Algérie

Ramadhan et flagrant délire Edito : les autres articles



En ces temps de canicule, il ne fait plus bon vivre à Tigzirt et ses environs. Des non- jeûneurs, en ont fait l'amère expérience suite à une révoltante dérive de la Gendarmerie nationale, qui n'a rien trouvé de mieux à faire qu'investir, vers midi, une cafétéria du village de Tifra, aux fins de «prendre sur le fait», le fameux flagrant délit, des «casseurs de Ramadhan». Plus grave encore, les agents du «darak» ont filmé les mis en cause et pris des photos sur les lieux du «forfait», érigeant ainsi le non-respect du Ramadhan, en un délit, voire un acte criminel !Il n'en fallait pas plus pour provoquer la colère des citoyens de la localité, qui ont tenu un sit-in pour protester contre de pareils comportements en violation des droits humains élémentaires. Comportements devenus récurrents, notamment depuis l'accalmie qu'a connue la lutte contre le terrorisme en Kabylie et dans laquelle la gendarmerie est mobilisée aux côtés de la police et de l'armée. Sans tomber dans l'excès qui consiste à opposer la réaction rapide et démesurée dans ce type de délit qui n'en est pas ' le non-respect du jeûne n'étant sanctionné par aucun texte de loi ' et le fait qu'un chef terroriste comme Droukdel est toujours en cavale dans la région, il faut néanmoins souligner qu'en agissant de la sorte, ce corps de sécurité risque de s'aliéner encore davantage la collaboration et l'appui de la population dont il a encore besoin contre le terrorisme et l'insécurité. De réduire à néant des initiatives louables comme celle qui consiste à mettre à la disposition des citoyens un numéro vert ou les appels à témoin et autres alertes lancés à travers les médias.
Les agissements de Tifra ne sont pas sans rappeler les comportements brutaux constatés singulièrement dans la «chasse aux couples», interpellations «musclées» et autres mauvais traitements, notamment dans les commissariats et brigades de gendarmerie, sans possibilité pour ceux qui les ont subis d'obtenir réparation. On a tous en mémoire le drame survenu dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala et la mort du jeune Massinissa qui ont été à l'origine des événements tragiques de Kabylie en 2001.
Pour les Ligues des droits de l'homme quand elles sont saisies, cela tourne à l'épreuve du pot de fer contre le pot de terre. Tout cela ne fait que renforcer davantage le sentiment d'impunité déjà assez répandu et la persistance des violations et autres atteintes à la personne. Une situation qu'affectionnent des régimes autoritaires, comme le nôtre, et qui n'a rien à voir avec un fonctionnement démocratique des institutions.


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