Algérie

Ramadhan : Les bienfaiteurs débordés



Ramadhan : Les bienfaiteurs débordés
L'extrême cherté de la vie aura jeté dans les rues une population de malfamés qui squattent sans discontinuer les lieux où l'action caritative leur offre quelques subsistances insatisfaisantes. Dès les premières lueurs du jour, sous une chaleur caniculaire, ce sont des centaines de femmes et d'hommes, parfois accompagnés d'enfants, dont certains en très bas âge, qui déambulent à vive allure dans les artères de la ville encore endolorie par une débauche nocturne d'énergie. C'est à travers des ruelles encore encombrées des fastes de la nuit que ces derniers se glissent avec une rare agilité entre les détritus laissés par ceux qui ont les moyens de s'offrir presque tout. Pendant que ces derniers sont encore, et pour de longues heures, dans les bras de Morphée, les démunis courent dans tous les sens à la recherche du moindre bout de pain ou d'un vulgaire légume qui pourra aider à concocter une soupe incertaine. C'est dans la proximité du marché de Aïn Sefra, là où la veille des marchands arrogants se seront difficilement débarrassés de quelques carottes rabougries ou d'un oignon en phase de putréfaction, que ces citoyens nécessiteux viennent chercher le moindre légume. Ici, ce sont surtout les tomates à la chair parfaitement entamée par des piqûres d'insectes et par des mouches voraces qui sont les plus recherchées.Même quand elles sont complètement flasques, elles servent encore à donner une couleur à une chorba approximative. Une fois les décharges complètement retournées, hommes et femmes entament alors la tournée des boulangers et des points de distribution que des bienfaiteurs alimentent quotidiennement en provisions de premières nécessités. En effet, outre les quelques associations caritatives qui préfèrent préparer des repas et les distribuer, il y a également ceux qui distribuent des denrées alimentaires, soit dans leurs locaux, soit en faisant appel à de petites associations de quartiers. Ce sont ces associations qui servent de relais à un opérateur bien connu sur la place et qui fait dans l'action caritative depuis au moins deux décennies.Nouvelle formuleDisposant de son propre réseau de distribution, dont les locaux attirent des milliers de citoyens, ce bienfaiteur aura également recours à des relais bien introduits dans les quartiers populeux où la misère côtoie sans vergogne la dépravation. Outre le panier du ramadan qu'il distribue dès l'entame du mois sacré, ce bienfaiteur offre chaque jour des quantités appréciables de pain qu'il achète chez de nombreux boulangers. Pour cette année, il adoptera une nouvelle formule qui ne manque pas d'originalité. En effet, à toutes les personnes qui se présentent pour emporter 5 baguettes de pains comme à l'accoutumée, il leur sera offert un melon ou une pastèque. L'idée au demeurant très originale, n'aura fait que des heureux. Les sinistrés qui sont très contents de repartir avec un dessert, alors que sur le marché, le prix des fruits indigènes ' pommes, pêches, poires, raisin et figues fraîches qui sont, saison oblige, disponibles en abondance- sont si élevés qu'ils en dissuadent même les personnes les mieux assurées. Il était donc attendu un fort enthousiasme de la part des nécessiteux vers ces points de distribution qui ne désemplissent pas de la journée.De son côté, l'action caritative institutionnelle continue de charrier des comportements qui sont loin de faire l'unanimité parmi la population concernée. A titre d'exemple, le croissant rouge algérien, qui dispose en principe de locaux et d'une aide conséquente de la part de l'Etat, ne parvient pas encore à relever le défi. Alors que les familles besogneuses se recrutent par centaines, voire par milliers, le croissant rouge algérien déclare sur les ondes de la radio locale offrir quotidiennement 250 repas qu'il prépare dans ses locaux de la pépinière. Une minuscule goutte d'eau dans ce cours d'indigence qui touche des couches de plus en plus larges de la société. Il reste le rôle de quelques associations, dont celle dépendant de la zaouïa Alaouia, qui parviennent à assurer un service tout à fait honorable. Malheureusement, ceux qui en profitent ne sont pas légion, et pour cause, l'indigence est partout. Sans une véritable et durable relance économique qui devrait stimuler le marché de l'emploi, l'action caritative ne peut sérieusement juguler la pauvreté.


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