Aboud, un septuagénaire de la ville de Rouached, dans la wilaya de Mila, "la" prend tendrement des deux mains, la tapote à la manière d'un médecin auscultant un malade, puis y plaque son oreille pour percevoir un hypothétique écho.L'objet du désir du vieil homme est une énorme pastèque bien verte. "Pour être certain qu'elle est bien mûre, la pastèque doit rendre un écho sourd et non pas vibrant, sinon posez-là et poursuivez votre chemin", explique le vieillard, sûr de sa "science", et qui refuse que le marchand ouvre la pastèque pour montrer qu'elle est mature. "Je sais qu'elle est bonne et sucrée, pas la peine de l'abîmer", dit-il en se saisissant de son portefeuille pour régler cet achat.
Cet agriculteur, averti pour avoir pendant de longues années cultivé ce fruit sur les berges d'Oued El Kebir et d'Oued N'dja est certain d'avoir acheté le fruit succulent qui agrémentera sa meïda du f'tour. Il vient d'acquérir la plus grosse pastèque d'un lot parvenu d'Annaba. A ceux qui le regardent, étonnés par son choix, il lance que malgré son poids, elle sera "succulente et fera plaisir à mes enfants et à mes petits-enfants".
Cheikh Aboud a son propre "rituel" de consommation de la pastèque. Il refuse catégoriquement, par exemple, de la mettre dans le réfrigérateur, préférant la plonger dans un bassin rempli d'eau, dans la cour de sa maison pour, assure-t-il, que le fruit acquiert "une fraîcheur naturelle et inoffensive".
A l'approche de l'appel à la prière du Maghreb, Mme Aboud, toujours alerte, prend soin de découper la pastèque en quartiers et c'est là que se révèle le bon choix de son mari avec la couleur rouge vif de la chair rafraîchissante du fruit dont l'autre moitié est laissée pour le jour suivant.
Au marché des fruits et légumes de Mila, des camions croulant sous leurs charges de pastèques acheminés d'Annaba, de Khenchela et de Jijel rivalisent pour s'attirer les faveurs des consommateurs miléviens dont beaucoup affirment que le melon d'eau (autre appellation de la pastèque) est leur "fruit préféré" en cette période d'été.
Pour Allaoua, un chef de famille de 40 ans, "le prix compétitif du fruit n'est pas sans compter dans cette préférence puisque l'on arrive à s'offrir pour 150 dinars un dessert délicieux et rafraîchissant et, ce qui ne gâte rien, en quantité suffisante pour toute la famille, le kilogramme de pastèque étant actuellement cédé entre 20 et 30 dinars".
Autre atout, la pastèque est le fruit désaltérant par excellence en ce temps de chaleur au regard de sa teneur en eau qui dépasse les 90 %. Les graines du Citrullus latanus (nom scientifique de la pastèque) seraient indiquées pour limiter la cholestérolémie, renforcer le c£ur et prévenir le cancer.
Certaines mères de famille de Mila utilisent aussi la pastèque pour préparer une délicieuse confiture. Une confiture que l'on accommode au citron et qui permet aux miléviens de garder à portée de main un peu de saveur d'été, durant toute l'année.
D'ici à l'arrivée des figues de Barbarie (El Hendi), l'autre fruit-vedette de Mila, la pastèque continue de trôner en reine sur la meïda des jeûneurs.
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Posté Le : 27/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : MILA
Source : www.aps.dz