Algérie

Raison Edito : les autres articles



Raison                                    Edito : les autres articles
La raison l'a finalement emporté sur la tentation du diable au Mali. Et il faut se féliciter de ce que les Maliens, qui se regardaient en chiens de faïence depuis des mois, se soient enfin mis d'accord sur la nécessité de s'asseoir à la même table et discuter sereinement de l'avenir de leur pays.
Le gouvernement provisoire, dirigé par le président Dioncounda Traoré, le mouvement islamiste Ançar Eddine et le MNLA ont décidé de se parler les yeux dans les yeux sans aucun préalable, sinon celui d'éviter à leur pays de se transformer en poudrière.
La conférence intermalienne, convoquée au pied levé la semaine prochaine à Bamako avec une feuille de route claire sur la transition démocratique, a de quoi rassurer les Maliens. Mais aussi les pays voisins, notamment l'Algérie qui partage une frontière longue de près de 1400 km et dont l'armée est sur le qui-vive depuis des mois.
Le risque de fuite des réfugiés, mais surtout du reflux des djihadistes vers le Sud algérien, est en effet immense si d'aventure l'intervention militaire étrangère venait à mal tourner.
Il aurait été stratégiquement aussi irresponsable que suicidaire de la part des responsables algériens de rejoindre le «front de la guerre» alors que les opérations étaient prévues à un jet de pierre de nos frontières. Bien que largement critiqués et désignés du doigt comme étant les empêcheurs de bombarder en «rond», les responsables algériens auront, tout compte fait, vu juste.
Ayant plaidé contre vents et marées pour la solution politique au Mali face à une formidable propagande politique et médiatique d'ici et d'ailleurs, l'Algérie aura eu finalement le dernier mot dans cette guerre froide.
A contrario, la France, qui a voulu jouer les cow-boys dans les sables mouvants du Mali en privilégiant l'intervention miliaire, a fini par rentrer dans les rangs' de la solution politique.
Le président Hollande, qui avait totalement exclu le dialogue entre Maliens avec sa fameuse réplique «discuter avec qui '», a mis tranquillement de l'eau dans son vin. C'est lui-même qui a appelé, samedi, le président malien pour lui demander «d'intensifier» le dialogue avec les «représentants des populations du Nord qui rejettent le terrorisme».
On aura compris qu'il est question du MNLA et d'Ançar Eddine, que Hollande n'a pas voulu citer au risque de se déjuger. Mais la participation de ces deux mouvements à la conférence de Bamako est indiscutablement une preuve de la mauvaise appréciation de Paris.
Le fait est que la position de l'Algérie est raillée par certains médias qui la trouvent «naïve», alors que d'autres l'interprètent carrément comme une alliance objective avec les terroristes.
Il faut bien admettre aujourd'hui, à la veille de cette décisive conférence intermalienne, que l'Algérie a été au bout de sa logique qui consistait à ramener Ançar Eddine à renoncer au terrorisme et, mieux encore, à s'inscrire dans une perspective politique sans condition.
Il appartient désormais aux différents acteurs politiques et sociaux du Mali de saisir cette formidable chance qui s'offre à eux pour remettre leur pays sur la bonne voie. Et désigner les vrais ennemis que sont AQMI et le Mujao.


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