Algérie

Ramadhan et cultures vivrières, du savoir-faire, du savoir-vivre



Ramadhan et cultures vivrières, du savoir-faire, du savoir-vivre
Il s'agit de grands-mères aux idées ingénieuses qui ont su mettre en valeur leur lopin de terre et qui par leur culture populaire arrivaient à discuter sur tous les problèmes religieux, sociaux tant elle les comprenait bien.C'est des vieilles femmes qui font partie d'une catégorie de vieilles sachant travailler la terre pour cultiver toutes sortes de denrées maraîchère répondant aux besoins de la famille. C'est ce qu'on appelle l'agriculture vivrière. De plus, elles sont suffisamment intelligentes pour intéresser le public aussi bien par les connaissances d'ordre général que par la facilité de la parole, les histoires qu'elles rapportent en rapport avec la région.Des mains expertes en agriculture traditionnelleElles savent faire pousser toutes les variétés maraîchères : toutes sortes de courgettes et courges, oignons, tomates, haricots, salades. Mis à part les grands-mères qui ne sont jamais sorties de l'intérieur de leur foyer qui ont toujours vécu entre les marmites, les casseroles, les tadjines, les poèles, il y a celles qui arrivent toujours à se libérer de la cuisine pour se consacrer à l'art du jardinage sans négliger personne ;Très tôt, à la plus tendre enfance, elles ont appris à faire pousser les plantes potagères et souvent celles-ci arrivent à point nommé pendant le mois de ramadhan. Et lorsque tous les légumes sont là, toutes les recettes de cuisine sont possibles. On a l'embarras du choix. Pourtant, c'est une petite superficie de terre ; les uns la font fructifier et ne laissent pas un mètre carré non travaillé. Les autres abandonnent leur petite terre, par paresse, ou maladresse, ou négligence ; elles n'ont pas la culture de l'agriculture, ni l'éducation ou la force de travailler la terre pour la rendre productive.Heureusement que nous avons cette catégorie de vieilles qui ne peuvent pas rester inactives. Surtout, aux alentours d'un mois de ramadhan, elles piochent plusieurs fois pour rendre la terre molle, elles sèment, plantent et au bout de quelques mois qui précèdent le mois sacré, on trouve chez elles, toute une variété de couleurs et comme elles ont toujours arrosé, ça pousse très vite. C'est un plaisir que de voir fructifier son travail : là c'est la tomate dont les plants grimpants donnent à voir une prolifération de fruits qui mûrissent par étape, là c'est le piment piquant ou le poivron, c'est la même famille, plus loin c'est les haricots verts et tendres qui s'accommodent avec le riz.Lorsqu'on voit ce spectacle des couleurs, des idées de plats culinaires viennent, surtout avec des produits variés et frais. Il manquerait la viande pour la chorba. C'est pourquoi, on peut opter pour la tchekchouka pour la rupture du jeûne suivie d'un plat de couscous aux légumes frais. C'est succulent lorsqu'on intercale galette plus huile d'olive, avec de la salade fraîchement cueillie. On n'a que faire de la viande.Avec de la galette, de l'huile d'olive, des légumes on peut se passer de la viande. Avec les ingrédients frais, des légumes fraîchement cueillis, on peut opter aussi pour la tchekchouka à l'huile d'olive, c'est nourrissant et c'est léger pour l'estomac. Et pourquoi pas la berboucha. Que de plats traditionnels peuvent répondre aux besoins d'un ramadhan d'été comme celui de cette année.Férues de culture populaire et de sagesseIl s'agit de vieilles qui ont eu à fréquenter les lieux publics réservés exclusivement pour les femmes, comme les lieux sacrés et les fontaines publiques ; les propriétaires terriens n'embauchant que les femmes pour aider à rentrer une récolte. Le contact permanent aidant, elles ont appris à parler, à réagir, à se défendre à l'occasion. Imaginez d'autres vieilles qui, depuis leur jeune âge n'ont jamais osé mettre le nez dehors. Elles sont assises quand elles ne sont pas debout à surveiller le feu allumé de la cuisinière.Ce gendre de femmes n'ont pas l'habitude de communiquer avec d'autres. Au bout de 50 ans, 60 ans d'enfermement, elles n'ont pas appris à parler et en public. Ce qu'elles savaient à l'âge du mariage, elles l'ont oublié. Elles sont comparables aux hommes qui, à force de rester seuls, sont atteints d'une timidité maladive dont ils n'arrivent à se libérer.C'est le contraire des autres qui ont eu à répliquer pendant des décennies, à apprendre les proverbes, maximes légendes anciennes, anecdotes extravagantes, lorsqu'elles ont été capables de mémoriser tout ce qu'elles entendent. C'est ça qu'on appelle la culture populaire ou l'oralité qu'elles acquièrent même si elles n'ont jamais mis les pieds à l'école. Pendant des dizaines d'années d'échange, elles ont appris à communiquer oralement. Elles donnent et elles reçoivent chaque jour.Celles qui s'occupent du jardin au sens traditionnel du mot, c'est- à-dire un lopin de terre qu'elles s'occupent à planter, à défricher, à piocher, à arroser pour le faire fructifier. Quand l'une d'elles travaille, elle reçoit la visite d'une ou plusieurs vieilles. Elles se concertent sur la meilleure façon de semer, de greffer, de planter, de semer pour que le rendement soit meilleur. Pendant ce temps, elles se livrent à de véritables joutes oratoires. Elles se mesurent pour dire le meilleur exemple à suivre, le meilleur proverbe à employer, parce qu'il est en rapport avec l'agriculture.Lorsqu'elles abordent le domaine religieuxElles sont les mieux placées, par expérience pour dire le nom du mois qui précède ou suit le mois de ramadhan. Elles vous diront que le mois de ramadhan commence à telle date. Concernant les mois lunaires, elles savent quand ils commencent et quand ils se terminent et généralement là dessus elles ne font jamais d'erreur. Celles qui pratiquent, savent ce qu'il faut faire, pour prier, pour se rapprocher de Dieu, pour être propre et pour que chaque pratique de la prière, du jeûne, de la sadaqa, de la chahada aient le plus de chance d?être agréés par Dieu.On a tort de ne pas accorder d'importance à ce gendre de femmes, surtout lorsqu'elles imposent par leur niveau de connaissance, leur capacité à pouvoir discuter, et dans le respect du code admis et respecté par les connaisseurs. On a connu parmi elles, des éléments qui, arrivés à la perfection dans le langage, l'expression, elles composent elles-mêmes des histoires, reformulent des anecdotes, donnent des formes nouvelles. On a connu des écrivains qui ont eu à recopier, en les recueillant oralement auprès de leur aïeule, des chansons de dikr, des histoires de prophètes, des exemples de comportement face à des situations particulières. C'est un plaisir que de les entendre parler.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)