Qui l'aurait cru en début d'année' les Algériens retrouvent enfin les joies du Ramadhan. Après deux ans de «huis clos» dû à la pandémie de la Covid-19, ils peuvent enfin profiter d'un jeûne dans des conditions «normales». La situation épidémique étant plus que jamais dans le vert, les mesures «contraignantes» ont toutes été abandonnées. Les dernières en date sont celles liées à la distanciation pendant les prières des «Tarawihs», l'ouverture des espaces de prière pour les femmes et les salles d'ablutions. Les soirées ramadhanesques ont aussi fait leur grand retour. Que ce soit dans les petits cafés des quartiers, les grands lounge ou les salles de spectacles, comme l'Opéra d'Alger.Soirées animées
Des concerts et autres représentations culturelles y ont été programmés comme au bon vieux temps de «l'avant-corona». Avec zéro décès et moins de 10 cas depuis plusieurs jours, ce virus semble être un cauchemars, comme ce fut le cas des mois sacrés de la décennie noire. Le défi sanitaire est donc derrière nous. Le gouvernement doit donc faire face à ceux de l'heure, avec les problèmes socio-économiques qui risquent de gâcher le mois préféré des Algériens, eux qui ont déjà le moral à plat, après l'amère défaite de l'Equipe nationale de football face au Cameroun. Ainsi, le gouvernement devra, lui, «dompter» la «traditionnelle» flambée des prix. Lors de ses voeux, à l'occasion du mois de Ramadhan, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé les commerçants à la «clémence». «Soyez cléments envers les concitoyens et les concitoyennes, ne cédez pas à l'argent facile, au détriment de vos soeurs et frères», a-t-il soutenu lors de son message à la nation. Néanmoins, le chef de l'Etat ne s'est pas contenté que de simples «messages». Il y a de cela un mois, il a mis le gouvernement devant ses responsabilités en consacrant un Conseil des ministres aux préparatifs du Ramadhan. Des instructions claires ont été données aux membres de l'Exécutif. Ce dernier a mis en place un «plan de bataille» qui s'articule autour de la lutte contre la spéculation et l'ouverture de marchés de proximité.
L'expérience des marchés de la «Rahma» a été renouvelée, avec cette fois-ci un nombre beaucoup plus important que les années précédentes. 1 200 ont été ouverts à travers les 58 wilayas du pays. 160 points de vente (de viandes et de volaille) ont également été mis en place. Les viandes rouges et blanches y sont proposées à des prix abordables. 500 autres points de vente de lait et dérivés ont aussi été inaugurés pour le Ramadhan. Leur particularité est qu'ils sont gérés par les Etats et les entreprises publiques, ce qui leur permet d'échapper au monstre de la spéculation. Le but final est de stabiliser les prix en poussant les autres «commerçants» à suivre la tendance du marché. Mais pour réussir, il faudra qu'ils soient bien achalandés et de façon régulière. Or, c'est ce qui a fait défaut durant les années précédentes, ne permettant pas que la «Rahma» de ces marchés ait un impact sur le panier des citoyens. Cela va-t-il changer cette année' «Pour le moment, ces marchés semblent bien organisés, mais manquent encore un peu de produits», font remarquer les ménagères qui s'y sont rendues pour faire leurs emplettes. Les prochains jours nous renseigneront plus sur leur «efficacité», mais pour le moment, une chose est sûre, certains produits de large consommation connaissent de nouvelles «tensions». Il s'agit, notamment, de l'huile de table et de la semoule, qui commencent à manquer à certains endroits, alors qu'ils étaient de nouveau disponibles il y a quelques jours. Cela est-il lié à la ruée de ce week-end' Les Algériens ont pris d'assaut les commerces, afin d'y faire les courses du Ramadhan, «dévalisant» les supérettes et autres magasins d'alimentation générale. Il faudra donc attendre, pour voir «l'effet» des décisions gouvernementales sur les prix et la disponibilité des produits alimentaires. Ce n'est pas le cas pour le H2O!
L'eau coulera à flots
Le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique a promis que ce précieux liquide coulera à flots durant le mois sacré, le président Tebboune ayant décidé d'un programme supplémentaire durant ce mois de Ramadhan. Néanmoins, ce nouveau programme n'a pas encore été communiqué. Pis encore, les citoyens ont l'impression qu'ils ont eu moins d'eau que les semaines précédentes. Des quartiers, qui ont l'habitude d'être servis un jour sur deux, sont privés d'eau depuis plusieurs jours.
Et même quand c'est le cas, la pression est des plus faibles. Comme c'est le cas dans la commune de Rouiba, où l'agence locale de la Seaal ne prend pas en considération les plaintes des citoyens, refuse de venir effectuer des réparations et lorsqu'elle vient après dix-mille interventions, elle laisse la chaussée dans un état lamentable, ce qui a provoqué une colère noire chez les riverains. Pour dire là que le grand défi de l'eau n'est pas encore gagné et que la pluviométrie n'est pas la seule responsable.
L'incurie de certaines personnes dans les différents maillons de la chaîne font que des décisions présidentielles risquent de tomber à...l'eau!
Karim Hasni devra donc serrer quelques «vis» s'il veut relever son défi, surtout lorsqu'on se souvient que son prédécesseur avait été «remercié» après un Ramadhan catastrophique en matière de distribution d'eau potable, où il accusait sans cesse la «pression» sans l'avoir réglée.
Dans ce grand «souk», les gens nécessiteux font aussi partie des grands défis de l'Etat pour ce mois sacré. Avec l'érosion du pouvoir d'achat et les répercussions de deux ans de Covid-19, de nombreux Algériens se sont retrouvés sur la paille. L'Etat refuse de les oublier. Cela à travers le fameux programme du couffin du Ramadhan. Des milliers vont être distribués à travers les 1541 communes du pays. La société civile s'est également aussi mobilisée à l'image du Croissant-Rouge algérien qui a organisé une caravane au profit de 6000 familles. Les Scouts musulmans algériens (SMA) ont préparé, en prévision du mois sacré, 220000 colis alimentaires et ouvert 500 restaurants pour l'iftar. À cela il faut ajouter la légendaire solidarité des Algériens. Ils se sont rassemblés à travers les réseaux sociaux, afin d'organiser des campagnes pour venir en aide aux personnes en détresse, ce qui a permis à des centaines de familles d'aborder «Sidna Ramadhan» sous d'heureux auspices Les conditions d'un jeûne «serein» sont-elles donc réunies' Wait and see...
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Posté Le : 03/04/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid AIT SAID
Source : www.lexpressiondz.com