La confrérie des Rahmanïa complète l’énumération des corporations issues des Khelouatïa ; on en connaît les règles générales et la formation.
Son fondateur, Si-Mahammed ben A’bderrahman-el-Guechtouli-el-Djerdjeri-el-Ahzari, né vers 1126-1133 de l’hégire (1715-1728 de J.-C.) à Aït-Smaïl, fut l’un des meilleurs élèves du cheikh El-Hafnaouï. Missionnaire éprouvé, apôtre convaincu, il parcourut le Soudan, une partie des Indes, le Hedjaz et la Turquie, propageant partout les doctrines de sou maître spirituel et essayant de faire du prosélytisme. Ou le voit revenir ensuite dans son pays natal, vers 1183 de l’hégire, précédé par sa réputation de saint, illustre par ses miracles, sa science ésotérique et les vertus mystérieuses qu’on attribuait aux disciples de l’école khelouatïa.
Ses prédications lui attirèrent la foule enthousiaste, et, bientôt, sa demeure d’Aït-Smaïl devint le siège d’une véritable agence de propagande, d’où les fidèles répandaient dans les tribus de la Kabylie, les éloges du maître spirituel que la Providence semblait leur avoir donné.
La ville d’Alger et les environs furent, à leur tour, visités par le cheikh A’bderrahman et, partout, ses doctrines et ses miracles soulevaient la masse en sa faveur, lui valaient de nouvelles marques de sympathie.
Ni la jalousie de la caste maraboutique, ni les fataoua des Eulama rendues à l’instigation du Gouvernement turc, qui voyait un danger dans cette puissance naissante, ne purent arrêter l’impulsion donnée, et les populations du Djurdjura firent du thaumaturge vivant qu’était A’bderrahman, leur saint national. La mort vint le surprendre l’an 1208 de l’hégire (1793-1794 de J.-C.), au moment où la confrérie à laquelle il avait donné son nom était en plein développement.
Cette mort donna lieu à des manifestations de la part des nombreux adeptes de Mahammed ben A’bderrahman ; ceux de la plaine se rendaient en pèlerinage dans les montagnes du Djurdjura et tout laissait à prévoir que le tombeau du Saint deviendrait le rendez-vous des populations belliqueuses de la Kabylie.
Les Turcs s’alarmèrent de cette situation et, dans le but de surveiller les khouan rahmanïa, ils firent enterrer leur patron au Hamma, après avoir fait substituer son corps primitivement inhumé à Aït-Smaïl.
On connaît le miracle qui s’en suivit et la légende des deux tombeaux qui valut à A’bderrahman le surnom d’Abou-Qobrin et à la confrérie deux zaouïa-mères : la première à Aït-Smaïl (Durdjura m.) et la seconde au Hamma, tout près d’Alger. Les adeptes rahmanïa pensent encore trouver dans ces deux établissements religieux, la dépouille mortelle de leur saint de prédilection.
Cependant, la zaouïa du Djurdjura a toujours été considérée comme la maîtrise principale de l’Ordre et les directeurs spirituels qui s’y sont succédé, ont été reconnus comme les dépositaires de la baraka de Sidi-A’bderrahmanbou- Qobrin, en même temps qu’ils étaient investis du titre de chefs suprêmes de la confrérie.
Posté Le : 23/09/2008
Posté par : hichem
Ecrit par : OCTAVE DEPONT et XAVIER COPPOLANI, LES CONFRÉRIES MUSULMANES. 1897.
Source : www.algerie-ancienne.com