Algérie

Ramadhan difficile à Collo



Les poissons se cachent pour mourir ! La paupérisation ressentie en ce mois de Ramadhan est accentuée par la raréfication du poisson et la disparition de l?industrie du bois. Ce mois sacré de Ramadhan est vécu dans la ville de Collo comme l?un des plus difficiles de cette dernière décennie. Outre la flambée exceptionnelle des prix, qui a touché la quasi-totalité des denrées alimentaires de première nécessité, la ville est frappée de plein fouet par cette crise économique, jamais vécue auparavant. La mercuriale a atteint des cimes jamais égalées : la pomme de terre à 65 DA le kilo, les carottes à 60 DA, la salade verte à 70 DA, les haricots blancs à 140 DA ; le coût du f?tour est vraiment salé. Au souk quotidien, l?on ne se bouscule plus devant les boucheries et les vendeurs de z?labia. C?est vraiment l?indigence généralisée. El Marsa, qui faisait vivre les plus pauvres avec des milliers d?emplois directs et indirects, notamment les jeunes sans qualification, traverse une période des plus critiques, depuis que le poisson a curieusement déserté la côte colliote. Les marins pêcheurs, qui étaient considérés comme relativement aisés, font désormais partie de cette catégorie de familles nécessiteuses qui revendiquent le couffin de solidarité. Eh oui, le pêcheur, de nature généreuse, qui laissait les pauvres remplir leurs bidons de sardines afin d?assurer au moins une bouillabaisse, à chaque rentrée de pêche, se retrouve lui-même quémandeur de cette charité. Plusieurs activités analogues ont dû baisser le rideau, en attendant des jours meilleurs. Un autre créneau, qui faisait vivre des centaines de familles, a été, bon gré mal gré, poussé à l?arrêt, et ce en dépit de ses potentialités assez importantes pour s?imposer sur le marché prospère du bois en cette période de relance de l?habitat. En effet, l?ex-ENMGP, une usine de transformation du bois, a mué en MGC, avant de mettre la clé sous le paillasson, au grand dam des travailleurs qui ont durement lutté pour obtenir, enfin, leurs indemnités de licenciement. Le doyen des entreprises économiques Taleza lièges, ex-HPK, de cette région, ne survit que grâce à la farouche résistance de ses centaines de travailleurs, qui ont durement peiné pour faire face aux tentatives de privatisation. Jadis, la région de Collo regorgeait d?activités économiques, tels que les ateliers d?artisanat, qui jouaient un grand rôle dans la résorption du chômage, les petites entreprises familiales et autres de construction. Depuis, bien des choses ont changé, bien sûr dans ce sens où ces activités génératrices d?emplois ont été démantelées, et partant entraînant la chute de la vie économique locale. La montée du chômage est inquiétante dans cette région qui enregistre plus de 500 chômeurs universitaires. Les lignes de clivage sociales tendent à s?appesantir avec la montée du chômage, d?où la nécessité de tenir compte de ces aléas et d?en évaluer les conséquences. Sinon, le Ramadhan à Collo, comme la saison estivale d?ailleurs, est caractérisé par une léthargie culturelle, d?où l?appel à la direction de la culture afin de faire sortir la région de son carcan, et de l?ouvrir sur les autres villes de la wilaya. Côté solidarité, l?APC de Collo, qui n?arrive plus à subvenir à ses propres besoins, a bénéficié de 705 couffins de Ramadhan émanant de la wilaya, la DAS et Sonatrach. Avec un apport conséquent, de la part de bienfaiteurs, le restaurant ouvert assure 300 repas à emporter quotidiennement, et 50 autres repas chauds servis sur place. Au total, et selon des chiffres donnés par le P/APC de Collo par intérim, 3 600 repas à emporter ont été distribués aux nécessiteux durant la première semaine du mois sacré. Des pères de famille qui, d?habitude se font très discrets, ne se gênent plus pour afficher leur indigence, et de pointer quotidiennement devant la cantine scolaire. Une autre ère de misère qui arrive.


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