Algérie

Ramadhan en espagne : Entre grippe porcine et crise économique



Ramadhan en espagne : Entre grippe porcine et crise économique
Caractéristique de l'identité islamique, la pratique du jeûne du Ramadhan est en nette hausse en Espagne. L'augmentation sensible du nombre d' immigrés algériens, ces dix dernières années, inscrit de plus en plus ce mois dans l'imaginaire collectif des Espagnols. Mais cette année, la grippe A et la crise économique jouent les trouble-fêtes. Valencia (Espagne)De notre correspondant La grippe A(H1N1) s'immisce dans les célébrations du Ramadhan et la crise économique produit un effet dévastateur dans les ménages algériens en terre ibérique. Elles ont en effet conduit plusieurs autorités religieuses musulmanes, associations et autres organisations d'immigrés à inviter les Algériens à plus de prudence par rapport à la contamination par le virus H1N1 et à consommer moins pour faire face à la crise économique qui fait de l'Espagne l'un des pays les plus touchés en Europe. Les imams des mosquées ont appelé les fidèles à faire preuve de bon sens en rappelant que le Ramadhan n'est pas un mois de frénésie dans la consommation mais une période d'abstinence, de piété et de partage.Par ailleurs, les mariages mixtes, le travail et le voisinage sont les principaux facteurs de l'intérêt que portent de plus en plus les Espagnols à la pratique du jeûne. Paco Martinez est Espagnol et marié à une Algérienne, il s'est converti à l'Islam et découvre cette année son premier Ramadhan : « Je fais carême pour la première fois de ma vie, ce n'est pas plus mal, en plus j'ai expliqué à de nombreux parents et amis espagnols qui ne connaissaient rien de cette pratique, les principes de l'Islam et ce que c'est le Ramadhan. » Mis à part de graves problèmes de santé, rien ne pourrait détourner Farah, Dalila, Pilar ou Ernesto de leur attachement à ce pilier de l'Islam. « C'est une période propre à la prière, à la réflexion sur soi, sur sa vie », conclut Pilar l'Espagnole mariée à un jeune Algérois.Alors que ce Ramadhan 2009 s'annonce éprouvant, en période chaude et aux jours encore longs, la plupart des musulmans, même ceux qui ont des métiers pénibles, ne semblent pas le redouter. « J'habitais du côté de Chlef et là bas on avoisine les 45 degrés en été. La première fois que je l'ai fait, c'était par 46 degrés à l'ombre. C'est vous dire si j'ai l'habitude des grosses chaleurs ! » , s'enorgueillit Mustapha. K, 50 ans, maçon dans des chantiers de construction. « Le plus dur c'est la soif », poursuit cet homme marié, père de quatre enfants à Valencia. « Mais l'envie de boire finit par passer. » Du côté des quartiers de Valencia à forte présence arabe, principalement algérienne et marocaine, Ruzafa et Barona hument le Ramadhan à pleines narines. Plusieurs commerces proposent des produits hallal : boucheries, boulangeries, restaurants et cafés se convertissent en une foire aux merveilles de la gastronomie maghrébine. Quelques heures avant la rupture du jeûne, les Algériens flânent à travers les commerces pour acheter du pain traditionnel, du qalb el-louz ou de la zalabia de Boufarik. Le soir, les cafés tenus par les Algériens se remplissent rapidement et les gens s'arrachent les tables. Les parties de dominos et les jeux de cartes reprennent leur droit. Le thé à la menthe accompagne les petits plateaux de douceurs et l'ambiance est franchement à l'odeur du bled. Brouhaha, rires et « ya Moh, gazouza tchina ! » enveloppent l'atmosphère cordiale et amicale de ces soirées ramadhanesques.En vingt ans d'immigration, je n'ai jamais loupé le moindre jour de carême ! » Djamel B., 46 ans, a repris le jeûne sans plus de difficulté que les années passées. Né à Alger, arrivé en Espagne au début des années 1990, Djamel est commerçant. Comme lui, des dizaines de milliers de musulmans en Espagne ont commencé à jeûner, samedi 22 août, dès l'aube. Alors que la communauté musulmane d'Espagne est peu pratiquante pendant l'année (16 % vont régulièrement à la mosquée), le Ramadhan est suivi par plus de 90% des musulmans. « C'est un moyen de manifester son appartenance à la communauté musulmane, même si l'on n'est pas un habitué des mosquées » , constate le docteur Azzedine B. « El iftar (rupture du jeûne) ne se fait jamais seul, la dimension de partage est fondamentale », signale Houria Sehili, présidente de l'association des algériens de Valencia. Ce temps privilégié en famille et avec les amis permet de se tourner vers l'essentiel. « L'important, ces soirs-là, c'est de tous se retrouver autour de la table, parents, enfants, belle-famille' ensemble. C'est aussi le sens du Ramadhan. La tradition algérienne est gardée à la maison, chez soi, alors que dehors on partage la culture du pays d'accueil » ajoute Houria Sehili. De même, Djilali compte se rendre chaque soir à la mosquée pour la prière collective (taraouih), une heure et demie après le coucher du soleil. « Par-delà ces privations, le jeûne est un acte spirituel », insiste-t-il, durant cette période, il s'efforce de ne pas « faire le mal, penser le mal ou dire du mal d'autrui ». Ainsi s'égrènent les jours du mois de Ramadhan dans la capitale du Turia. Valencia semble s'accommoder des fortes chaleurs de cet été et les Algériens observent le jeûne avec un 'il sur leur état de santé et un autre sur leur porte-monnaie.


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