insécurité urbaine n'a pas connu de répit. Des bandes de délinquants s'en prennent à des citoyens sans défense de jour comme de nuit. Le soir, les agressions se multiplient favorisées par les coupures d'électricité. Lorsque le Ramadhan coïncide avec la période des chaleurs, le service public est mis à nu et toutes ses tares se révèlent au grand jour. Les arguments de Sonelgaz pour justifier les délestages chroniques qui ont touché les deux tiers du territoire du pays, s'apparentent à une fuite en avant. La Sonelgaz a le monopole de la production et de la distribution de l'électricité et, à ce titre, a l'obligation de prendre en compte tous les paramètres sociologiques, techniques, climatiques pour éviter des situations qui menacent la sécurité et la stabilité. Les émeutes de «la lumière» risquent de mettre en péril l'ordre et la quiétude générale.
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