Algérie

Ramadhan à Biskra: Les dattes font défaut sur les étals



Ramadhan à Biskra:  Les dattes font défaut sur les étals




En attendant le début des récoltes au mois de septembre, les consommateurs peuvent se rabattre sur la variété dite M’naggar, mais là aussi les quantités sont insignifiantes.

Jamais comme cette année, les dattes n’auront fait autant défaut sur les marchés de Biskra. Les quelques revendeurs de ce produit tant prisé en ce mois de Ramadhan proposent bien de la Deglet nour en barquette ou en régime aux prix variant de 350 à 450 DA/kg mais celle-ci n’est pas d’une qualité irréprochable et visiblement les étals n’en débordent pas. Même les commerçants informels squattant les alentours du marché central de la ville lesquels avaient pour habitude d’investir le créneau tant il est porteur, se font remarquer cet été par leur absence.

«Un comble pour la capitale mondiale de la datte,», s’insurgent des consommateurs locaux ne pouvant satisfaire leur fringale.

Ces dattes seraient-elles victimes de leur succès ?

Apparemment, c’est le cas. Il faut savoir que depuis le lancement du PNDRA, des milliers de stipes ont été plantés à travers la wilaya de Biskra pour atteindre 4,2 millions d’unités dont 3,8 millions sont productifs.

Cette dynamique pour laquelle l’Etat a débloqué d’importants crédits a entraîné le développement des créneaux annexes à la production de dattes. Ainsi, les négociants, les conditionneurs et exportateurs, les unités d’exploitation des dérivés des dattes et des industriels voyant s’ouvrir devant eux des opportunités nouvelles de faire fructifier leurs entreprises, ont proliféré et «la demande en dattes a logiquement augmenté», selon le constat d’un cadre de la direction des services agricoles de Biskra. La saison écoulée, Biskra a produit 3,2 millions de quintaux de dattes dont 60% de Deglet nour. La prochaine entrée en production prévue des 0,4 million de palmiers-dattiers trouvera indubitablement preneurs. C’est l’avis de Mme Meziane, biologiste de formation et directrice d’Eco-datte Sarl, une société de transformation, de traitement et de conditionnement des dattes dont le siège social est à Biskra. Pour le moment, elle exporte des dattes entières conditionnées essentiellement vers l’Europe.

Employant 30 personnes à temps plein et des collaborateurs intermittents ayant pour mission de contrôler la sécurité, l’hygiène, la conformité des installations ainsi que l’amélioration des processus de fabrication et de réfléchir à de nouveaux produits issus des dattes «afin de relever le défi de pénétrer le marché international de l’agroalimentaire, des aliments du bétail et de la cosmétologie.», ambitionne notre interlocutrice. Tout en reconnaissant que le marché national de la datte souffre de l’absence de statistiques fiables, elle estime néanmoins que le futur est prometteur «pourvu que le secteur soit professionnalisé, confié à des cadres universitaires et débarrassé d’une certaine mentalité qui en freine le développement.», précise-t-elle avant d’ajouter que son entreprise à des besoins illimités en dattes de qualité moyenne et en déchets, y compris les noyaux, pour en faire une matière première de produits standards destinés aux industriels internationaux. Outre des innovations en matière de traitement, de présentation, d’emballage et de design de ses produits, cette société mène actuellement des ajustements techniques et normatifs pour bénéficier d’une certification ISO.

Ses chaînes de production roulent au ralenti du fait de l’épuisement des stocks de dattes. En attendant le début des récoltes au mois de septembre qui verra le marché inondé temporairement de dattes de toutes les variétés, les professionnels et les amateurs impatients peuvent se rabattre sur les premières poignées de M’naggar, variété de dattes précoces, succulentes baies formées d’une partie brune, molle, moelleuse et sucrée et d’une partie jaune croquante, juteuse et fibreuse qui ont fait leur apparition cette semaine. Toutefois, là aussi, leur quantité est carrément insignifiante et leur apparence peu ragoûtante. D’un petit gabarit, rabougries et plissées avec des couleurs pâlissantes dénotant d’une douteuse provenance, elles sont cédées à 500 DA/kg, ce qui est loin d’appâter le chaland.

Hafedh Moussaoui



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