Algérie

"Raids" ciblés des islamistes



le peuple qui refuse le diktat de l'intégrisme, doit s'exprimerLe citoyen n'acceptera pas que son pays replonge dans le chaos ni qu'il revienne une trentaine d'années en arrière. Et cette période- là, il s'en souvient bien. A l'époque, la chasse était faite aux artistes, aux intellectuels, aux scientifiques, aux démocrates, aux femmes...
Parce que c'est le lieu des créativités et de l'ouverture d'esprit, l'école est la cible d'interminables tentatives de déstabilisation par des islamo-conservateurs. Parce qu'elle est une arme redoutable, la nature même de l'Homme et qu'elleest tout ce qui reste quand on a tout oublié, la culture se trouve, elle aussi, au coeur de toutes les attaques des intégristes et fondamentalistes.
De tout temps, les islamo-conservateurs s'en sont pris à ces deux symboles des libertés: la liberté d'esprit, celle de la pensée et de l'expression. Aujourd'hui même les attaques contre l'école se poursuivent et après une grève tendancieuse qui n'avait comme unique objectif que la déposition de la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, voilà que des enseignants des sciences islamiques, auxquels se sont joints des enseignants de langue arabe et d'histoire- géographie, s'essayent à une nouvelle manoeuvre en accusant la première responsable du secteur d'avoir pris unilatéralement la décision de retirer la matière de l'Education islamique de l'examen du baccalauréat. Or, cela n'a jamais été annoncé par la tutelle pour la simple raison que le projet de réforme du baccalauréat attend toujours l'approbation du gouvernement.
Le bac sera certes réformé. Le nombre de jours des épreuves sera réduit. Des matières ne seront pas au programme des épreuves, mais l'évaluation continue de l'élève dans toutes les matières est incluse. Et la question est de savoir pourquoi une telle agitation alors que tout le monde sait pertinemment, l'enseignant en premier, que lorsqu'un élève est examiné de manière continue dans une matière dite, cela ne réduit en rien l'importance de cette science ou l'assiduité de l'élève. Les détracteurs traditionnels de la ministre ne semblent, décidément pas vouloir lâcher prise. Ces derniers avaient même, faut-il le rappeler, appelé les «hautes autorités du pays» à intervenir pour «dévoiler la vérité du complot» et à «réhabiliter l'école algérienne et de l'éloigner de toutes les formes de provocations et de manoeuvres qui peuvent la pousser vers de nouvelles tensions».
La ministre de l'Education est accusée de mener des réformes qui menacent les composantes de l'identité nationale. Et si hier les islamo-conservateurs avaient choisi la grève comme couverture pour mener leur «guerre» contre la ministre, il semble bien qu'ils ont opté aujourd'hui pour une nouvelle forme d'agitation à travers la Coordination des enseignants des sciences islamiques. Autant l'école qui a pour mission de préparer l'adulte de demain, est attaquée, autant l'est la culture, ce facteur rassembleur, d'ouverture d'esprit et de rapprochement, loin de l'extrémisme, l'obscurantisme et la division. Pour empêcher les citoyens de s'exprimer librement à travers des manifestations culturelles, les extrémistes annulent, depuis quelques mois déjà, festivals et galas dans plusieurs régions du pays.
Parfois avec des attroupements, d'autres fois par l'organisation d'une prière de rue collective. Des actions qui sont menées face au laxisme inexpliqué, étrange et inattendu de l'administration et de la tutelle. Il est à se demander donc pour quelle raison la réaction de l'Etat n'est-elle pas vive et ferme' Le citoyen n'acceptera pas que son pays replonge dans le chaos ni qu'il revienne une trentaine d'années en arrière. Et cette période-là, il s'en souvient bien.
A l'époque, la chasse était faite aux artistes, aux intellectuels, aux scientifiques, aux démocrates, aux femmes...Telle était la volonté des ennemis de la civilisation, de la culture, de la science, et de la démocratie. Faut-il rappeler qu'à l'époque les islamistes qui géraient les mairies avaient vidé les bibliothèques de quartiers de tous les livres de littérature, puis de tous les livres non religieux.
Les islamistes avaient par la suite interdit les spectacles de chant, de danse; ils avaient interdit dans de nombreuses villes les productions théâtrales. C'était ensuite la mise en exécution d'un véritable projet d'extermination des intellectuels. Un «génocide programmé». Des centaines d'Algériens ont trouvé la mort parce qu'ils ont eu le courage de dénoncer l'obscurantisme. Aujourd'hui, il n'est plus question de revivre ce drame et face à cette situation dont la gravité ne doit échapper à personne, face à toutes les menaces et intimidations, le peuple qui refuse le diktat de l'intégrisme, doit s'exprimer. Il doit refuser que les voix de la liberté soient bâillonnées.


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