Algérie

Raïna Raï déclenche une liesse «pop»



Le public était au rendez-vous au concert inaugural du Festival européen, se déroulant du 24 juin au 2 juillet 2021, dont c'est la 21e édition, jeudi soir au Théâtre national algérien, Alger. Ce spectacle n'était pas à rater pour rien au monde. Le grand groupe Raïna Raï était à l'affiche.Cet événement, baptisé «L'Algérie chante l'Europe», organisé sous les auspices de la Délégation de l'Union européenne en Algérie avec le concours efficient des instituts et services culturels des Etats membres, renoue avec sa fidèle et mélomane assistance.
Et ce, après une trêve forcée due à la crise sanitaire. Cette 21e édition se veut inédite. Parce que les artistes s'y produisant exclusivement, sont des Algériens reprenant des chansons issues du répertoire de la Vieille Europe et orchestrées avec une touche personnelle et présentant leurs ?uvres issues du riche et divers patrimoine algérien. Un festival, donc, placé sous le signe de l'amitié algéro-européenne.
«L'Europe est une terre de brassage et de partage. Depuis 21 ans, nous effectuons une interaction entre les artistes européens et algériens. C'est un projet commun. C'est une incarnation de notre devise : ''Unis dans la diversité''. Malgré la crise sanitaire, le Festival européen revient avec un nouveau format, un autre lieu?
Le Festival européen est une merveilleuse preuve d'amitié et de solidarité avec l'Algérie. Votre pays est très attachant, avec des personnes formidables que j'ai rencontrées. La culture lie les humains. Vive l'amitié. Vive l'amitié, vive la culture, vive l'Algérie !», déclarera John O'Rourke, ambassadeur et chef de la Délégation de l'Union européenne en Algérie.
Ils expriment leur avis : Blues crossroad, reggae-raï...
Avec Raïna Raï, comme il fallait s'y attendre, cela ne peut démarrer que sur les chapeaux de roues après un «warming». Le vieux routier, le leader et célèbre guitariste, Lotfi Attar, son batteur attitré Hachemi Djellouli, au chant et percussions avec Amine «Mimou» (ayant déjà précédemment fait partie de la formation Raïna Raï), Adam Kaddour, guitare rythmique, Fethi aux claviers, Nabil à la basse et un « sax » très brillant.
Et ils ont transformé le TNA en «opéra-rock». L'introduction est un moual electro et puis c'est le thème «Raï Chouikh» enchaînant sur «Oued Chouli», «ancêtres» du aloui de l'ONB, «Til Tayla», «Raïna Hak» commenté par Lotfi Attar: «Raina hak ou Raihoum hak, nous avons notre avis et les autres le leur (suivez mon regard). Il faut bien que chacun ait son raï. L'essentiel est de croire à son opinion.
C'est le vivre ensemble?». «Lala Fatima» avec une introduction très delta blues, «Goulou Mama», «Hakda» du reggae-raï. Même la Jamaïque s'invite au Festival européen, «Maandi Zhar», «Hakda» du reggae-raï, «Masralna», «Zabana» (hommage à Ahmed Zabana, un martyr, premier guillotiné par l'armée coloniale française), un titre écrit par le parolier Hamani Mohand Cherif et chanté, avant les Raïna Raï, par le maître du wahrani, Blaoui El Houari et comme le meilleur était à venir, et c'est l'incontournable «Ya Zina Diri Latey» interprétée et «rappelée» en bis repetita. Le TNA était le théâtre d'une «méga teuf». C'est devenu un danceflour. Ça déménage à tous les étages.
Lotfi Attar et sa formation en mettront plein la vue et bien sûr les oreilles avec reprises inédites. Une playlist comptant celle impressionnante de «Hey Joe» de Jimi Hendrix ? en fait l'auteur est Billy Roberts connu pour sa version initiale folk, acoustique- devenue «Djelloul» où Lotfi Attar s'emploie au chant avec un texte autre que celui initial.
La version de Lotfi Attar est une ballade, certes tueuse, mais pas assassine. Parce que le texte de «Hey Joe» relate l'histoire de triangle et d'adultère où l'époux trahi pourchasse sa femme, un pistolet à la main, vers le sud, au Mexique et l'abat.
Une triste histoire. «Hey Joe» rebaptisé «Djelloul» de Lotfi Attar est une version, il faut le souligner, psychédélique et pacifique. «Djelloul (Hey Joe), c'est plutôt doux et cool», commentera Lotfi Attar. Ainsi qu'une version, qui a fait «jazzer», de «Caravan» de Duke Ellington (la légende du jazz), «La Bohème» et «Hier encore» de Charles Aznavour chantées dans la langue de Molière par Lotfi Attar et l'indémodable «Satisfaction» des Rolling Stones de par une nouvelle mouture encore une fois psychédélique avec en appoint la grosse caisse. Jimi Hendrix et Duke Ellington sont américains et les Rolling Stones, britanniques (Brexit). Ce n'est pas l'Union européenne. Mais c'est son choix, leur playlist.
La langue ici est la musique, rock, raï, reggae, pop music? Le public, anciens et ceux de jeunes générations, des fans, ne pouvaient tenir en place, ils trépignent et ils se lâchent. Alors on danse, comme dirait Stromae.
«Le message est très bien passé»
Lors de la conférence de presse, après le concert, Lotfi Attar n'a pas manqué d'exprimer son enthousiasme : «Je suis content d'être ici à Alger et de participer au Festival européen. Le public d'Alger est connaisseur. Il a l'oreille fine. Le public était composé de jeunes et anciens. Cela veut dire que le message est très bien passé. Merci...».
En première partie, une belle performance du duo Fayçal Belattar, auteur, conteur et musicien, à la kora (la harpe africaine) et Ludmila Slaim au kanoun (la cithare orientale), a ouvert ce festival.
Ce troubadour, Fayçal Belattar, originaire de Constantine, a conté des histoires aux valeurs humaines. «Je fais partie de la nouvelle génération du renouveau de l'oralité. Je ne suis pas artiste. Je suis témoin de ce qui se passe dans le milieu ambiant actuel...».
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