Algérie

Ramadhan en France : Le jeûne dans le confinement familial


L'autorité publique est sur le qui vive à quelques jours du ramadhan qui devrait débuter en France vendredi 24 avril. Les préfets des régions, à forte population musulmane, vont veiller à ce que le respect des décisions sanitaires soit effectif par les pratiquants.Depuis le siège du ministère de l'Intérieur, un cadre exprime sa confiance à notre confrère du Point : «Nous avons besoin des responsables locaux du culte pour sensibiliser au risque sanitaire, au niveau cultuel certes, mais aussi lors des rassemblements familiaux au moment de la rupture du jeûne.» Abdallah Zekri, délégué général du CFCM et président de l'Observatoire contre l'islamophobie ne fait pas injure aux musulmans d'avoir bien saisi les enjeux : «Ils ne dérogeront pas aux règles durant le ramadan.»
Il sait malgré tout qu'une minorité pourrait avoir envie de se retrouver de façon irrégulière dans des appartements ou des endroits divers dans certaines cités et même lotissements pour tenir des prières collectives ou des lectures du Coran. Ils se sentent renforcés par le fait que le préfet de police de Paris n'ait pas pris de mesures sévères contre une prière d'intégristes catholiques à l'église Saint-Nicolas du Chardonnet à Pâques.
Certains fondamentalistes musulmans, marginaux mais actifs pourraient aussi prendre appui sur l'affaire de l'appel à la prière lancé depuis le haut d'un minaret lyonnais à la fin mars, au nom de la solidarité entre les religions émis par les instances catholiques. «Comme on ne peut pas sonner les cloches, c'était un appel de solidarité avec le personnel soignant. Personne n'est venu prier ce jour-là, comme tous les autres jours d'ailleurs depuis le confinement», expliquait-on à Lyon.
L'extrême-droite avait crié au scandale, jouant la séparation sociale et la haine comme à son habitude. Les mosquées ne rouvriront pas le 11 mai La situation est en tout cas prise très au sérieux par les services de sécurité français qui anticipent toute bavure en cette période. Déjà, depuis le début du confinement, selon divers recoupements révélés par le Canard Enchaîné, la police se ferait conciliante dans certains quartiers pour éviter les heurts.
Cela n'a pas empêché qu'il y en ait eus, récemment, à Mantes-la jolie et à Grigny en banlieue parisienne. Autant de signes à surveiller pour le ramadhan, propice à quelques exaltations exacerbées par le climat confiné.
Il est d'ailleurs assez troublant que Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, lors d'une audition devant le Sénat ait pu dire au sujet des banlieues (selon la terminologie habituelle) : «Il y a un niveau de conscience assez élevé. Je ne veux pas laisser penser que les jeunes des quartiers seraient plus ?couillons' que la moyenne, ce n'est pas vrai.» Il s'est élevé en faux quant à l'idée que les quartiers déshérités puissent être rétifs aux règles du confinement.
Ne pouvant pas se mêler des préceptes religieux mais uniquement dans le souci que leur pratique ne pose aucun problème collectif, les préfets sont intervenus ou interviendront dans les départements auprès des associations musulmanes afin de rappeler la nécessité de respecter toutes les conditions de la distanciation sociale.
Les instances nationales et régionales du culte musulman n'ont pas attendu les demandes de l'Etat pour prodiguer par tous les réseaux possibles les recommandations particulières pour que le mois de ramadhan puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles, en famille.
Les mosquées ont été fermées en France avant que le gouvernement français n'entame les restrictions sanitaires le 10 mars dernier, ce qui empêche toute réunion religieuse après la rupture du jeûne. Les dangers potentiels d'un relâchement Dans le même mouvement, les instances n'ont cessé d'être en contact par visioconférence afin de faire le point, notamment la Grande mosquée de Paris et le Conseil français du culte musulman (CFCM).
Il s'agit d'y voir clair face aux contraintes inédites et aux dangers potentiels qu'un relâchement de la distanciation sociale pourrait entraîner pour les croyants. Les lieux de culte resteront en France comme ailleurs fermés jusqu'au 11 mai au moins. Après cette date évoquée par le président français, il est fort peu probable que les mosquées rouvrent dans un premier temps. Le ramadhan s'achèvera donc comme il a commencé, dans le confinement familial le plus restreint.
Cependant, diverses associations un peu partout en France se préparent à assurer la chorba pour les démunis. Là encore, les mesures de distanciation et les gestes barrières devront être respectés.


CFCM : Rien ne s'oppose au ramadhan
Dans son adresse aux musulmans de France, le CFCM estimait à la mi-mars que la pratique du jeûne n'est «pas affectée directement par le contexte de pandémie». L'instance rappelle «celles et ceux qui remplissent les conditions du jeûne et sont en mesure de l'observer, l'observeront comme d'habitude». «Celles et ceux qui ont une dérogation reconnue, comme la maladie, la vieillesse, la grossesse, l'allaitement ou le voyage, en seront exemptés suivant la réalité de leur situation».

Lyon
De notre correspondant Walid Mebarek
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